Alors que le Black Friday fait descendre la moitié de la France de -70% sur l’échelle de Darwin, Baston sort un nouvel album qui élève nos cerveaux de grands singes.

Porté par Howlin’ Banana Records, « Primates » propose du rock comme on en avait pas entendu depuis un bon bout de temps. Le label à la banane hurlante fait encore une fois mouche en remettant Baston sur le devant de la scène, trois ans après leur quasi disparition des radars.

Homo Sapiens, viens prendre ta claque avec ‘Primates’!

Dès le début de l’album, ‘Drang Nach Osten’Baston étend sa patte d’anthropopithèque pour nous gratter l’oreille. Viens là que je te débouche ça pour les remplir de bon krautrock synthétique made in Bretagne! Le groupe est à l’Ouest, mais il est impossible de ne pas penser à des groupes de l’Est comme Camera ou Neu! quand on écoute l’album.

Une influence très « pays du Pacte de Varsovie » qui est bien présente dans la musique comme le clip de ‘Primates’ (ci-dessus). Le morceau est la bande son idéale pour s’envoyer en l’air, littéralement, avec ses nappes de synthé à propulsion atomique et sa rythmique à faire décoller des fusées. Baston y remonte la chaîne de l’évolution à grande vitesse, faisant passer nos cerveaux préhistoriques du stade primitif à celui de savants fous en mesure d’envoyer ceux de notre espèce dans l’espace.

Une fois nos oreilles bien propulsées dans le grand vide stellaire, la suite de l’album leur envoie quelque chose de sacré, de vaste et d’universel. Les guitares réverbérées font scintiller un imaginaire psychédélique oscillant entre spirituel (‘Transept’), légendaire (‘Domovoï’, du nom d’un esprit protecteur présent dans des contes Russes) et mythologique (‘Achilles’). Leur motörik pop répond à merveille à un post punk soviétisant pour faire vibrer l’Univers.

« A aucun moment vous n’avez envisagé que cette viande dans le frigo…soit votre mère? »

Jusqu’à l’interruption bien brutal du bien sanglant ‘Viande’. Retour sur Terre, direct du droit, dans les âges sombres. D’un besoin primaire des débuts de l’humanité, soutenu par une musique quasi tribale, le groupe prend à rebours nos côtés sauvages, en invoquant des tueurs en série français des dernières décennies. « A aucun moment vous n’avez envisagé que cette viande dans le frigo…soit votre mère? » Glaçant.

Non, notre barbarie de primates n’est jamais loin. Mais Baston s’appuie sur la musique et une bonne dose d’humour noir pour déployer tout le panel de ce qui fait grandir l’humanité. Le talent musical des Rennais et leur habileté à raconter des histoires aux niveaux de lecture multiples dans leurs morceaux envoie d’un bon uppercut ‘Primates‘ vers les sommets des albums de l’année!

L’album complet est à écouter ci-dessous.