Le concert de Corps et Contrefaçon, c’était le 15 Mai 2019 au Point Éphémère. Dingue. Quand Corps stimule l’exploration des anatomies, Contrefaçon les fait s’entrechoquer dans un fracas magnifique. Le combo des deux groupes parmi les plus assoiffés d’énergie scénique du moment aura fait communier le public du Point Éphémère dans un interminable orgasme. On t’en raconte les détails.
Corps
La salle de concert du Point Éphémère est une belle bête ténébreuse qui ne se laisse pas facilement apprivoiser. Qu’à cela ne tienne, Corps lui susurre à l’oreille les mots qu’il faut pour lui passer la bride dès les premiers accords d’A Corps. Une fois l’espace ferré, le duo n’a plus qu’à prendre tout le monde dans le mouvement avec la techno de Perdu. Maintenant on y est, maintenant, le concert commence.
L’introduction orientalisante de Sur l’Autoroute lance la grande liturgie commune. On renonce à tous nos désirs terrestres pour obéir aux commandements messianiques du chanteur – « Non, je ne veux plus baiser. Je préfère marcher sur l’autoroute. » L’absolution est immédiate: on se retrouve propulsé à 180 à l’heure à contresens dans le tunnel de l’ivresse.
Le concert prend à chaque seconde un peu plus la forme d’une invocation d’Éros. Sous les pulsions des paroles, leur poésie, leur approche des désillusions aussi, on lâche tout . Cambré.e.s sous la houlette des deux gourous de Corps , approchant l’entrée en transe!
Plus d’écrans, plus d’interfaces, plus de frontières. Corps te ramène dans le tien, qui te ramène dans celui des personnes qui t’entourent, en connexion directe, physique, intégrale. Ça s’entrechoque et ça s’aime! Le set de Corps fait langoureusement agiter les corsets. Corps, en corps. Corps, encore!
Prochaine Douche Blanche (sonore) par le duo le 5 juillet au Festival La Douve Blanche.
Contrefaçon
Le quator d’Aubervilliers ne fait pas mentir Karl Zéro: « Méfiez vous des contrefaçons! » Maintenant on sait pourquoi. Impossible de rester statique de la première à la dernière note! Autant dire qu’un bon mois de mise en condition physique est nécessaire pour se pointer devant la scène où ils officient. C’est parti pour un Concert à Durée Indéterminée, bien Deter, de sauts fraternels contre tes voisin.e.s de fosse.
En un morceau, le taux d’humidité et la chaleur de la salle rejoignent ceux d’un cœur de jungle équatoriale. La moiteur qui s’échappe de la zone « pogos » offre un hammam gratuit à tout le public. Coool!
Il faut dire que les maîtres de cérémonie ne te laissent aucun moment de répit pour arrêter de te mouvoir de façon désarticulée en tous sens. Danser, Penser, Danser, Penser, et rien d’autre. Ils assènent des coups de kick à un rythme implacable et impeccable, entre deux drops acides qui te font quitter le sol.
Si tu espérais pendant ce temps au moins pouvoir concentrer ton regard vers un coin de la salle où ça bouge moins, pour échapper à cette gigue incontrôlable, c’est peine perdue. Les visuels projetés derrière les deux présences scéniques (sur les quatre que comptent le groupe) matraquant aussi vite que leur musique leurs clips et leurs noms à la façon de Gaspard Noé dans le générique d’Enter The Void. Manière de rappeler que Contrefaçon se définit comme un « Music Video Band ». Le vu compte pour eux autant que l’entendu. La séance cinéma se rajoute dans le package de la soirée. Mieux que Cannes, à la différence que l’on danse sur un tapis de rouge plus qu’un tapis rouge!
Pyromanes corporels jusqu’au bout-istes, Contrefaçon se délectent d’user tes Air Max jusqu’à la semelle et de ne pas te laisser sortir autrement que lessivé du Point Éphémère. Comment? C’est aussi ça le but d’un concert? Ah mais ouais, c’est vrai, merci!
Prochaine douche tout court avec Contrefaçon le 24 Mai au Kilowatt (Vitry sur Seine), dans le cadre du Festival Sur les pointes #11.
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