Listen Up était aux Transmusicales et aux Bars en Trans’ à Rennes en ce début Décembre. Les 40e et 25e éditions des festivals seront des très grand crus. A déguster immédiatement sans les stocker dans sa cave. On vous oriente vers les pépites qui ont marqué ces trois journées des Transmusicales 2018. Trois journées riches en découvertes, évidemment, que nous avions préparées ici. Trois journées que nous vous restituons en trois temps, un par jour dont voici le dernier, riche en mélange des genres et en musique Techno.

JOHAN PAPACONSTANTINO

Dans l’obscurité de l’Etage, nous réussissons à nous faufiler parmi la foule pour apercevoir ce prodigue de la pop dont tout le monde parle. Seul derrière son micro, accompagné de sa guitare électrique et son synthé, Johan Papaconstantino commence son set avec détachement. Dès les premières notes, on se sent emporté dans les calanques, au bord de la Méditerranée, la vibe orientale et l’approche funk de la musique du Marseillais nous fait rouler des épaules.

A la fois tristes et entraînantes, dotées d’un son hyper novateur revisitant la musique grecque de ses origines, les chansons du jeune homme témoignent de son talent de musicien compositeur. C’est avec une nonchalance naturelle que le jeune homme enchaîne les morceaux, il partage peu, semble juste là pour vivre sa musique et étrangement on ne lui en veut pas. La qualité et la modernité de sa pop électro funky suffisent à rendre le moment magique.

Tout premier concert de cette troisième et dernière journée de festival, Johan Papaconstantino nous a mis en haleine pour la suite des festivités.

MAKENESS

La lune est déjà haute dans le ciel nocturne du parc des expositions quand Makeness passe derrière ses machines, dans le Hall 9. Et puisqu’elle est cachée derrière d’épais nuages, Makeness nous l’amène sur scène.

D’abord à travers sa scénographie, un cercle sur lequel sont projetés des visuels psychédéliques, qui figurent un astre nocturne mouvant, autant que de vastes cartes du ciel dans lesquelles on voyage pendant tout le concert.

Ensuite à travers sa musique, bande son parfaite pour un voyage sur la lune. La sonorité, amplifiée dans le vaste hall, est aussi lunaire que lunatique, et nous fait quitter le sol dès les premières notes. Makeness délivre une électro très planante, à laquelle on s’attendait, mais la concilie parfaitement avec quelque chose de bien rock, qui surprend par rapport au sons de son album Loud patterns (Secretly canadian), s’approchant plus de Caribou ou Gold Panda. Le musicien écossais s’inscrit dans la lignée de ces artistes qui savent rendre l’indie si groove en live, comme sur Stepping out of sync.

Le musicien écossais, Kyle Mollesson, nous gratifie d’un bon gros « Fuck Brexit », qui recueille un grand enthousiasme du public du hall 9. Quel que soit l’avis de chacun, après un tel concert, on est déjà dans la lune…

LA FRAICHEUR

Nicolas Mérienne

On poursuit notre soirée au Parc des Expositions avec comme mise en bouche, la Techno énervée de La Fraîcheur. La Française actuellement installée à Berlin est une grande habituée de meilleurs clubs européens et ça se sent. Dans le mythique et gigantesque Hall 9 inondé de lumières bleues, elle débute son set sans fioriture et nous fait directement taper du pied. Pour son premier show aux Transmusicales, on sent que la jeune activiste féministe veut tout casser. Son set tapageur aux tendances acid techno nous a mis directement dans le bain pour le reste de la soirée qui s’annonce très électro.

NIHIXOLICA

Nicolas Mérienne

La soirée continue dans le Hall 9 pour le live de techno tribale de Nihiloxica. Le groupe composé de six percussionnistes ougandais et deux musiciens anglais, à la batterie et au synthé, livrent une musique ultra rythmée presque tribale.

Leur set est vibrant, la rythmique hyper rapide et les sonorités organiques des percussions alliées à la techno du batteur et du claviériste nous envoûtent littéralement. Un coup d’œil à droite à gauche et on se rend compte que tout le public danse frénétiquement le sourire aux lèvres, lui aussi est en transe, objectif atteint pour les huit musiciens. A la fin du concert, les mystérieux percussionnistes nous réveillent de notre torpeur et dans un geste de soutien enfilent des gilets jaunes, une vision comique qui nous ramène à la réalité.

 

AL-QASAR

Nicolas Mérienne

 

Al-Qasar, c’est la parfaite union musicale entre l’Orient et l’Occident, la fusion de la musique rétro orientale psychédélique et du garage rock, où les mandolines côtoient les guitares électriques. C’est le concert qu’on ne voulait pas manquer en cette dernière soirée.

Et on a bien fait ! Les six musiciens français, marocains et algériens étaient extrêmement heureux d’être là et nous l’ont bien fait sentir. L’ambiance était chaude dans le Hall 3, hyper-communicatif le super groupe a conquit le public dès les premiers instants.

Du début à la fin, les guitares ont vibré, l’oud a sonné, la batterie a tonné, tandis que par-dessus s’élevait le chant arabe de Simo Bouamar. Pendant une heure, les musiciens ont tout donné avec par moment de super solos de guitare et de mandoline. Al-Qasar nous a inondé de son garage rock orientale puissant, repoussant les limites de la musique psychédélique.

 

FABRIZIO RAT

Retour au Hall 9 et retour à la Techno avec Fabrizio Rat. Membre du groupe Cabaret Contemporain, cet italien virtuose du piano propose une nouvelle manière de jouer de la techno avec son instrument, on attend un live très visuel.

Il arrive sur scène, vêtu d’un costume à la manière d’un pianiste classique. Sur scène, un piano à queue et des machines près desquels il s’assoit et commence. Débute alors une prestation très mécanique, de sa main droite, il pianote une mélodie qui se répète continuellement tandis que de sa main gauche il tripote ses machines d’où il sort des kicks et un son acid d’une cadence très rapide. Derrière lui, une vidéo diffuse des patterns en noir et blanc, entrecoupés par des images de touches et de marteaux de piano.

L’artiste, extrêmement concentré garde le rythme et joue continuellement de sa main droite en véritable homme-machine. Le piano devient un instrument à percussion à part entière. Le son produit est une acid techno à la mélodie répétitive dont l’écoute prolongée nous plonge dans un tourbillon hypnotique. Au-delà d’un concert, ce live est une véritable performance artistique, l’italien fait se rencontrer la techno et la musique classique dans une prestation expérimentale fascinante et plonge le hall 9 sous hypnose.