Friends that break your heart est le 5ème album de James Blake, une collection de ballades à fleur de peau où il nous invite à l’accompagner dans la douleur d’un chagrin d’amitié.

James Blake est chanteur, compositeur, producteur et musicien multi-instrumentaliste, ce qui lui a valu d’être considéré comme l’un des artistes les plus polyvalents de la génération actuelle. Quand il annonce un nouveau projet, il est très difficile de prédire le style global que celui-ci va avoir, il peut chanter l’amour de sa voix angélique sur une douce mélodie de piano, comme il peut nous offrir un EP de 2 tracks hip hop sur des beats expérimentaux et en collaboration avec un rappeur.

Connu pour ses productions fragmentées et ses collaborations avec des rappeurs comme Kendrick Lamar, André 3000 et Travis Scott, James Blake continue d’afficher l’étendue de son registre avec un dernier projet plus léger et traditionnel.

Quelle ne fut pas notre surprise quand l’album a commencé par « Famous Last Words », un triste portrait de la fin d’une relation à l’instrumentation hypnotique. L’effet sous-l’eau qui couvre la production relate la frustration profonde exprimée dans les paroles, la tristesse de James de ne pas avoir pu oublier le sujet de son chagrin même après tant d’années.

« Life is not the same » aborde un thème similaire à l’opener très mélancolique. Elle est marquée par des harmonies vocales aigues très envoûtantes par lesquelles James se demande : « So if you loved me so much, why’d you go ? »

« Coming back » invite SZA à contribuer autour d’une atmosphère pop assez linéaire et moins déconstruite qu’à l’habitude de James, une production qui rappelle plus ses projets exécutés en collaboration avec des rappeurs que ses sons solo plus expérimentaux.

« Frozen » est également une chanson collaborative avec la participation de JID et SwaVay où la production est exécutée à la perfection avec des effets sonores originaux et intéressants. Les transitions y sont nombreuses mais sont cohérentes et enrichissent le track, notamment grâce aux flows gymnastiques des deux Atlantans qui se marient parfaitement à cet instrumental inconventionnel.

« I’m so blessed you’re mine » est un bref moment de positivité où il fait ce qu’il sait faire le mieux : mélanger voix sulfureuse, romantisme enrichi électroniquement et beats puissants. Ce son répond certainement aux attentes des premiers fans qu’il a cultivés à l’aube de sa carrière, à la sortie de son album « James Blake » il y une décennie déjà, une époque avant « Assume Form » (2019) où ses sons étaient plus expérimentaux.

Après cette brève pause énergisante, « If I’m insecure » nous replonge dans la triste réalité des ruptures, en nous renvoyant à des sonorités dramatiques et religieuses grâce aux effets de l’orgue et aux différentes couches harmonisées de sa propre voix. Cet effet est l’équivalent sonore d’une expérience spirituelle, ou d’une révélation émotionnelle sur la propre insécurité de l’artiste, qu’il tente de confronter en guise d’expiation.

Cet album est un excellent mélange entre l’électronique, le sensuel et une musique symphonique de chambre. Si on avait à le contextualiser par rapport à l’œuvre majeure de James Blake, il serait une version plus obscure de « Assume form » (2019), en raison du contraste entre des beats pop et des mélodies sombres, tristement parfaites pour le concept de ce projet.