Le week-end du 29, 30 juin et 1er juillet, la riviera normande accueille 2 scènes, plus d’une vingtaine d’artistes et des centaines de festivaliers pour trois jours de sélection musicale. Retour sur l’édition 2018 de Cabourg, Mon Amour: sous les beat, la plage!

JOUR 1

Le soleil tape encore sur la scène de la plage quand Lewis Ofman fait son entrée. Costard 90’s, regard azur: « Lui, dans quelques années, il remplira des Zenith » chuchote t’on dans la foule. L’adorable ouvre ce festival, les pieds dans le sable, les sonorités de l’été résonnent. Le synthé se pose sur sa douceur, les coeurs sont séduits: Lewis se fond à merveille dans le paysage. Milena entame timidement ses morceaux, se trompe un peu, « tu sais, c’est pas facile ». Peu importe, tout passe en cette fin d’après-midi. 

Pour beaucoup, c’est une première fois ce Lewis Ofman sur scène; le vert de son t-shirt devient rapidement la couleur de l’amour. C’est tout groggy de ce joli moment que l’on fonce vers la scène de la dune pour un changement d’ambiance. 

Pour changer, ça change: Caballero & Jeanjass débarquent comme à la maison, délire entre potes avec juste quelques centaines de personnes en plus face à eux. Alors non, clairement, y’a pas d’clones de ces deux-là. Poignets en l’air, chaloupe au soleil, un peu de rap fait du bien. Même sans Roméo Elvis, « Bruxelles arrive » fait toujours son effet. Bon, du coup c’est l’heure de l’apéro. 

Le soleil se couche sur Cabourg, c’est l’heure de l’Impératrice. Si belle, robe en satin épousant le vent, le public entier se met à danser langoureusement sous les influences aériennes du groupe. Le timing est parfait entre « Agitation tropicale » et ce ciel de la Manche qui rougeoie. La voix est plus aigue qu’en album, les musiciens talentueux. Quelle meilleure manière d’accueillir la nuit? 

Ce qui est bien à CMA, c’est de ne pas avoir à se presser pour profiter des lives. Il suffit de se laisser porter pour descendre les marches, rejoindre la plage avant de s’attabler pour un dernier concert: Mall Grab. C’est un peu embrumé que la foule s’agite de façon mécanique au rythme des notes du jeune australien. « Can’t » est toujours bien, mais pas encore assez festif. 

JOUR 2 

Ouverture de notre jour 2 (un peu tard, la faute à France-Argentine) avec la scène de la plage qui accueille Alice & Moi. Sa pop à la cool, comme premier son à parvenir à nos oreilles, est un plaisir. Un petit groupe s’amasse très vite en ce jour bondé du samedi. Alice et Moi, c’est toujours une bonne idée. D’ailleurs, l’interview d’Alice est à lire ici (lien)!

Une barquette de frites dans le ventre et vite on grimpe les marches de la scène de la dune pour se placer: Vendredi Sur Mer ne va pas tarder à jouer et impossible de louper ça. Le public de lycéennes qui nous entoure pousse des cris hystériques, je regrette l’oubli des boules quiès. 

Charline Mignot débarque, entourée de deux danseurs qui performeront dans un show contemporain toute la durée du concert. Charismatique, ça envoie. Le décalage et l’humour que Vendredi Sur Mer met dans son interprétation est un réel plaisir. La chanteuse, les danseurs: c’est tout de costards vêtus que l’on s’agite sur la scène. Comme à la maison d’ailleurs, elle s’empare tranquillement de l’espace et les morceaux défilent. 

Nota bene: ne vraiment pas se placer trop près, le concert gâché par des groupies ne pouvant s’empêcher d’hurler leur amour pour la chanteuse suisse gâche la jolie voix de la vocaliste en question. Dommage. 3 nouveaux morceaux s’immiscent dans la set-list « Dolan », « La Nuit » et « L’histoire sans fin ». De bons ajouts que l’on prendra plaisir à réécouter plus tard. Le concert s’achève, tout le monde souffle un grand bravo aux danseurs qui n’ont pas démérité pendant cette heure de concert. 

Ca répète déjà les paroles dans la queue des toilettes… Le concert dAngèle approche. Pas la même erreur deux fois, on se positionne au centre de la foule (immense) qui attend la belge devant la scène de la dune. « La thune » commence à résonner. Une très jolie présence, vivante, enjouée, fait son entrée. Les mecs commencent à transpirer de désir et pour cause, on ne regardera que ses cordes vocales nous, mais Angèle a une sacrée voix. 

Celle qu’il faut aller voir en concert pour découvrir les nouveaux morceaux est très attendue. A ce propos, c’est assez décevant. Rien de percutant aux oreilles, à l’exception de « La potion » qui reprend les codes qui nous font aimer Angèle. Bravo pour la performance et bravo aux musiciens! 

Avant de foncer à l’after, on passe par la case Young Marco. Ca se déchaîne en contrebas sur la plage, le mouvement de foule parle de lui-même. Cabourg Mon Amour fait décidément la part belle aux jeunes talents -qui lui rendent bien-. 

JOUR 3

Toujours un peu lointaine, Clara Luciani ouvre notre bal du dimanche. Sans fausse note, égale à elle-même, les variations impressionnante de sa voix colonisent la scène de la dune. Le show est calibré au millimètre, classe, simple, sans surprise. Enfin, le talent a au moins le mérite de faire passer la gueule de bois. Mention spéciale pour son morceau « La grenade » qui fait chantonner le public, de tout âge, en ce dernier jour. 

On va boire un coup (quand même) devant Alois Sauvage. Très attendue, elle souffle un vent urbain sur le festival un petit peu endormi. Une voix habitée, un fan-club aux pieds plantés dans le sable, le ciel se couvre mais les festivaliers s’éveillent. On poursuit cette veine en changeant de scène. 

Jimothy Lacoste bouge, ça, aucun doute. A se demander si l’on est venu écouter (du playback) ou regarder un spectacle de danse. Plein d’humour, le phrasé est classe, il semble s’amuser tout seul sur la scène, arrivé là comme par hasard. « I can speak spanish » clôture le show et fait danser les badauds, les novices l’ajouteront à leur playlist. A la surprise générale, le rappeur se barre sans un regard, sans dire au revoir, pas très Cabourg. 

Affalés sur un toboggan, on profite du concert de Bruxas. Un peu court, mais pas décevant. Le mélange des genres ramène un peu de chaleur sur le festival. « Mas profundo » englobe la scène de la plage, les gens dansent, le sourire aux lèvres. Pari réussi pour Jacco Gardner et Nic Mauscovic qui imposent leur esthétique latino-house sur la plage de Normandie. 

Cap sur Lion ’s drums. Il est peut-être un peu tôt pour ce genre de sons qui s’écouteraient mieux sur les coups de 22h -et avec quelques degrés en plus-. Enfin, l’ambiance est là, mais vite, il faut aller trouver une place pour le clou du festival. 

Est-il vraiment nécessaire de décrire un concert de Juliette Armanet? Aller, si, quand même. 

Bête de scène, bête de meuf, superstar. 

Le sociologue Edgar Morin dans son essai « Les stars » essaie de décrire ce phénomène de société qui créé de telles figures: comment sont-elles apparues? Quels besoins révèlent-elles? Ce qui est certain, c’est que Juliette Armanet fait partie de cette école-là. 

« Star triste », « Cavalier seul », « L’amour en solitaire »… La déception ne sera pas au rendez-vous, l’impressionnante Juliette séduit chaque cellule des corps présents face à elle. Ca danse, ça chante, la joie se dégage de la foule qui semble définitivement l’aimer « à la folie ». On ne s’en lasse pas, on ne regrette pas d’avoir attendu, on réécoute son album dans le bus qui nous ramène à Paris. 

Un mot pour le personnel et les bénévoles de ce joli festival qu’est Cabourg Mon Amour: vous étiez tous super (sauf une fille à l’entrée, je te retiens). Un beau week-end sur la côte normande, des souvenirs plein les oreilles et à l’année prochaine!