Nous étions à la Maroquinerie, pour la dernière date de sa tournée d’été. Témé Tan y a fait rayonner la chaleur accumulée pendant la saison pour entrer en fusion avec le public.
Nous ressentons la température déjà haute depuis l’escalier qui mène au concert en même temps que les premières paroles chantées par Tanguy Azévu, aka Témé Tan, parviennent à nos oreilles. Karami et son nouveau projet solo présenté en première partie y sont probablement pour quelque chose, mais en passant la porte, on constate que l’énergie dégagée par le natif de Kinshasa, et la communion qui s’est opérée avec le public d’entrée de jeu, irradie depuis tous les visages jusqu’aux parois de la salle.
On comprend vite qu’il a su tirer le meilleur des trente-six dates enchaînées depuis fin Juin, dont des passages notables au Hello Birds, Solidays ou encore au Sziget, pour rôder son album sorti en Octobre 2017 chez Tian/Pias.
Même s’il ne s’agit que d’une mise en bouche, les premiers morceaux, dont « Olivia » et « Coups de griffe », agitent nos jambes et échauffent nos gorges comme si on était au plus fort du concert. Les sonorités pop tropicales prennent la profondeur et la coloration rock sur scène qui peut parfois manquer en première écoute. Chaque morceau se prolonge par une tirade de Témé, qui nous parle de crocodiles comme de l’importance d’une date à Paris pour finir sa tournée, et de nous rappeler que ce sont ses premiers passages dans la ville qui ont propulsé sa carrière. Il convie pour l’occasion sa « sistah » Célia Wah à le rejoindre, pour un accompagnement flûté à l’énergie envoûtante.
L’ambiance se fait plus intimiste pour les titres « Le ciel » et « Tatou Kité ». Une scénographie convaincante de simplicité, tenant en cinq lais de toile tendue blanche éclairés par le bas donne une assise forte à son jeu – d’acteur autant que de musicien. C’est par moments sa seule ombre qui se détache sur ce fond, assurant la poésie confinée de l’instant, tandis qu’à d’autres c’est toute sa personne, qui s’en trouve ainsi rapprochée des spectateurs.
Jouant de cette proximité, il se lance dans l’entêtant « Améthys », dont l’assemblée, se balançant d’un côté à l’autre des gradins, reprend le refrain et le prolonge indéfiniment, donnant à la limpidité de ses accents enfantins toute l’ampleur de l’hommage que Témé Tan a souhaité y rendre à sa mère.
Les tout aussi tubesques et afro-pop « Ca va pas la tête ? » et « Champion » voient le thermomètre grimper d’encore plusieurs crans, à la mesure des balancements et déhanchements qui accompagnent chaque envolée de l’artiste. On croit le concert terminé sur un 10/10, mais Témé Tan a gardé le « Menteur » pour la fin, et emmène ses accents disco-groovy vers des impacts techno endiablés. La MPC et la petite guitare d’où nous proviennent ces sonorités sont chauffées à blanc tandis que l’artiste, micro en main, joue du public qu’il fait sauter à l’unison.
A peine la dernière note terminée, une ovation traverse la Maroquinerie pendant plusieurs minutes, à laquelle Témé répond d’un sourire radieux, et par d’émouvants adieux de fin de tournée. Il nous déclare au passage son intention de venir habiter Paris, où il présentera en 2019 son deuxième album en cours d’élaboration. Rendez-vous est pris l’année prochaine pour à nouveau prolonger l’été !
Axel Simon
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