Le trio blues rock Docteur Chouette sort son premier album, Evil Plan to Conquer the World. Après un examen détaillé, Listen Up livre son diagnostic !

Docteur Chouette, c’est à l’origine un duo guitare – batterie que l’on a eu la chance de découvrir sur la scène du Bus Palladium, à l’occasion de l’édition 2015 du MaMa Festival. Simon Stevant et Fabrice Enoch nous offrait un live brut, à la fois remuant et intimiste, dans un style blues rock qui n’est pas sans rappeler les premières compositions des Black Keys. Quelques mois plus tard, le duo se fait trio avec l’arrivée du bassiste Robin Schneider. La musique de Docteur Chouette s’oriente alors vers un rock plus sauvage et énergique.

En octobre dernier sort le premier album studio du groupe, Evil Plan to Conquer the World.

Le disque démarre en trombe avec « Show me how to love », titre festif marqué par le contraste entre des couplets aux sonorités veloutées et un refrain âpre et rythmé. On garde la cadence avec « Monkey on my back », une course folle emmenée par des riffs de guitare acérés. Après un troisième morceau lui-aussi très remuant, l’album amorce un virage plus harmonieux avec « Wish I had a God ».

Le tempo ralentit, le clavier devient plus présent. On peut enfin souffler, et surtout découvrir la voix de Simon Stevant dans un registre plus chaleureux. « Letter to my younger self » introduit des sonorités d’orgue qui soulignent l’influence New Orleans jazz de Docteur Chouette. « Love guru » et « It ain’t easy » marquent un retour à un son blues plus brut.

Servi par des arrangements des plus entrainants, « Invincible » se place comme le tube de l’album. L’énergie débordante du morceau est équilibrée par un refrain aérien, porté par les chœurs et les nappes de clavier. Après la Nouvelle Orléans, Docteur Chouette met le cap sur le Tennessee avec « My shrinks keep dying » et ses sonorités country / hillbilly.

Vient ensuite le titre le plus abouti de l’album, « A joke that never gets old », et son introduction minimaliste basse – guitare, auxquelles s’adjoignent la voix puis l’harmonica. La batterie et l’orgue lancent véritablement le morceau. Le tempo s’accélère, le chant se déchaine. Docteur Chouette a mis son plan à exécution : nous voilà conquis. « Wedding song » referme l’album avec humour et légèreté.

Blues, jazz, gospel, country… la musique du sud-est des Etats-Unis occupe une place de choix parmi les influences de Docteur Chouette. Les passages plus calmes mettent en valeur la profondeur de la voix de Simon, et apportent l’équilibre nécessaire à cette musique exaltée. Quelques titres, comme « I can’t believe » et « Masquerade », peinent toutefois à s’imposer au milieu d’un disque particulièrement dense. L’exercice n’est donc pas parfait mais maîtrisé, et prometteur !

Plus que la diversité des compositions, c’est la richesse du chant de Simon Stevant qui fait de cet album une réussite. Mais c’est bien sur scène que Docteur Chouette dévoile toute l’étendue de son potentiel, et Simon ses qualités d’interprète. L’énergie et l’émotion, sans artifices ni fioritures.

 

Evil plan to Conquer the World est disponible sur bandcamp.