Jungle faisait un concert sold out au Trianon et nous vous racontons !
À peine les premiers accords résonnent dans le Trianon, que nous sommes à deux doigts de forcer la billetterie pour arriver dans la salle incandescente. Le public, on ne sait pas par quelle magie, est déjà déchaîné. N’ayant pas entendu la première partie, on met donc ça sur le compte de l’attente autour du second album de Jungle, sûrement prévu courant 2018.
C’est comme si la salle elle-même avait ouvert ses bras pour les accueillir, les balcons sont garnis de têtes jeunes et moins jeunes : comme quoi le groupe a su rassembler une fanbase assez large par ses sonorités hybrides entre soul, pop et musiques électroniques.
Le rougeoiement des ampoules de la scénographie accompagnent l’ouverture est en douceur avec une nouvelle track : le public est attentif. Ils n’avaient pas joué en France devant le Pitchfork en novembre dernier, et c’est l’occasion pour eux de dévoiler des nouvelles compositions. Deux femmes se chargent des chœurs gospel qui accompagnent la voix de Josh qui alterne entre console et guitare, et celle de Tom qui avive la foule de son accent typique de la banlieue londonienne.
Bien loin de leur premier projet Born Blonde, l’utilisation de filtres micro anti-pop donnent à Jungle une sensualité à leurs mélodies suaves inspirées des 70’s. Leur 1er album, et les pistes qu’ils laissent traîner pendant le concert font plus penser à un mélange entre Moodoid pour la prestance soul et disco sur scène et Daft Punk pour le côté geek de console. Avec le projet Jungle, les deux complices ont pris une place significative dans le paysage musical international, entre mainstream et underground, ils ont dopé la soul anglaise à grand renfort d’accords novateurs et de consoles rétro.
The Heat en 3ème titre marque le vrai début du concert, chaque titre est conclu par la clameur du public chauffé à blanc par l’ambiance or et rouge. Les caisses claires résonnent, certaines tracks sont étendues par des puissants riffs de guitare électrique qui viennent cueillir les spectateurs. Malgré la reprise en chœur de chaque refrain, les twists sont d’agréables surprises. On reste stimulé par la plus-value de la formation live, ils nous sortent de notre confort d’écoute, mais sans toutefois lâcher réellement la bride.
Happy Man est lancé en 4ème morceau, c’est un des deux titres échappés de leur second album il y a deux semaines. Avec ce nouveau titre, on pourrait dire que Jungle reste sur un style et des thèmes similaires, ils parlent de la société de consommation évoquée également dans ‘Busy Earnin’ mais pourtant les choeurs vont porter les nouveaux morceaux, et les nouvelles inspirations du projet vont venir enrichir le second album.
Les complices de Jungle ont décidé de varier les rythmes et d’alterner entre les nouvelles et les anciennes tracks déjà bien poncées. Les lumières baignent la salle d’une l’ambiance propre a chacune des tracks. Le soleil se lève sur la scène lorsqu’ils interprètent House in L.A. qui prend toute son ampleur en live. Une mélancolie luxuriante, propre à Jungle, devient plus insistante sur ce titre. Les visages autour de nous s’éclairent, les bras se lèvent et ondulent portés par les accords.
Une chaleur envahit progressivement le Trianon, les transitions s’allongent, donnent plus de place à l’improvisation instrumentale qui laissent les musiciens se détendre un peu. La gestuelle du duo est coordonnée sur un même rythme et nous fait penser qu’ils ont gagné en prestance depuis leurs premiers concerts, mais reste (trop?) calés.
A mi-parcours Lucky I got What I want secoue la jungle d’accords sensuels et cathartiques, la guitare électrique guide la messe. Le parquet du Trianon sature sous le pas de chaque danseur absorbé par la performance. Les accords lâchés nonchalamment en début de morceau sont écoutés religieusement : ce qui nous a valu quelques regards réprobateurs lors de nos commentaires sur l’une des meilleures interprétations du concert.
La suite déclenche exclamations et des palpitations cardiaques. Aussi frustrant que cela puisse être à lire, notre rigueur journalistique nous impose de décrire les compositions du nouvel album. Construits sur un rythme de basse solide, des vagues disco éparses évoluent peu à peu sur de la house qui envahit l’espace puis conquiert le public. La voix des femmes choeurs soul émergent, Josh et Tom s’effacent derrières leurs machines et laissent aux choeurs le lead d’un morceau dansant et funky. Les choeurs apportent un côté R’n’B très marqué et teinte la musique d’une sensualité grave.
Nous étions sceptiques sur la capacité de Jungle à surprendre après leur excellent 1er album, on reste dans une ambiance cosy, mais dynamisés par l’arrivée d’inspirations house et la disco qui viennent nourrir leurs nouvelles compositions. Leur nouvel album prend de la profondeur, récupère ce qui a fait le succès du 1er album pour se laisser aller à des accords mêlés de R’n’b et de soul, appréciables chez des djs mais génial à voir en formation massive en live. Ils continuent sur leurs lignes d’accords, où à la puissance des machines et des cymbales du 1er album ils opposent des compositions plus matures et des apports musicaux subtils qui inondent la salle d’une folie douce.
Après un long moment de rappel, où balcons et fosse sont à l’unisson, nous les voyons logiquement revenir pour un unique titre. Le refrain de Time résonnera jusque dans la rue et les proches terrasses où le concert de Jungle maintiendra les sourires et l’euphorie intacte.
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