Le meilleur pour la fin ? Alors que certains avaient déjà bouclé leur top concerts annuel, Idles ont pris le public parisien par surprise dans un Point Ephémère archi complet.

Il est des concerts qui marquent une année au fer brulant. Celui de Idles au Point Ephémère en fait partie. En clôturant leur première tournée européenne dans leur ville préférée, selon les dires du leader Joe Talbot, Idles ont provoqué une vague d’amour punk qui a grandi depuis le concert explosif donné lors de la dernière collection été de la Route du Rock. Ce soir là, la petite scène du Fort de Saint Père était beaucoup trop étroite pour la révélation de cette édition 2017.

Quatre mois plus tard, le quintet le plus fou de l’année remet le couvert, et ouvre sur une reprise a cappella et hilarante de All I Want for Christmas is You de Mariah Carey. Petit par la taille mais grand par la rage, Joe Talbot salue d’entrée chacun des membres du groupe, tout de blanc vêtus. C’est donc une équipe sportive qui monte sur la scène du Point Ephémère. Mark Bowen, guitariste à moustache et culotte longue, joue avec la gravité tout au long du set, porté par la foule, guitare en l’air, ou sur les frêles épaules du leader. Avant d’assurer ses parties de guitare au milieu des pogos, il se faufile en bout de salle pour saluer son ingénieur du son. Il finira le concert avec le second guitariste, tous les deux portés à bout de bras fatigués par le public, qui aura ensuite pour mission de ramener les deux guitares sur scène, intactes.

Idles au Point Ephemère

photo : Maxime Glorieux

Ce soir, le set est composé majoritairement de l’album Brutalism, une collection de tubes punk intelligents et qui subliment la classe moyenne anglaise. Idles est un groupe entier qui porte de nombreux espoirs de relève, dans une Angleterre au bord de l’asphyxie. Quand ils se payent Oasis en singeant leur Wonderwall, plusieurs majeurs se lèvent dans la fosse. Idles enterre une bonne fois pour toutes la britpop et dépoussière le patrimoine musical anglo-saxon en lui redonnant ses lettres de noblesse.

Si dehors les nez coulent, à l’intérieur, ce sont les murs et le plafond. Les premiers rangs, transformés en trampoline, font voler les bières, qui rebondissent sur les lumières et le rétro-projecteur de la salle du Point Ephémère.  « Le bar est au fond, si certains d’entre vous ont encore soif » lance Joe Talbot entre deux titres, après s’être versé une bière sur la tête. Chaque canette qu’il ouvre finit dans les mains du public, qui en redemande, assoiffé. Le leader montre une générosité épatante, qui contraste avec une attitude radicale. « Nous sommes Idles, vous êtes beaux » avant de sortir de scène.

Au bout d’une heure et quart de concert, les lumières se rallument. « Nous ne faisons pas de rappel, nous ne sommes pas Coldplay » avait-il prévenu. A la sortie, les dizaines de chanceux présents s’échangent des regards qui veulent dire « on y était ! ». Les mots viennent difficilement, les corps ont parlé. Vivement le Trabendo le 20 avril prochain !