Le Smmmile Vegan & Pop Festival était de retour pour une cinquième édition les 18 et 19 septembre 2021 à la Villette, à Paris. Depuis sa première édition en 2016, ce petit évènement a su prendre de l’ampleur et se tailler une place de choix parmi les festivals de la rentrée. On en a profité de ce dernier dimanche (f)estival pour rencontrer François-Arthur Millet, directeur, et Grégoire Dniestrowski, programmateur de l’évènement. Tous deux ont bien voulu répondre à la question qui nous brûlait les lèvres : c’est quoi, un festival « Vegan & Pop » ?

Listen Up : On est super content.es d’être de retour au Smmmile. Pour commencer, est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur le festival ?  

Arthur-François Millet : Bien sûr ! Le Smmmile, c’est un event musique et « gastronomie végétale ». Nous sommes un évènement ouvert à absolument tout le monde : l’idée derrière le projet, c’est qu’on puisse à la fois venir s’amuser, écouter de la bonne musique, bien manger… Tout en faisant du bien à la planète. On est un festival ouvert, on aime faire la fête, et on aime bien manger !

Listen Up : ça tombe bien, nous aussi !

AFM : Après, selon les années, la musique va prendre une place plus ou moins importante. Cette année c’était un peu compliqué. Au moment où il a fallu monter le festival, vers février-mars, c’était encore plus ou moins le confinement. On ne savait pas trop ce qu’on allait avoir le droit de faire ou de ne pas faire… Et on ne voulait surtout pas de concert assis. On s’est dit qu’on allait faire des petites jauges. On a donc a proposé des concerts dans des jardins, et des DJ sets le soir pour pouvoir danser.

Finalement, on a quand même une belle programmation. Sur les deux jours, on a regroupé une dizaine d’artistes « découverte ».

Listen Up : On a vu qu’il y avait plusieurs nouveautés par rapport aux années précédentes, notamment avec le parcours « Découverte ». Est-ce que tu peux nous parler de l’évolution du festival  ?

AFM : Le parcours « Découverte » est né pour répondre à la problématique de la crise sanitaire. On s’est dit que ça serait pas mal que les gens qui viennent pour la musique, ou ceux qui viennent pour la gastronomie, ou ceux qui viennent pour les keynotes ou les ateliers… Ne viennent pas que pour ça, et découvrent d’autres choses. On voulait remettre du lien entre les différents pôles du festival : musique, gastronomie et réflexion.

Listen Up : Pourquoi avoir fait un festival « vegan et pop » et pas… « rock et viande », par exemple ?

AFM : En fait, on a trois publics. D’abord, la communauté vegan, engagée et… militante ! On a ensuite un public « musique », pour le côté pop. Et un public de curieux, des gens qui se disent que ça a l’air cool, que les affiches sont belles, que c’est au parc de la Villette… Et qui se disent « tiens, on va aller voir » !  Le slogan « vegan & pop », il essaie de réunir ces trois publics. On ne veut pas se couper de notre communauté, et en même temps on veut l’ouvrir. 

Listen Up : Vous vous affichez clairement comme un festival vegan. Vous n’avez pas peur que ce soit un sujet clivant ?

AFM : C’est un positionnement. Ici, tout ce qu’on va manger et boire est vegan, même si on reste un festival de musique. Par rapport à d’autres festivals… Bon, on n’a pas la prétention de devenir aussi gros que We Love Green, mais on n’avait pas envie d’être un festival qui portait juste sur la transition écologique. Aujourd’hui, tous les festivals font ça.  Nous, on va peut-être un cran plus loin : on n’est pas sur la transition écologique, mais sur la transition alimentaire. C’est un axe spécifique, mais qui reste très lié. Il n’y aura pas de transition écologique sans transition alimentaire, et nous, on est là-dessus.

Listen Up : Vous parlez de véganisme et de transition écologique, tout ça dans un cadre très bienveillant…

AFM : Le véganisme, c’est une philosophie, une prise de position politique. Le but, c’est de changer le monde. Après on adhère ou on n’adhère pas, on est vegan ou pas… Tout le monde ne peut pas devenir vegan du jour au lendemain, mais c’est important pour nous que tout le monde partage la même philosophie : l’idée que si je change un peu mon alimentation, c’est bon pour ma santé, pour les animaux, pour la planète… et aussi pour ma relation avec les autres.

Listen Up : Le festival est dit « pop », mais quand on regarde les précédentes éditions, il y avait plutôt un mélange de genres musicaux.

AFM : Pour nous, pop, c’est le côté fun, coloré… On ne veut s’enfermer dans aucun courant musical. Ce qui nous intéresse, c’est d’avoir des artistes engagés à leur manière. On a eu des artistes plus rock, hip-hop, chanson française… On se laisse la possibilité de programmer ce qui nous fait envie.

Et on s’appuie aussi sur la notion de découverte. Rien qu’hier sur Thérèse et George Ka, les gens m’ont dit « je connaissais vaguement, mais la voir sur scène… C’était top ! » On veut des artistes qui assurent sur scène, qui soient engagés et qui aient le smile !

Listen Up : Comment se déroule le choix des artistes ? Est-ce que vous privilégiez le fait de découvrir les artistes en live ou dans les médias ? Ou sur les plateformes de streaming ?

Grégoire Dniestrowski : Pour le choix des artistes, on privilégie clairement le live. On sillonne les petites salles comme le Pop-Up du Label, La Boule Noire ou encore le Supersonic. C’est comme ça qu’on a découvert par exemple Bel Ombre, Mokado, the Georges Kaplan Conspiracy ou encore Felixita qui joue au Smmmile cette année. On l’avait vu au Pop-Up du Label pour son premier concert et elle avait mis le feu.

On ne cherche pas un style en particulier, ce qui nous guide c’est la musicalité, la performance scénique, l’univers visuel ou encore les textes. Enfin, on laisse une place à notre intuition, notre feeling. Après, avec le covid il a fallu qu’on s’adapte évidemment. Du coup on a écouté pas mal d’artistes grâce aux plateformes. On se laisse soit guider par les recommandations de l’IA des plateformes soit par des médias qui produisent régulièrement des playlists comme la Distillerie Musicale ou Listen Up d’ailleurs ! Bon, ce n’est pas pareil qu’un vrai concert, il peut avoir un vrai écart entre un enregistrement et un live, mais ça nous a permis de faire de belles découvertes comme Fyrs ou Georges Ka qui sont avec nous cette année.

Listen Up : Outre le côté défricheur, as-tu un élément en particulier pour choisir tel ou telle artiste ?

GD : Le Smmmile est un festival engagé donc c’est important pour nous d’avoir une programmation qui reflète notre ADN. On cherche donc des artistes engagés, pas forcément dans le veganisme mais sur des sujets qui tournent autour de l’écologie, du sociale, de l’égalité ou bien encore de l’inclusion. Enfin, c’est important pour nous d’avoir une programmation qui reflète la diversité.

Listen Up : Pour conclure, quels sont les concerts qui vous ont marqué ? et quels concerts vous nous recommandez aujourd’hui ?

AFM : J’ai beaucoup aimé Thérèse hier, que je ne connaissais pas. J’ai trouvé qu’elle avait fait un super show. Et George Ka, c’était très fort aussi. Pour aujourd’hui, c’est une totale découverte : je ne connais pas les artistes. Je vais aller les découvrir avec vous ! Et les concerts dans les jardins, visuellement, c’est très sympa, vous allez voir.

Listen Up : Et pour finir : si on a une petite faim, tu nous conseille d’aller manger où ?

AFM : Veggie Tasty ! Ils font des wraps qui sont excellents ! Et Burger Theory. Ils en ont un burger qui s’appelle « Le Jean-Paul Bel tout le monde »… À part ça, je crois que la Crêperie Demi-sel fait pas mal de trucs intéressant… C’est tout ce que j’ai goûté pour l’instant ! Et c’est déjà pas mal !