Pendant l’édition 2019 de La Route du Rock, Listen Up est allé à la rencontre des bien funs Montréalais de Pottery. Le groupe étant, avec Crows, une des principales attentes du programmateur et du directeur de La Route du Rock (voir notre interview d’eux ici), on les a coincés au pied des remparts, une heure avant leur concert, pour mieux comprendre pourquoi. Même si les premières écoutes de ‘The Craft’ ou ‘Lady Solinas’ nous donnait déjà une petite idée.

Leur garage décalé sonnant parfois à la Devo, leurs premières parties de Parquet Courts, Thee Oh sees ou encore Viagra boys, et leurs dates à venir avec Fontaines D.C., en disent un peu sur le pedigree des cinq maudits Québécois. Ils ont rejoint depuis peu Partisan Records, le label d’Idles et Fontaines D.C., et ont sorti un album (N°1), sur lequel la presse spécialisée ne tarit pas d’éloges (même s’ils ont mis deux ans à le sortir, comme le révèle Vice. Ndlr). 

Pourtant, les mecs ont tout sauf le melon, et dès les premiers échanges, le ton est donné : le groupe est une bonne bande de rigolos, aussi talentueux sur scène que dans l’inventivité de leurs réponses.

Comment décririez-vous Pottery en quelques mots ?

Paul: Budget Funk?

Austin: Punk Funk.

Peter: Comment on est en tant que groupe ? Je dirais… « Scrambled Eggs »

Jacob : « Friendly scrambled eggs ! »

Tom: Ketchup Mayo.

Paul: “Ketchup Mayo playing Budget Funk.”

Tom : Tu en as plein les ongles. C’est goutu! (rire)

Paul : De la moutarde, des œufs, de l’huile…

Tom: Ketchup?

Tous: Mayo.

Jacob Shepansky et Peter Baylis. © Julien Cornuel

Quelles sont vos principales influences ?

Peter : Ketchup Mayo.

Jacob : Ketchup Malo ! (rire)

Paul : Elles sont différentes pour chacun d’entre nous. Les miennes en ce moment, ce sont plus Beck et David Brymer.

Peter : Je dirais que ça dépend de ce que j’écoute sur le moment. Dans nos répétitions, quelqu’un commence à jammer, et puis on fait évoluer ça, mais on n’essaie jamais de copier ce que fait un groupe parce qu’on aime bien sa musique. On essaie de se faire plaisir, ce n’est jamais conscient.

Jacob : Malgré tout, on est plutôt dans la country, ou la folk-country, récemment.

Paul : J’ai pas mal d’inspiration musicale qui vient à partir des vidéos de skate.

Qui compose chez Pottery ?

Jacob : Au début, Paul, Austin et Jacob avaient quelques morceaux, qu’on a fait évoluer. Dans l’ensemble c’est plutôt collaboratif.

Paul : Chez moi j’enregistre des démos tout le temps. Pour l’album à venir, j’ai été pas mal impliqué dans l’écriture et l’enregistrement, on va dire. Mais on expérimente tous ensemble à partir de ça.

Peter : Et on continue à expérimenter, comme des cyborgs, mais en y mettant pas mal de lifestyle. (rire)

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Peter : On vient tous du Canada, excepté Tom, qui vient de Grande Bretagne.

Jacob : Austin et moi on s’est rencontrés quand il a déménagé à Montréal. On avait un ami commun qui vivait là-bas. Il a commencé à travailler chez Barney avec le bassiste de l’époque du groupe de Paul Jacobs. Puis Paul a demandé à Austin de jouer dans son groupe, dans lequel je jouais aussi.

Paul : Puis Austin a demandé au batteur de mon groupe de jouer avec lui, et je lui ai dit que j’étais aussi batteur.

Austin : Ah oui, vraiment ? Je ne m’en souviens pas.

Tom : On devait être en train de boire.

Peter : Et puis on a trouvé Tom. Cet espèce de joueur de basse occupé à baiser de tous les côtés.

Jacob : En gros on peut dire que ça s’est fait comme ça. C’est la magie de la scène musicale Montréalaise !

Pottery au complet. De gauche à droite : Tom Gould (Basse), Paul Jacobs (Batterie), Austin Boylan (Guitare et chant principal), Peter Baylis (Synthés), Jacob Shepansky (Guitare). © Julien Cornuel.

Quel est votre regard sur la scène Montréalaise ?

Paul : Ca a beaucoup changé. Quand j’ai emménagé là-bas en 2014, la scène française était super cool, c’est d’ailleurs pour ça que j’y suis allé. Parce que le public apprécie vraiment la musique.

Tom : Le public danse, bouge, tu vois.

Jacob : Alors qu’ailleurs qu’au Canada français, le public reste assez statique, considère que faire seulement la fête est suffisant pour le fun.

Peter : De plus, à Montréal, c’est facile de vivre en tant qu’artiste. Tu n’as pas besoin de travailler trop dur. C’est une ville beaucoup moins chère que Toronto ou Vancouver, par exemple.

Auriez-vous 3 groupes Montréalais à recommander pour le public français ?

Tous : Corridor !!

Tom: Mon propre groupe, Body Wash.

Peter : Et Paul a son projet solo !

Paul : Oui, j’ai déjà fait une tournée en France, avec ces deux mecs notamment (il désigne Jacob et Peter).

Peter Baylis, Tom Goulde et Austin Boylan. © Julien Cornuel

Y a-t-il des personnes, pas forcément seulement des musiciens, avec qui vous collaborez ou souhaiteriez collaborer ?

Peter : On a un ami qui s’appelle Luke Orlando. Il nous suit sur les tournées, prend des photos. Il fait des vidéos pour nous aussi, des courtes vidéos pour se marrer.

Paul : On essaie de tout faire par nous-même, excepté la photographie, ce qu’aucun de nous ne maîtrise.

Peter : Avec Austin on s’est mis à faire les affiches ensemble, ainsi que les graphismes pour les t-shirts, la BD au dos de l’album.

Paul Jacobs, Jacob Shepansky et Peter Baylis. © Julien Cornuel

On a lu que vous aviez mis pas mal de temps à sortir votre album, quelle était la raison ?

Paul : On voulait attendre d’avoir un label, déjà.

Peter : On voulait sortir cet album sur vinyle, ce qui était trop cher pour nous, d’où l’intérêt d’avoir un label.

Jacob : On voulait aussi atteindre plus de personnes en ayant un label et donc avoir une distribution qui fasse la promotion de l’album.

Paul : On a eu aussi une éditrice auparavant, qui nous a beaucoup aidé et poussé.

Peter : Pendant pas mal de temps, à chaque fois qu’on était un train de boire, on se disait : « Viens mec, on devrait sortir ça demain ! Qu’est-ce qu’on fait à attendre comme ça ? Attendre, c’est débile ! »

Combien de fois avez-vous joué en France ?

Paul : On a déjà joué à Angers, Rouen… A Paris, au Supersonic. Avec un précédent groupe, on avait joué à La Mécanique Ondulatoire et à l’Espace B, à Paris, mais aussi à Montpellier, Toulouse… Rennes est ma ville favorite ! Dans cette salle ‘Le Marquis de Sade’, tout le monde fumait et gueulait pendant qu’on jouait. C’était bien fun !

Peter : Le public en France sait être fun, et tu sais que chaque concert va super bien se passer.

(Les lignes de basse de Deerhunter se mettent à sonner, rendant nos cinq larrons subitement plus attentifs au concert qu’à l’interview, ndlr)

Tom Goulde. © Julien Cornuel

Avez-vous prévu des surprises pour ce concert à la Route du Rock ?

Jacob : Oui, on va jouer des nouveaux morceaux qui ne sont pas sur l’EP (N°1). On a un nouvel LP en prévision.

Tom : Celui-là on ne va pas attendre deux ans pour le publier !

Paul : Au Printemps 2020, normalement.

Vous avez des concerts de prévus, après la Route du Rock ?

Tom : Oui, on va faire une poignée de concerts en Grande Bretagne, et après on revient au Canada.

Peter : Au festival le Cabaret Vert aussi.

Jacob : Ensuite on joue au festival Great Wide Open aux Pays Bas, puis au festival End of the Road, dans quelques pubs anglais…

Tom : Et après on fait une tournée aux USA !

Peter : On a déjà fait une tournée en Grande Bretagne avec les Viagra Boys. C’est des mecs marrants.

Vous êtes tatoués aussi, comme le chanteur de Viagra Boys ?

Peter : Tom est moi on est les seuls sans tatouages ! On est les « clean skin brothers », les autres sont dégueulasses de partout ! (Ils commencent à s‘embrouiller gentiment quelques dizaines de secondes, en s’envoyant des noms d’oiseaux à en faire pâlir ces dames de la bonne société Montréalaise, ndlr.)

Comment ont été vos concerts avec Parquet Courts ?

Jacob : C’était seulement pour quelques dates, à Montréal. On a joué avec un batteur différent, donc c’était un peu bizarre. Mais sinon avec Parquet Courts c’était cool. On a joué dans des salles immenses, et les mecs ont vraiment du talent, sont bien marrants !

Et vos dates à venir avec Fontaines D.C. ?

Peter : Oui, on va faire pas mal de dates avec eux aux USA, via Radical Productions.

Tom : On ne les a pas encore rencontrés, mais ce sont nos label mates ! (Les deux groupes ont signés chez Partisan Records, ndlr).

On vous souhaite un aussi bon concert que celui qu’ils ont fait, merci les gars !

Philip Morris. © Julien Cornuel