Que d’émotions lors de ce Printemps de Bourges 2017 ! Toujours aussi éclectique, Bourges a lancé en grande pompe la saison des festivals avec des concert qui marqueront l’année 2017. Voici notre bilan !
JEUDI
Quoi de mieux que la soirée des dix ans du label Born Bad et les concerts de Parcels, Paradis, Tommy Genesis et Agar Agar pour bien commencer l’édition 2017 du Printemps ? Cela a par ailleurs été un choix cornélien en début de soirée entre le jeune groupe de rock psychédélique tropical Cannibale et la pop groovy de Parcels. Après mure réflexion, c’est la raison qui l’a emporté, notre choix s’est porté sur le live très attendu vers le deuxième groupe, que nous n’avions pas pu voir au Point Ephémère. Fort heureusement, la jauge de la salle du 22 étant proche de celle de la fameuse salle parisienne, cela nous a permis de baigner dans une atmosphère semblable à celle de leur précédente date en France. Et même si le choix a été dur, nous n’avons pas été déçu du résultat ! En effet, les australiens exilés maintenant à Berlin ont réalisé un concert dégageant une onde positive pour le plus grand bonheur de tous. Leur joie de vivre sur scène s’est étendue à l’ensemble du public !
S’en sont suivis des concerts aux genres musicaux éclectiques mais tout aussi appréciables et attendus ! Tout d’abord le live de Tommy Genesis, nouvelle recrue de la scène indé du rap. Cette canadienne a proposé un live endiablé, débordant d’énergie, sautant et dansant tout en débitant son flow rapide et incessant. Sensuelle dans ses textes autant que dans son attitude, elle aura su faire un passage remarqué au Printemps de Bourges.
C’est alors le tour du groupe qui aura marqué 2016 de jouer au 22 : Agar Agar. Malgré les nombreuses dates du groupe, c’était la première fois que nous les voyons en concert et nous n’avons pas été déçu du résultat. Le duo électro-pop propose un live plus puissant et dansant que sur disque, ce qui n’a pas déplu, bien au contraire, au public déjà chauffé à blanc avec les concerts précédents.
C’est enfin Paradis qui avait la grande responsabilité de conclure cette soirée de concerts aux petits oignons. Challenge réussi pour le duo qui a fait un bon bout de chemin depuis son morceau Garde le Pour Toi sorti il y a maintenant trois ans. Pour l’occasion en full band, ils ont donné une tout autre dimension à leur album Recto Verso.
VENDREDI
C’était certainement l’un des concerts les plus attendus du Printemps de Bourges, et on a été comblé ! Délicieuse mélodie venue tout droit des Caraïbes, Calypso Rose nous a transmis la fièvre du vendredi soir. Sa joie de vivre et son énergie nous inspirent. Elle souffle sur la salle du Palais d’Auron une force positive qui nous entraine dans une danse mouvementée. Rythmé par les sons de son orchestre, on s’arrache chacune de ses notes et on ne peut s’arrêter de danser. On pousse la chansonnette à ses côtés lorsqu’elle commence l’un de ses plus gros titres Abatinau. C’est une salle enjouée et pleine de vitalité qui prend alors place. Spectateurs et musiciens ne font plus qu’un en accord avec la voix jazz d’une Calypso Rose mémorable. Le son s’arrête précipitamment, on en voudrait encore, mais à 70 ans respect on la laisse quitter la scène avec le cœur rempli d’émotion. Il est grand temps pour nous d’avancer dans notre soirée et de prendre la route du 22. On passe bien vite d’une ambiance à une autre où l’on retrouve sur la scène suivante Part Company, où l’on a seulement pu apprécier ses dernières notes bien pop. Deux globe-trotters qui jouent une pop-rock légèrement indie.
On saute du coq à l’âne lors cette cet Happy Friday. Nous voilà débarqué devant Wax Tailor ! Rap, Jazz, électro le tout s’associe à merveille autour des platines du français. Lancé en 2005 avec Tales from the Memories il est aujourd’hui l’un des piliers de la culture urbaine. Il nous livre son dernier opus By Any Beats Necessary aux côtés de la jeune chanteuse IDIL, et de son tube For the Worst. Il accorde ses morceaux discordants les uns avec les autres, et sans même changer de salle, on pourrait presque imaginer que divers artistes y défilent. C’est la magie Wax Tailor qui fait effet.
Impossible de rentrer pour voir PWR BTTM, la salle est comble. Déçu, on retourne alors au Palais d’Auron où l’artiste Alltta nous livre un concert étourdissant. Nouveau groupe d’un des DJ de C2C, on adhère immédiatement. Histoire d’amour musical entre un français et un américain il rap rap et rap à une vitesse phénoménale. 20syl et Mr J Meideiros, connu lui pour être chanteur des Knives, se déchaînent sur des rythmes frénétiques, ce qui donne une heure de son hip hop bien maitrisé. Des textes placés sur des notes éléctro d’une platine en parfait accord avec les voix des deux artistes. Dj, rapeur, le duo talentueux nous donne envie d’écouter en boucle son dernier album The Upper Hand. L’euphorie nous emporte et on vit la soirée au rythme des artistes, à 1000 à l’heure.
Vient le tour de Fakear, connu pour ses nombreuses prestations au Printemps de Bourges, le jeune Théo n’en est plus à son premier concert. Après un passage aux Inouïs en 2014, son album Animal le projette au devant de la scène musicale française qui l’accueille à bras ouverts. Elle est loin l’époque où Fakear nous faisait danser avec juste un Pad, la famille s’est agrandie, et ses morceaux sont accompagnés d’un véritable band.
On prend un break avant de repartir et de finir notre soirée aux côtés de Deluxe. On jette un œil à l’after party de La Prairie mais personne n’est là encore, nous revoilà donc au W. Plein phare sur la moustache qui s’illumine et prend forme avec l’étincelante voix de la chanteuse LiliBoy. Entouré des cinq musiciens du groupe il nous livre des teintes groovy mixant funk, éléctro et hip hop. Le groupe d’Aix en Provence qui fête cette année ses 10 ans est devenu l’un des phénomènes de la musique française. Dopé aux vitamines, Deluxe entraine le public dans un élan de folie. La scénographie maîtrisée produit l’effet tant attendu d’un spectacle impeccable. La soirée Happy Friday ne nous entrainera malheureusement pas jusqu’au bout de la nuit à cause d’une panne électrique. On retiendra pourtant ce vendredi très franco français, à quelques exceptions près, comme une nuit bien enflammée.
SAMEDI
M.A Beat, c’est avec lui que l’on commence ces concerts des Inouïs du Printemps de Bourges. C’est une fin de journée placée sous le signe électro qui débute au 22. Électronique oui, mais musique française avant tout, le trio nancéien lancé en 2012 qui tourne autour d’une basse/clavier, d’une guitare et d’une batterie mixe ainsi des notes acoustiques futuristes. Roulement de tambour avec Leska alias Les Gordon et son compagnon de scène Douchka. Le duo réveille le public, en cognant d’une puissance ébouriffante leurs instruments. Ils sautent d’un instrument à un autre à la sueur de leur front pour nous faire vivre leur musique comme eux la perçoivent. Un combo gagnant intense et dense, qui brasse beat music et afro electro. Leur single I Got You, est un partage d’émotions né d’un amour inconditionnel pour la musique électronique, le tout produit made in Bretagne.
Les bonnes surprises s’enchaînent ce samedi, puisque l’on passera notre début de soirée avec French 79 qui nous en met plein la vue. Pas si farfelue mais bien ajustée, sa musique est une alternative à la musique électronique. Une belle scénographie accentue sa mélodie, les lumières virevoltent à chacune de ses notes. Simon Henner guitariste de Nasseer et d’Husband ou encore producteur de Kid Francescoli, façonne différents styles de musique. Son projet solo est donc le résultat d’une electro à la french touch bien prononcée. Son premier album Olympic a fait écho jusqu’à Bourges, où il est ici acclamé par un public séduit. Le moment pour nous de dire au revoir à l’artiste marseillais car de l’autre côté Yuksek part en live. On retrouve un W déchaîné pour la Rock’N’Beat, vibrant sous les enceintes de la scène extérieure. On ne vous présente plus le génie qui nous fera sûrement danser encore des années, on l’espère ! Une chance pour Bourges, et pour nous de pouvoir profiter de ses quelques derniers morceaux. Un final comme on les aime où Yuksek joue Daft Punk, et on adore.
Yuksek a à peine plié bagage que la scénographie du chaotique Molécule entre sur scène. Romain Delahaye alias Molécule présente le live de son album au nom complexe 60° 43’ Nord. Artiste inspiré par Baudelaire et son amour pour la mer. Libre et vaguant au grand jour, ses vidéos en fond sonore filment les vagues d’un océan mouvementé. Une météo orageuse à l’image de sa musique tumultueuse qui surprend le public. Il offre une techno sombre et animée en lien avec son périple de 34 jours en mer à bord d’un chalutier, où il a enregistré son album. La nature. Un artiste complet, qui n’a pas fini de nous surprendre. On aurait presque le mal de mer en restant fixé sur ses images, mais sa techno nous ramène à la réalité. Instant techno brutale quelques minutes plus tard avec le duo Mind Against. La prestation des deux frères dj, Alessandro et Federico Fognini sera dansante comme on l’aime. Rien à dire de plus si ce n’est qu’on leur accorde un 10/10 pour la catégorie musique berlinoise présente à Bourges ce weekend.
Juliette Armanet, elle est notre petite fée de la soirée. Elle est notre break sonore, elle inondera la salle du 22 de sa joie de vivre et de sa voix délicate. Un sentiment de douceur nous emporte et nous transporte au delà des murs du Printemps de Bourges. Les yeux dans les yeux avec le public, elle chante d’une voix douce des histoires d’amour. A travers ses textes elle nous enseigne ce qu’est le véritable amour. Nous voilà donc tombés amoureux… amoureux d’elle, de son personnage, de sa présence sur scène et surtout de sa voix.
Le reste de la soirée se déroulera dans une ambiance beaucoup plus sombre. Vitalic, vitalité énergisante qui nous ramène quelques années en arrière où l’on était fan d’une électro façon Space Invader. Pourtant ses derniers morceaux se tournent vers une disco plus seventies. Une prestation variée, placée sur un piédestal avec une scénographie lumineuse ultra colorée dans l’espace gigantesque du W. It’s time to dance ! Mr Oizo déboule lui avec sa freak musique déconcertante et inquiétante. Mr Oizo l’être de l’étrange provoque en nous une folle agitation. Notre corps est bouleversé et s’agite dès que l’un de ses sons fait son apparition. Mr Oizo livre un Dj Set efficace à une heure bien avancée de la soirée où la foule ne demande que ça. Remixs, mixs et sons originaux font bien leur job, on finit ce Printemps de Bourges comme on l’avait commencé : affamé de nouveautés alors vivement l’année prochaine !
Noëmie Beltran & Mickaël Burlot
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