Jeudi 31 mars, le Pop Up du Label accueillait pour son premier concert parisien King Hannah venu de Liverpool pour présenter son premier album, « I’m Not Sorry, I Was Just Being Me », sorti en début d’année chez City Slang.

Le concert était sold out depuis plusieurs semaines déjà. C’est donc un public assez impatient et nombreux qu’on s’attendait à retrouver dans la salle du Pop Up. Et en effet, dès l’ouverture des portes, la salle se remplit rapidement bien avant l’arrivée du groupe. Force est de constater qu’on aperçoit un peu plus de cheveux grisonnants qu’à l’accoutumée dans cette salle. Après tout, bien que King Hannah soit un groupe jeune, ses influences musicales apparentes se trouvent plutôt du côté des années 90. On pense à Mazzy Star pour le côté rock teinté de dream pop, à PJ Harvey pour la rythmique bluesy sombre, mais aussi à Portishead pour l’ambiance éthérée (« Foolius Ceasar » en particulier, difficile d’échapper à la comparaison…). L’album en lui-même est une franche réussite qui va finalement à contre-courant des tendances générales qu’on entend aujourd’hui, et qui ressuscite un pan du rock indépendant qu’on avait presque oublié dans les productions actuelles.

Peu après 20h, c’est d’abord Camille Camille qui ouvre la soirée. Venue de Belgique, elle accompagne le groupe sur une partie de leur tournée. Sur la forme, c’est la plus simple possible: guitare et voix. Mais quand on a une voix – et une maitrise de sa voix – comme celle de Camille Camille, les autres instruments deviennent superflus. Avec un jeu de guitare subtil et mélodique, elle délivre une prestation pleine de justesse qui convainc manifestement la salle dès les premières notes, tant les retours semblent enthousiastes. Le public est sage et envouté par les chansons qui défilent les unes après les autres, et on se surprend à se dire « ah déjà terminé ? ». Camille Camille prévient: « vous êtes pas prêts pour King Hannah ». On espère qu’elle a raison, et en attendant, on va continuer à garder une oreille sur ce qu’elle fera à l’avenir.

Vers 21h30, c’est par le côté de la scène qu’arrivent les membres de King Hannah et leur groupe live. Le duo composé de Hannah Merrick (chant/guitare) et Craig Whittle (guitare) est accompagné pour ses concerts d’un batteur et d’un bassiste pour donner toute l’ampleur nécessaire à leur musique. En effet, dès les premiers accords et rythmiques lourdes de « A Well-Made Woman« , on comprend que la densité audible sur le disque est décuplée par l’expérience physique d’entendre ce groupe jouer dans une salle.

King Hannah déploie une musique en apparence simple, mais qui est émotionnellement poignante grâce à l’ajout de couches sonores de guitare à la fois mélodiques et pleines d’aspérité. La guitare de Craig Whittle est tantôt discrète, tantôt explose dans des déflagrations puissantes, mais qui ont le mérite de ne pas être une simple démonstration de force. Il faut aussi saluer le travail des ingés sons pour la soirée, tant la musique, pourtant parfois forte et saturée, est précise et presque palpable.

Mais l’atout majeur de King Hannah réside bien sûr dans la voix de sa chanteuse. On pourrait écrire un essai dessus, mais disons simplement que ce soir, cette voix résonne dans le Pop Up comme venant de l’intérieur même de notre oreille, chaleureuse et forte. Le set enchaine les titres du dernier disque, avec même une reprise de Bruce Springsteen. et une ou deux chansons du premier EP.

L’ambiance est assez dreamy, la personne m’accompagnant me faisant remarquer « on se croirait dans le bar de Twin Peaks non ? ». On se dit qu’effectivement le groupe pourrait y jouer, quel meilleur compliment ? Vient la fin du « show » et le groupe annonce un rappel sans quitter la scène « puisqu’il n’y a nulle part où aller » (et oui, pas de porte sur le côté…). Une prestation du très fort « It’s Me and You, Kid« , et puis s’en va. A bientôt King Hannah !