Toujours porté par la voix si particulière de Samuel T. Herring, « The Far Field », le cinquième album de Future Islands vient de sortir sur le label 4AD.

La barre avait été mise haute avec « Singles », leur précédent album qui avait marqué les esprits. À cela s’ajoute une flopée de concerts et live ovationnés pour finir d’inscrire Future Islands comme l’une des valeurs sûres de ces dernières années. Le défi a été relevé avec brio pour cet opus entêtant et poétique.

Avec leur synthé délicieusement new wave et ce son de basse omniprésent, Future Islands commence sans détour avec Aladdin, le premier morceau de cet album. Ce titre reprend tous les éléments qui font la force du groupe sur « Singles » en s’appuyant toujours sur la voix de son chanteur, mais en offrant toutefois plus de place à la batterie.

Time On Her Side poursuit sur un rythme tout aussi entraînant. Les paroles mélancoliques viennent contrebalancer une mélodie syncopée, le contraste est saisissant et se perpétuera sur l’ensemble de l’album. Future Islands semble avoir trouvé sa nouvelle formule gagnante et en use à foison.

Presque sans transition arrive Ran, le single qui annonçait The Far Field. Déjà doté d’une vidéo où l’on voit Samuel T. Herring en train de courir à travers les plaines américaines avant d’achever sa course autour d’un feu avec les autres membres du groupe, ce clip reflète parfaitement à l’image du Future Islands de cet album.

The Far Field arrive alors à son point d’orgue avec Beauty Of The Road, sans conteste le titre le plus frais et abouti dans la composition. Les variations rythmiques collent à merveille avec le timbre de Samuel T. Herring.

La plupart des autres morceaux (Cave, Through The Roses, Ancient Water et Day Glow Fire) reprennent une combinaison couplet-refrain plutôt classique et donnent tristement l’impression de n’être là que pour combler. Le groupe de Baltimore, qui s’était renouvelé avec Singles, ne se mouille pas trop en misant plutôt sur la sécurité. Les rares prises de risques notables sont les morceaux North Star et Candles. Si le premier joue sur l’accélération, le second tranche avec l’homogénéité globale par sa rupture rythmique plus franche. Des variations qu’on aurait aimées entendre plus fréquemment sur cet album très linéaire.

Enfin, le petit bonus de The Far Field est Shadows, où l’apparition de Debbie Harry fait écho avec le grand retour de Blondie, cette année.

Si cet album ne brille pas par son originalité, il confirme le tournant pris par le groupe et séduit par sa cohérence et son efficacité et les oreilles les plus attentives seront sensibles au texte d’une grande poésie.

Ce qui fait la force de ce groupe, c’est essentiellement sa présence scénique et ils seront le 9 et 10 mai à l’Élysée Montmartre!