L’afro-pop feel good du bruxellois ouvrait en beauté et en couleur la série de concerts de Frànçois & The Atlas Mountains à la Maroquinerie. Deux projets qui redorent, à leur façon, le blason de la pop francophone.
Photo : Mickaël Adamadorassy pour Le Cargo!
« Où est passé ton bonheur ? » chante en boucle Témé Tan sur Ça va pas la tête?, single aux effets thérapeutiques. Le pouvoir de la pop. Lorsque les esprits sont fatigués, lorsque les oreilles se lassent d’une redondance monotone, des pépites pop surgissent et dessinent de nouveaux refuges. C’est le cas de Témé Tan, producteur et musicien de nationalité belge, ou presque. Né à Kinshasa, nourri de voyages en Amérique Latine et au Japon, Tanguy Haesevoets, de son nom civil, est un personnage étonnant. Une naïveté attachante dans un maigre corps, hautement perché, la tête frôlant les nuages.
Le résultat est une grande bouffée de chaleur rafraîchissante, un OVNI aux origines aussi diverses que les sonorités qui s’en échappent. Découvert en 2014 avec le titre Amethys, tendre hommage à sa maman décédée, Témé Tan avait pourtant ensuite disparu de tout radar musical. Le voici donc de retour, avec deux titres remarqués, dont l’un a titillé un membre de Vampire Weekend, Justin Gerrish, qu’on retrouve au mixage.
Seul sur scène, Témé Tan dévoile une infinité de possibilités afro-pop avec seulement deux claviers et une guitare, accompagnés d’un enthousiasme communicatif. Collectionnant les sourires du premier rang comme la curiosité du dernier, il dévoile au travers des titres joués son histoire, ses voyages, ses inspirations plurielles. Il nous tarde désormais de le revoir dans une configuration à la hauteur de ses ambitions, avec un groupe, afin de rendre pleinement compte de la puissance de ses titres studios. Pour l’instant, le jeune bruxellois continue de colorier la carte de France, notamment lors de sa présence au Printemps de Bourges en cette fin avril.
On ne pouvait rêver meilleure ouverture que Témé Tan pour le premier des trois concerts de présentation du nouvel album de François Mary et ses Atlas Mountains, « Solide Mirage ». Dans un cadre des plus intimistes, loin de la grande fête du Bataclan donnée pour l’anniversaire de son leader il y a trois ans, le groupe montre un nouveau visage, quasi politique, totalement humain. Jouant avec les mots comme jamais, avec leurs sonorités, leur(s) sens, il déroule six des dix titres qui compose l’album avec une maîtrise digne d’une fin de tournée. Pourtant, nous assistons ce soir à l’une des premières dates d’une nouvelle formation, Le Colisée ayant rejoint le groupe après le départ de Babe et Petit Fantôme. Une note belge dans une nouvelle page née à Bruxelles, où l’album a été enregistré.
Ce soir, on se délecte des paroles aux airs de plaidoyer pour l’accueil des réfugiés politiques (Apocalypse à Ipsos, Grand Dérèglement). Ce soir, on se délecte de la puissance live du futur tube Âpres Après. Ce soir, on se délecte une nouvelle fois d’une setlist élégante, mêlant les titres du groupe avec une juste réappropriation par François Mary de Quitter la Ville de Rone et une reprise de Jaune, fidèle compagnon de studio comme de scène.
Cette première soirée aurait pu se terminer comme les autres dates de ce début de tournée. Mais non, ce soir, dans une Maroquinerie à 100 000 volts, le groupe revient pour un rappel aussi délirant que symbolique. « Notre manager ne voulait pas qu’on la joue mais on va la jouer quand même » lance François Mary, avec une malice enfantine savoureuse. Ce sera une folle reprise du grand tube de Khaled, Didi, en arabe dans le texte. Le groupe ne tient plus en place, nous non plus, pour notre plus grand plaisir.
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