Redour à Dour pour Listen Up! Deux jours de belgitude qui font du bien, entre groupes transfrontaliers et communion musicale. Parce que Dour, c’est vraiment l’amour.

Chaque année, mi-juillet, c’est la même affirmation : « trop vieux pour Dour, c’est ma dernière année ». Et douze mois plus tard, nous revoilà ! Il faut l’avouer, Dour est une récréation, une parenthèse de belgitude qui ressource autant qu’une semaine de cure en spa. Etonnant, mais pourtant : le corps y est tout autant sollicité, l’esprit relâché… Dour est hédoniste, Dour est généreux, Dour fait du bien. Si l’on a eu peur du tournant techno pris l’année dernière avec le développement d’une scène Red Bull digne de Tomorrow Land, encore plus gigantesque, nous nous sommes laissés guider cette année par un line up aux petits oignons. Peut-être trop, à en juger la densité de festivaliers le samedi soir (55 000). Mais plus on est de fous, plus on rit, non ?

Loin de la folie démesurée de la scène Red Bull, le Labo était the place to be pour constater le niveau d’amour atteint. Il est près de 15h vendredi et la scène la plus isolée du festival est quasiment pleine. Le moment peut surprendre mais il est d’une logique mathématique. Après un EP salué de partout et une tournée de premières parties remportée haut la main, Teme Tan a démarré un feu que l’on ne peut éteindre. S’il est seul sur le plateau, le belge est plusieurs dans sa tête. Lorsqu’il ne frappe pas ses synthés, il danse ensuite avec son ukulele, « Ca fait plaisir de revenir chez soi et d’avoir autant de monde » confie Teme Tan avant de partir, contrainte horaire oblige. Pourtant, les lève-tôt présents aimeraient le retenir pour danser encore et encore. Mais « ça va pas la tête » ?!

francois

 

Même heure, le lendemain. On passe la frontière sans vraiment franchir la douane. Frànçois & the Atlas Mountains ont enregistré leur dernier album, Le Grand Dérèglement, à Bruxelles et cela s’entend… et se voit ! La famille Atlas Mountains vit sa plus belle année, et se lance tout naturellement dans des chorégraphies enjouées qui font oublier la grisaille belge qui attend les spectateurs hors du chapiteau. Après un chant d’appel presque mystique, le groupe se lance dans une version allongée et irrésistible de Les Plus Beaux. Un titre qui colle à la peau de Frànçois Marry depuis quelques années maintenant, et à celle des festivaliers chaque deuxième week-end de juillet.

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Si Frànçois & the Atlas Mountains a transformé le Labo en une savane d’amour et de tendresse, celle-ci était beaucoup plus sauvage pour le retour de The Kills vendredi soir. Une heure de set passée en un éclair foudroyant. Alison Mosshart n’a jamais été aussi épanouie que sur cette tournée anniversaire de 15 ans de carrière. Alternant regards doux pour son compère James Hince et convulsions terriblement sexy, elle leade un set totalement assumé, loin des déhanchements dandy des premiers albums. Son équivalent masculin saigne les guitares les unes après les autres sous les yeux ébahis des premiers rangs. Une classe sans précédent !

 

phoenix

Dans un registre beaucoup plus retenu mais pourtant aussi ravageur, Phoenix rassure après des années de latence. Si l’album est une bombe pop à retardement, le live ravage sans attendre et nous pousse à prendre nos places pour la grande date parisienne, à Bercy en septembre. Une heure plus tard, sur un Ti Amo Extended, Thomas Mars, en chemisette à fleurs, part affronter une fosse aux lions, sur fond du fameux cri du festival, « doureeeuh ». La ville de Dour s’est transformée en arène, les jeux sont faits, rien ne va plus. Après plusieurs tentatives, le mari de Sofia Coppola finit une Jupiler à la main, marchant sur une foule en furie. Un beau moment que nous n’avions pas vu sur la grande scène depuis le set de Pulp en 2011.

Dans notre élan d’amour sans limite, finissons avec une liste de ce qui nous réjouit le plus chez le festival le plus belge du monde : le speaker Jacques de Pierpont aka Pompon, la diversité des publics, sauter sur les planches à moitié pourries des cinq chapiteaux, le bar du petit bois (élu bar le plus cool de festival depuis quatre ans). Sans oublier des moments uniques, cette année des milliers de festivaliers ivres, reprenant en chœur She’s Maniac pendant le rappel de Carpenter Brut. La belgitude version cool, sans gêne et sans limite. A l’année prochaine, Dour !

photos : Maxime Glorieux