Fils de Venus organisait le mercredi 5 décembre au Badaboum, la release party de Princess Nokia avec Gnucci en première partie pour une soirée enflammée.
Le concert est sold-out, la foule est déjà nombreuse ce 5 octobre au Badaboum quand Nire, DJ new-yorkaise comme Princess Nokia, entame son tour de chauffe. Elle mixe grime, bassline, garage ou jersey sound, et les premiers rangs se pressent, dans une ambiance de club un mercredi soir à 21h. Au fumoir les kids se jaugent, beaucoup de survêtements Fila et de vestes en jean, même si un t-shirt London Calling signale que le quota de journaliste est rempli.
Nire assurera les platines pour le reste de la soirée et déjà la MC suédoise Gnucci débarque pour faire vibrer le public avec des basses puissantes et un flow tranchant. Elle fait monter quelques filles sur scène et forme un girl crew improvisé.
Enfin débarque Princess Nokia. L’alter-ego (au départ en projet collectif) de Destiny Frasqueri, sapée comme un b-boy, lunettes à fine monture dorée, entame son concert sur les deux tubes de l’album-mixtape 1992, Tomboy et Kitana et, dès le premier sample de moteur rythmé de caisse claire les premiers rangs s’agglutinent encore un peu plus, vite en transe. Princess Nokia puise dans des influences lointaines qu’elle réconcilie de son phrasé souple, du son des clubs de Baltimore et de Jersey à l’Angleterre des années 2000, dans MIA aussi bien sûr, dans ses racines afro-portoricaines, « part african part arawak people », dans le reggaeton, le dancehall et le rap de Brooklyn ou Queensbridge. Toutes ces sources qui paraissaient parfois éloignées sur mixtape prennent leur sens en véritable musique de club. Tout se résume dans la danse, la communion du public, et l’expression d’une identité mixte complètement new-yorkaise.
Entre le morceau Bart Simpson sorti des années 90, et d’autres comme Brujas qui rappelle le travail de Future Brown avec Tink ou la filiation de MIA, l’énergie de Princess Nokia tient l’ensemble. Elle slame, danse et projette cette force vers un public qui remue, sue, et l’album 1992 en live forme comme un mix taillé pour l’occasion. Elle pose un acapella rageur et émouvant comme elle aime en poster sur instagram. Garde son sérieux pour évoquer, presque les larmes aux yeux, sa joie d’être un modèle possible pour les jeunes filles noires, latinos, de New-York qui, plus qu’elle à leur âge, peuvent s’identifier à des figures artistiques féminines. Enchaine sur un poème scandé sur fond quasi reggaeton. « Mi corazón en Africa/ Mi gente que me aman/ Lo sabia en mi sangre/ Que yo soy una urbana/ La baile de mi gente / Se mantiene espiritual ».
Nire reprend le contrôle pour faire danser ceux qui en ont encore l’énergie. Les trois artistes tournent ensemble depuis pas mal de dates, et l’on imagine que la DJ ne décide plus seule des morceaux à jouer quand il faut brûler ce qu’il reste à brûler. Quelques grappes de gens remuent encore sur les sons dancehall et reggaeton quand d’autres sortent fumer une clope, presque exténués. Les fans sont heureux, ceux venus par curiosité sont presque hagards et encaissent l’impact de Princess Nokia sur scène.
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