Les 10 et 11 juin avait lieu le festival We Love Green 2017 au Bois de Vincennes : soleil, bonne humeur et bons sons étaient au rendez-vous !

Samedi 10 juin

Samedi 10 juin, début d’après-midi, le soleil est au beau fixe et le Bois de Vincennes s’est paré de ses plus belles couleurs pour accueillir les festivaliers. Rapide tour des lieux, il y a trois scènes musicales : Lalaland, La Clairière et la Prairie (de la plus petite à la plus grand). On repère rapidement l’emplacement dans des bars, on observe au loin les points d’eau et il y a des stands de nourriture à foison. Située près de l’entrée La Prairie est une grande qui fait face à la majorité du site. Pour Lalaland, les organisateurs ont fait le choix d’un chapiteau bordé à sa gauche par l’espace presse/vip et à sa droite par des stands. Enfin, au fond du site, la scène de la Clairière est à demi couverte par une toile bleue. Çà et là sont disposées des oeuvres et face à Lalaland est montée un tipi transparent qui servira tantôt pour le Think Thank tantôt de petite scène ( scène révélation Les Inrocks le samedi et scène Le Consulat, le dimanche).

FAIRE

Après cette visite express, le festival commence sur les chapeaux de roues pour la team Listen Up avec un enchaînement d’artistes du label Microqlima. Pour ouvrir la danse la joyeuse équipe de L’Impératrice partage tout leur groove et leur funk pour mettre en appétit les festivaliers. Totalement à l’aise sur scène de la Prairie, le sextuor est ostensiblement heureux d’être sur la grande scène et le font ressentir. Au même moment, alors qu’il fait de plus en plus chaud, l’ambiance est survoltée à Lalaland où se produit FAIRE. Seul moyen pour se rafraîchir: se mouiller ou se déshabiller ! Les trois garçons de FAIRE n’ont pas attendu bien longtemps pour choisir la seconde option. Plein d’énergie, plein de sueur et en caleçon, FAIRE lance une grande messe punk qui met en transe le public.

PARCELS

Après un petite bouffée d’air devant Parcels, on file vers la scène de la Prairie pour le phénomène R’n’B d’Atlanta, Abra. Cheveux blonds, top qui arrive au dessus du nombril et pantalon blanc, sur fond d’envolées vocales et de twerk, Abra vient rafraîchir le festival alors que le soleil cogne dur sur  le Bois de Vincenne. L’école scénique des États-Unis se fait tout de suite sentir et c’est un vrai show qui se déroule sous nos yeux. Il y a fort à parier qu’entendre Fruit ou encore Roses sublimés en live était une belle matière pour les festivaliers venus en masse pour voir Solange.

Solange

Encore secoués par Abra, on tente notre chance pour aller voir Agar Agar à Lalaland, mais rien n’y fait le chapiteau est bondé et il faut jouer des coudes pour les apercevoir. On se décide alors à se mettre en place pour voir le rappeur, Damso. Damso, grand par la taille et le talent, arrive sourire aux lèvres. Le punchliner belge est très à l’aise. Petite phrase : « Il y a des boules bio ? » Rire général, l’assistance est conquise, il n’a plus qu’à dérouler. Ce qu’il fera avec une facilité déconcertante, même si c’est un peu le service minimum. Heureusement, il met tout son énergie dans Macarena qui est définitivement le tube de son album.

Flying Lotus

La nuit tombée, c’est du côté de la Clairière que notre attention se porte. Caché derrière un grand écran, Flying Lotus qui a toujours aimé brouillé les pistes, notamment avec son projet Captain Murphy lance un live oscillant entre le hip-hop, la trap et l’électro. Éclectique et plein de basses super lourdes le live de Flying Lotus ouvre un boulevard électronique pour des artistes comme Dj Koze ou Justice.

Justice

À l’heure où le festival entame sa dernière ligne droite pour le samedi, il faut faire un choix entre le duo le plus en vue de la scène électronique française (Justice) et l’un des papes de l’electro-minimal allemande (Dj Koze). Finalement, c’est devant le set du fondateur de Pampa Records et remixeur de génie, Stefan Kozalla aka Dj Koze, que l’on rentre dans le fort de la nuit avec la partie électronique We Love Green. Comme toujours, on ne sait jamais à quoi s’attendre avec lui tant sa pratique de la production et de remix est éloigné de ses prestations derrière les platines. Et une fois n’est pas coutume, il a encore une fois brouillé les pistes en embarquant son auditoire dans un voyage électronique imprévisible.

Dimanche 11 juin

La deuxième et dernière journée du festival placée sous le signe de l’amour et de la fête s’ouvre pour nous avec Frànçois and The Atlas Moutains. Après une tournée commencée au printemps, le live du groupe est rodé et la synergie qui s’en dégage fait plaisir à voir. François Marry mène la danse la troupe en sautant, chantant, riant et en jouant de la guitare.

On quitte le petit nuage de Frànçois and The Atlas Mountains pour l’interlude enchanté du festival. Seu Jorge, seul, guitare à la main bonnet rouge vissé sur la tête reprend les plus grands tubes de David Bowie en portugais brésilien. Le son de la guitare envahit la clairière et tout n’est plus que douceur. La version anglaise de Space Oddity scandée par la foule se superpose à celle en portugais sous le regard amusé de Seu Jorge. Entre chaque morceau, il salue, remercie et le tout en français, la grande classe.

Entre tendresse et nostalgie, le brésilien nous met dans le parfait état d’esprit pour la pop du couple le plus célèbre de la musique africaine. On peut sans conteste dire que Amadou et Mariam sont les chouchous de ce We Love Green. Intergénérationnels, bienveillants et plein d’amour, ils font danser petits et grands sur leur nouveau hit Bofou Safou, s’étreindre la foule sur Sabali puis redanser sur Beaux Dimanches et La Réalité.

Perfume Genius

Sans transition et dans un tout autre style, Perfume Genius envoûte la clairière avec son costume tout droit sorti de la fashion week et aux influences queer. Perfume Genius se contorsionne et pousse sa voix jusqu’à l’excès, ça surprend, mais ça fonctionne et ça fait du bien. L’association de sa voix si particulière et des compositions électroniques ajoute à l’émotion qu’il dégage. On pouvait rêver mieux pour se préparer à Camille.

CAMILLE

Une semaine après la sortie de OUÏ son dernier album après une pause de 4 ans, Camille venait présenter son album au public parisien. Accompagné de ses choristes et de ses musiciens, c’est un camaïeu de bleu qui nous accueille. De la musique à la danse tout gravite autour de Camille qui lance la plupart de ses morceaux par des vocalises ou des répétitions de syllabes. Ses nouveaux morceaux (Lasso, Fontaine de lait,…) s’entrecroisent avec ses plus grands tubes (Allez allez allez, Ta douleur). Dans ses ambiances très tribales, Camille danse en cercle avec choristes pendant que ses musiciens en tunique couleur lapis lazuli donne le rythme.
Tout étourdi par la musique incantatrice et tribale de Camille, on court vers la Clairière pour aller voir un poids lourd de la scène hip hop US. Action Bronson, très attendu à We Love Green, tant pour l’artiste que pour le phénomène culinaire ne nous a pas déçu. À chaque nouveau titre, il devient un peu plus euphorique. Milieu de concert, Action Bronson est déchaîné et finit par arracher son t-shirt affichant fièrement son ventre à l’assemblée. Détrempé, Action Bronson et sa voix étouffée déversent les lyrics sur un public surchauffé.

 

On quitte la côte est pour la côte ouest pour le multi-instrumentiste, Anderson .Paak. Après la défection de A Tribe Called Quest, Anderson .Paak accompagné de The Free Nationals était très certainement l’un des concerts les plus attendus du festival. Arrivée tonitruante sur la grande scène en complet rayé noir et blanc pour le performeur qui n’a pas mis très longtemps pas à mettre tout le monde d’accord. Aussi fort au chant qu’à la batterie, le californien envoie pour le plus grand plaisir de la foule surexcitée. Très rapidement, il tombe la veste pour exécuter des tricks avec ses baguettes. Tantôt meneur de troupes, tantôt soliste, il finira par atteindre le climax en transportant We Love Green sur la côte ouest des États-Unis avec Am I Wrong.

Anderson Paak

Alors que Anderson .Paak fait teinter pour les dernières fois du festival ses charlestons, un autre événement musical de la journée se déroule, le live de Nicolas Jaar débute. Voir Nicolas Jaar en live est toujours un grand moment pour ses fans et les audiophiles. Pourquoi ? Parce que pour Jaar, le son est un matériau brut qu’il ne cesse sculpter à chacune de ses apparitions. Tout le monde y trouve son compte, les aficionados de la composition sont attentifs à chaque son, chaque silence, chaque transition, tandis que le clubbers se déhanchent ou marque le rythme en dodelinant de la tête.

Moderat

C’est dans cette atmosphère onirique qu’on prend l’avant-dernier concert du festival en cours de route. We Love Green touche à sa fin et Moderat baisse le rideau avec la matière. La réunion de Modeselektor et d’Apparat avait préparé un show millimétré. En arrière-plan des visuels et animations signés du studio berlinois Pfadfinderei, qui signe les artworks des pochettes, nous transporte dans leur univers. Ce live nous subjugue tant la voix d’Apparat est magnétique et les visuels hypnotiques de quoi nous laisser avec des sons pleins les oreilles et de belles images plein la tête.