Pete the Monkey, c’était déjà il y a presque 2 mois, lors du week-end prolongé du 14 juillet.  Les rédacteurs de Listen up ont eu la chance de faire partie des privilégiés qui étaient de la partie cette année et comme il vaut mieux tard que jamais, on vous raconte !

Il faut se lever de bonne heure pour pouvoir acheter ses places pour cet événement tant il est devenu incontournable pour les fans de découvertes et de festivals à taille humaine dans un cadre idyllique. Niché au bord d’une plage de Haute-Normandie, Pete the Monkey fêtait cette année sa 6ème édition. L’origine de ce festival se trouve loin des côtes normandes puisque son fondateur Louis Dumas (également programmateur du Pop-up du Label) l’a créé suite à un voyage en Bolivie, pour collecter des fonds afin d’aider les animaux victimes de la déforestation dans la région. Une noble cause servie par une organisation aux petits oignons et à une programmation audacieuse qui fait la part belle aux jeunes talents de l’hexagone et d’ailleurs !

© Emilia Da Silva

Concernant l’organisation et l’atmosphère du festival, chapeau bas aux organisateurs, on a eu beau chercher la petite bête, nous n’avons pas trouvé une seule ombre au tableau. La localisation est tout simplement idéale, à proximité immédiate de la plage, ce qui permettait aux festivaliers de s’offrir une baignade vivifiante (les eaux normandes ne sont pas connues pour être les plus chaudes) ou une promenade requinquante, des alliés de poids pour soigner sa gueule de bois ou son manque de sommeil avant d’aller voir les concerts. Quant à l’ambiance générale, la scénographie, les activités (mention spéciale au “Naked Sauna” qui a permis de tisser des liens forts et intimes en un rien de temps ) et les performances des circassiens nous ont tous transportés dans un ailleurs surréaliste où tout le monde se sentait bien. La fièvre de l’amour s’est abattue pendant 3 jours à Saint-Aubin, et on aurait bien prolongé le voyage un peu plus longtemps.

© Emilia Da Silva

Côté musique, Pete the Monkey n’est pas en reste non plus avec une programmation défricheuse et éclectique comme on en voit rarement. Agar Agar, Fishbach, Etienne de Crécy, l’Impératrice, Isaac Delusion ont répondu présent à l’invitation ainsi que de nombreux artistes émergents qui y ont fait toutes leurs preuves. Coup de projecteur sur nos 5 coups de coeur:

Futuro Pelo

Quelle énergie! Benjamin Sportès, Le binôme du feu Sporto Kantes, qui a lancé son projet solo il y a sept mois et sorti son premier EP chez Pain surprise il y en a trois, a toujours l’aura d’antan, porté par des titres plus dansants qu’à l’époque. Jouant sur la petite scène en fin d’après-midi, Futuro Pelo a été le pivot de ce troisième et dernier jour en terme d’ambiance. Le titre ‘BLUFF’ a su faire son petit effet et faire danser les personnes encore présentes. Concert intimiste, une bonne partie du public découvre avec beaucoup d’intérêt ce projet ayant une identité musicale et visuelle bien à lui.

Le fin de concert se rapproche et arrive alors le dernier titre. A ce moment-là, Benjamin Sportès fait un hommage à Louis, organisateur en chef du festival, avec un des titres mythiques de Sporto Kantes, ‘Whistle’, mettant les derniers restés pour la fin du concert presqu’en trans. Une très belle surprise pour les fans du groupe qui ne pensaient ne plus jamais voir l’un des morceaux du groupe en live.

 

Songhoy Blues

Dernier concert du premier jour, le groupe Malien a fait monter la température le temps d’un concert de plus d’une heure où le groupe a interprété son dernier album politique « Résistance », mais également certains des titres du précédent. Débordant d’une joie folle de jouer sur scène, Songhoy Blues a fait le show avec sa fougue et son engagement qui le qualifie tant. Le rock Songhaï de ce groupe originaire de Timbuktu n’a pas perdu de sa superbe bien au contraire.

Quand arrive le titre ‘Sahara’, on sent une ferveur particulière au sein du groupe. Tout d’abord parce que ce morceau est en anglais et a été réalisé en collaboration avec Iggy Pop (rien que ça), mais également parce que le groupe a dû le quitter pour échapper aux djihadistes qui contrôlent encore la région où ils sont nés. Les guitares explosives de Garba Touré et le charisme d’Aliou Touré ont conquis le public. Le concert se termine avec la frustration des concerts qui se sont terminés trop tôt mais avec de la musique plein les oreilles. Le groupe aura marqué les esprits à Pete The Monkey car beaucoup en parleront tout au long du festival.

Villejuif Underground

Ce n’est peut-être pas le troisième meilleur concert du festival, mais en tout cas cela a été une très belle découverte pour nous et c’est assez rare pour en parler. L’écoute de certains titres du groupe nous avait plu sans nous transcender. Une belle erreur réparée en assistant à son concert au Pete The Monkey. Complètement déluré, le chanteur Nathan Roche venant d’Australie mais ayant un look d’anglais des 60’s débarque sur scène avec ses trois Villejuifois qui composent le groupe.

Sa voix à la Lou Reed, accompagnée d’instru tantôt rock garage, tantôt rock psyché et lofi, proposent un mélange des plus sympathiques et étrangement, innovant.

Pas le dernier à faire des blagues, Nathan Roche se la joue One Man Show tout au long du live. Aux trois quarts de son concert, il saute de la scène et se balade alors dans le public pour danser ou encore porter des enfants pendant qu’il chante.

Pour clore le spectacle comme il le faut, il décide alors de passer un grillage haut de de 3m, qu’il passe, avec un peu de difficulté en y laissant une trace indélébile de son passage : un trou. Signé chez Born Bad Records, le groupe donne un bol d’air frais à cette scène rock indé et libre, comme on l’aime. Victime de son succès, Villejuif Underground ont joué d’ailleurs à Rock en Seine.

Niki Niki

Le premier disque éponyme de Niki Niki est sorti fin 2016 et contient 6 morceaux aboutis livrant une pop synthétique singulière et mélodieuse qui avait suscité tout notre enthousiasme. Nous sommes donc allés voir si le groupe transforme l’essai sur scène. La réponse est un oui franc et les trois membres du groupe ont inauguré la journée du vendredi sous les meilleurs auspices, avec une performance tout en douceur et allégresse sur la petite scène.

Ce qui nous frappe dès le début, c’est que ce groupe émergent encore inconnu du grand public a tout d’une formation mature : professionnalisme,  aisance sur scène, aucune fausse note (que ce soit émanant de la jolie voix de la chanteuse, des cordes ou du piano) et une cohérence tout au long du concert.

Tout de costumes vêtus, les trois membres du groupe arborent un style dandy soigné, dont les formes amples de leurs vêtement se découpent sur la scène. La générosité est le second mot qui nous vient pour caractériser ce concert car si l’alchimie est indéniable entre les trois membres du groupe, elle a également opéré avec le public qui au fil de l’eau est devenu leur complice, illustré par de nombreux sourires partagés.

Un très joli moment suspendu dans le temps, où la voix douce de la chanteuse mêlée à des mélodies aériennes et électroniques qui rappellent The XX, nous a transporté dans un cocon de bien-être et de bonheur.

 

Palmbomen II

A la découverte de la programmation de Pete the Monkey, nous avons été très agréablement surpris d’y voir le nom de Palmbomen II, qui n’est autre que la face B de Palmbomen, un producteur de musique électronique hollandais et un secret encore bien gardé dans le paysage musical.  Si son nom ne vous semble pas familier, il y a de grandes chances que vous ayez déjà dansé sur son titre ‘Leo/Mirjam’ réalisé en collaboration avec Betonkust et devenu un incontournable des dancefloors parisiens cette année. La musique de Palbomen II s’inspire des pionniers de la house des années 80 comme Jamal Moss et Larry Heard mais il y instille une dose de rythmes afro et des influences lo-fi qui la rend très singulière et addictive.

Pas de chance pour le jeune producteur qui commence son set alors que la magistrale Fishbach achève sa performance et magnétise le public sur la grande scène. Rares seront les curieux qui délaissèrent la belle pour donner sa chance au jeune hollandais. Le début de son set fut donc intimiste mais le public était très réceptif. Dès la fin du concert de Fishbach, la foule s’est densifiée et chaque nouvelle personne qui rejoignait le public adhérait immédiatement à sa musique. Concentré mais très ouvert au public, il nous a offert un voyage qui a commencé tout en douceur, pour terminer sur des rythmes rapides et envoûtants. Un live de haute volée qui confirme nos intuitions que l’artiste ira loin !

Le rendez-vous est déjà pris pour la soirée de retrouvailles qui aura lieu mercredi 13 septembre à la Banana Boat Party, la croisière de Pete The Monkey. Pour ceux qui n’ont pas pu venir au festival cette année, ne ratez pas cette  session de rattrapage! Les places sont à prendre ici et attention, elles risquent de partir vite !

 

par Mickael Burlot et Jessica Laik