Nous avons beaucoup dansé lors de la dernière soirée de l’édition 2018 du MOFO Festival à Mains d’Œuvres. Il faut dire que le line up était riche, entre surprises et confirmations. Bref, nous avons passé un samedi soir au MOFO.
La quatorzième édition du festival indépendant MOFO a repris ses quartiers dans la friche culturelle Mains d’Œuvres à Saint-Ouen, aux portes de Paris. Trois soirées aux frontières de nombreux genres musicaux (kraut-rock, noise, techno industrielle, lo-fi, pop etc etc..). Aux côtés de valeurs sûres telles que Camera et Francis Lung, le public pouvait découvrir des créations inédites, celle d’Etienne Jaumet x Emmanuelle Parrenin x Eat Gas a notamment marqué les esprits en ouverture de festival. En parallèle des concerts, répartis dans deux salles, le MOFO proposait des DJ set, une exposition ainsi qu’une installation immersive.
Alors que le festival figure chaque hiver sur notre l’agenda, ce cru 2018 pourrait être le dernier des derniers. En effet, une médiation au sujet de Mains d’Œuvres, dont dépend le festival, a été mise en place de justesse au 1er janvier 2018, c’est-à-dire au lendemain de la fin du bail de la friche culturelle. Cette nouvelle sonne comme une petite victoire après un an de lutte acharnée contre un maire qui a exprimé publiquement son souhait d’évacuer Mains d’Œuvres et de reprendre le bâtiment… pour y installer le Conservatoire de Saint-Ouen. Face à cette résolution moyennement rock’n’roll, le MOFO, « sans bail et sans complexe », prenait cette année le risque d’un line up moins mainstream, puisque l’on pouvait y voir l’année dernière des groupes tels que Grand Blanc ou les successful Rendez-Vous. Pari gagnant cette année, avec deux des trois soirées complètes.
Revenons sur ce dernier soir, Samedi 20 janvier, qui réservait son lot de surprises. La prestation de Lispector, maman lyonnaise du lo-fi de salon, a déçu par un manque de fluidité. La surprise française de la soirée fut Musique Chienne. Percussionniste de formation, aperçue aux côtés de Lomboy entre autres, Sarah-Louise Barbett défend un projet électronique complexe mais qui parle pourtant directement au corps, par des compositions aux mélodies entêtantes. Seule sur scène, Musique Chienne sample à l’infini et donne l’illusion d’un groupe, voire d’un orchestre entier de percussions. Nous suivrons avec plaisir ce projet étonnant, illustré sur le compte Instagram de Sarah-Louise Barbett, également dessinatrice.
S’il pouvait manquer une voix, celle d’Omar Souleyman, sur les arpèges hypnotisants de son claviériste, qui a fait salle comble au milieu de la soirée, la prestation des néerlandais de Dollkraut Band approchait la perfection. Le trio à la scène construit des montagnes lo-fi, quasiment instrumentales, qui nous ont fait tourner la tête. Armés seulement d’une batterie, d’une basse, de deux claviers et de longues capes 70’s, Dollkraut Band ont déroulé, sans aucun visuel, un son fantasmagorique et complètement imagé, longuement applaudi à la fin.
Quel plaisir de retrouver Francis Lung dont les riches et diverses expériences en solo font presque oublier que ce jeune anglais a fait ses armes au sein de WU LYF. Entouré d’un groupe au dress code paillettes et principalement masculin, Francis Lung a bien évidemment joué les singles lumineux A Selfish Man et Dance 4 Sorrow. Pour le reste du set, si l’on s’attendait à la présence des ballades folk de l’EP Vol.1, sorti il y a deux ans, le Mancunien nous a surpris en interprétant des réjouissances pop 60’s que l’on espère retrouver sur album prochainement.
Il est presque 23h lorsque DBFC montent sur scène. Chaud-bouillants, ils le sont restés jusqu’au dernier titre et ont donné une performance folle. Le duo, accompagné de deux musiciens en fond de scène, prend plaisir à jouer la collection de tubes qui ornent l’album Jenks, sorti l’année dernière. Ca tombe bien, le public qui leur fait face prend le même plaisir, presque décuplé.
Convoquant les esprits des plus grands noms de la scène britannique des années 80 et 90, The Stones Roses en tête, DBFC paraissent grands, très grands ce soir sur cette petite scène. Ce n’est pas un hasard si David Shaw, veste à carreaux et rouflaquettes au poil, est né à Manchester. Ses petits pas de danse, sublimés par un lightshow en ombres chinoises, lui dessine une prestance qui électrise les premiers rangs. Le set ne leur donne d’ailleurs aucune seconde de répit. La machine DBFC, qui ne s’éteint qu’une fois les lumières rallumées, était sans aucun doute la meilleure façon de clore cette 14ème édition du MOFO. On espère pouvoir prendre le même plaisir l’année prochaine. Cap ou pas cap ?
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