Le MaMA avait lieu la semaine dernière et le premier jour était synonyme d’espoir pour des artistes aussi talentueux qu’éclectiques, nous vous racontons!

Ce n’est pas compliqué, pour cette édition du MaMA la rédaction cherchait des pépites à se mettre sous la dent, rien que ça. Pas du genre qui pourrait nous tomber dans l’oreille et qu’on aurait si tôt fait de zapper croyant (parfois à tort) l’avoir déjà entendu mille fois. Alors on a dépioté le programme, pistant les titres et flairant la trouvaille pour préparer cette nuit d’aventure dans le Pigalle contemporain.

Laura Perrudin

Pour commencer, Laura Perrudin nous a guidé dans son imaginaire travaillé. Munie d’une harpe électrique, de quelques pédales et de sa voix, c’est dans un paysage fantasmagorique et lunaire que ses chants de sirène nous ont entrainés.  Dans une quasi-performance en soi, elle malmène son instrument au gré des ambiances qu’elle dessine, faisant de sa harpe ici un synthé, là une contrebasse, une guitare électrique ou encore des timbales.

Dans une maitrise parfaite de genres multiples qu’elle semble revendiquer, elle passe en trente minutes de temps d’un morceau de jazz au rythme swingué et aux accords complexes à une musique concrète planante sur fond de bodypercussions. À travers ses histoires on retrouve les influences de Air, Bjork, Camille et Mélodie Gardot réunis. Si « le venin du doute coule dans [ses] veines » selon les paroles d’une de ses chansons, nous n’en avons plus aucun sur l’intérêt de suivre Laura Perrudin.

Jean-Michel Blais

C’est ensuite dans la chapelle du lycée Jacques Decour que nos pas nous ont menés. On ne pouvait qu’imaginer un artiste avec une sacrée prestance pour contrebalancer ce silence de cathédrale. Un challenge à la hauteur du montréalais Jean-Michel Blais et de son piano à queue Gaveau. Déjà à la manière dont il pose ses doigts sur les touches, on sent que ce n’est pas seulement un artiste qui joue de son instrument, que cela va bien au delà.

Ces deux là dialoguent, pour sûr, ils se donnent des idées. Ils nous transportent vite et loin dans un autre temps, évident, où l’association des notes résonne à faire vibrer nos émotions. Entre deux pièces, il nous rattrape légèrement pour qu’on ne s’envole pas trop haut. Dans un échange informel avec le public, il lui confie au fil de l’écoute les clés de lecture de son travail et celui des autres (il a régalé nos oreilles en interprétant Opening de Philip Glass), et fait voler en éclats le quatrième mur avec humour et bienveillance.

Labelle


Pour finir, Labelle et sa maloya électronique nous ont emmenés au coeur de la jungle réunionnaise déployée dans la Machine du Moulin Rouge. Accompagné de deux musiciens, aux instrument à cordes pour l’un, aux percussions pour l’autre, Labelle, à travers ses machines, révèle la diversité des sons traditionnels de la Réunion agrémentée d’autres ambiances, brutes ou carnavalesques, toujours percutantes.

À la façon d’un Chancha de Circuito ou de Volapuk, il nous fait voyager dans un monde sensible, riche mais sans compromis. Dans cette grande escapade, on a visualisé les lianes peuplées d’oiseaux d’eau qu’il a fallu écarter pour mieux entendre le coeur battant de la Terre, des pieds jusqu’aux tempes. Comme un invitation à entrer dans la ronde, à entrer dans la transe.

En conclusion, cette première nuit, aura été une bonne introduction à la théorie de la pluralité défendue par le festival, voyage à travers le temps, l’imaginaire et l’espace, dans le quartier de tous les possibles.