Entretien avec le trio australien avant leur concert fin juillet sur la scène de Cabourg Mon Amour. L’occasion d’en apprendre plus sur leur formation, leur second album Every Now and Then, et leurs expériences en festival.

 

Comment l’histoire de Jagwar Ma a-t-elle commencée ?

Jona Ma : On vient tous de villes différentes en Australie, et on jouait tous dans des groupes différents. On faisait des concerts dans les mêmes salles, on se croisait souvent. Avec Gabriel on a commencé à s’amuser en studio, c’est comme ça que Jagwar Ma a débuté !

Pourquoi être venu en France en 2012 pour enregistrer votre premier album ?

Jono : Un de mes amis a une grande maison de campagne dans la vallée de la Loire, j’y étais venu deux ans plus tôt pour l’aider à y construire un studio. Ça faisait sens d’enregistrer notre album dans un studio que j’ai construit.

Gabriel Winterfield : On a fait « What Love » et « Come Save Me » en Australie, l’idée c’était de venir en France pour finir l’album. Mais on avait déjà pas mal de matériel avant de quitter l’Australie.

Jack, pourquoi as-tu rejoint l’aventure à ce moment-là ?

Jack Freeman : À l’origine j’ai rejoint le groupe pour un concert.

Jono : Jagwar Ma a commencé comme un projet studio, essentiellement. Quand on était en France on a voulu voir comment ça pouvait marcher sur scène, comme un groupe. C’est là que Jack est arrivé, et il nous a fait devenir un groupe capable de jouer en live !

Avec cette arrivée et le changement d’orientation du groupe vers la musique live, le processus d’écriture et de composition du second album a dû être différent du premier ?

Jono : Oui complètement, sur le premier album la plupart des chansons sont écrites pour être enregistrées en studio, comme un projet électronique. Le second album a été fait après une tournée d’à peu près deux ans et demi qui a complètement changé notre approche de la musique.

Comment ça s’est traduit en pratique ?

Jono : On ne l’a pas appréhendé comme un grand concept ou autre. Quand on était en tournée, je notais des idées et Gabriel écrivait des paroles. Quand on est arrivé en studio, on a réécouté toutes ces idées et choisi celles qu’on aimait.

Gabriel : La raison pour laquelle notre esthétique est assez libérale, ouverte même, c’est qu’on vient tous de groupes différents qui avaient chacun un style assez marqué. Quand j’ai commencé à jouer avec Jono, c’était comme des vacances par rapport à cet état d’esprit assez fermé. C’était vraiment quelque chose de libérateur, et on essaye de garder cette philosophie.

Jono : Tout peut être digne d’intérêt, on ne se fixe pas de limite.

Gabriel : Notre esthétique évolue de manière organique !

Jono : La constante c’est que Gabriel chante sur tous les morceaux et que je produis la musique, mais en termes d’approche et de concept c’est totalement ouvert.

À quoi ce nouvel album va-t-il ressembler ?

Gabriel : C’est compliqué de répondre à cette question. Si on dit quelque chose, les gens vont interpréter ça de manière très différente. Mais je dirais que c’est un album qui nous ressemble.

Jono : Il nous ressemble, deux et demi après Howlin’. Une chose que je peux dire c’est qu’il a quelques passages du disque qui sont un peu moins sérieux que sur l’album précédent.

Gabriel : Et il y en a d’autres qui le sont beaucoup plus ! On a suivi un concept plus bipolaire, en quelque sorte. D’un point de vue sentimental, la tonalité du premier album est vraiment médiane. Sur ce nouvel album mes sentiments sont plus agressifs, et parfois plus passifs. Donc la tonalité est beaucoup plus fluctuante, elle tend vers les extrêmes.
C’est dans la nature des gens : quand on vieillit, nos émotions et nos sentiments deviennent plus profonds. Je suppose que c’est un signe de maturité pour un groupe.

Vous avez une esthétique visuelle assez marquée, est-ce que vous travaillez vous-même dessus ou vous faîtes appel à une personne en particulier ?

Jono : Il y a un type en Australie, Pat Sainte-Marie, qui a beaucoup travaillé sur l’aspect visuel du premier album, avec mon frère également. Sur le nouveau disque c’est lui principalement. Sur le clip d’OB1, j’ai monté ses créas avec des images que j’ai filmées pendant notre tournée. Ce n’est pas forcément ce qui dicte l’esthétique du disque, mais ça nous a semblé approprier pour le premier titre. Ça raconte en quelque sorte notre histoire depuis la sortie du premier album.

Quels sont les artistes programmés à Cabourg dont vous voulez voir les concerts ?

Jono : Hinds a joué hier, elles sont très marrantes. Ten Fé aussi !

Jack : Hier on a vu Soulwax aux Nuits Secrètes, c’était vraiment cool.

Jono : Ils ont une nouvelle mise en scène, avec des lumières très intenses, ça rend super bien !

Jack : Je ne savais pas qu’ils jouaient. En général on arrive en festival et on est « Oh, untel va jouer », c’est une agréable surprise.

Jono : Pour être honnête, je ne regarde plus vraiment la programmation. J’aime avoir la surprise !

Gabriel : À chaque fois que je prévois de voir un groupe, je le rate…

Jono : Rien ne se fait jamais comme prévu.

Jack : C’est plutôt : « voyons ce qui s’offre à nous ».

Jono : À Glastonbury on avait prévu de voir New Order. Au sommet d’une colline on est tombé sur la scène du concert de Philip Glass, alors qu’on ne savait même pas qu’il jouait. C’est le meilleur exemple de concert non prévu. Il jouait avec un orchestre, ça nous a scotchés !
Quand on prévoit un concert, on a des attentes etc. On préfère se laisser porter.

Gabriel : Se laisser porter, c’est bien !

Jack : Pense à une méduse, qui flotte dans l’océan. Et là un humain nage à côté « Oh je pourrais le piquer » *ZIP* et puis elle continue sa route.

Gabriel : La méduse c’est l’animal spirituel du groupe, malgré le fait qu’on s’appelle Jagwar Ma. Tout le monde devrait entrer en contact avec sa méduse intérieure.
Tu vois dans le premier X Men quand ce type se liquéfie, eh bien on a une chanson sur l’album qui se rapproche du concept. C’est comme tomber, fondre dans la musique. Et ça n’a rien à voir avec la drogue, c’est beaucoup plus profond !

 

On espère ne pas finir dans le même état que le sénateur Kelly, mais on plongera volontiers dans le deuxième album de Jagwar Ma, Every Now and Then, qui sort le 14 octobre prochain !

Le trio sera en tournée en France en novembre dans le cadre du Les InRocks Festival. Retrouvez les autres dates de leurs concerts ici.

Retrouvez nos trois concerts coups de cœur de Cabourg Mon Amour juste ici.

 

Propos recueillis et traduits par Maxime Guthfreund et Mickaël Burlot.