Comme chaque année, Listen Up veut vous faire revivre l’un des meilleurs festivals de musiques alternatives en France – à notre humble avis – pour cell.eux qui n’ont pas eu la chance de s’y rendre. Pour cette édition, nous avons pu assister à la soirée d’ouverture qui se tenait dans la salle de la Nouvelle Vague à Saint-Malo, et qui a fait démarrer la Route du Rock 2023 de la meilleure des manières.
Pour cette première journée, nous nous rendons tôt à la Nouvelle Vague pour ne pas perdre une miette de cette édition qui s’annonce mémorable. Le coup d’envoi est donné peu après 20h par HotWax, trio en provenance de Hastings au Royaume-Uni, dont la musique oscille entre le post-punk en vogue depuis les années 2020 et une forme de revival du grunge à la Nirvana. Sans être le groupe le plus original que nous ayons eu la chance d’entendre ces derniers temps, la recette est efficace en live et l’énergie du groupe fait plaisir à voir. Pendant un set de 45 minutes, le trio de Tallulah Sim-Savage, Lola Sam et Alfie Sayers donne le ton d’une soirée portée sur l’énergie primaire du rock en interprétant les titres de son dernier EP « A Thousand Times », sorti cette année. Une bonne surprise !
La soirée prend ensuite un autre tournant avec le groupe parisien The Psychotic Monks, qui décidément a une année 2023 importante. Le quatuor a en effet décollé cette année avec un excellent troisième album « Pink Colour Surgery » qui se classe facilement parmi les disques les plus originaux et intéressants sortis récemment. On a pu les voir plusieurs fois durant l’année écoulée, mais ce set à la Nouvelle Vague nous a semblé être le plus abouti et impressionnant du lot. Tant sur la qualité du son – massive – que la prestation des musicien.nes mais aussi l’aspect visuel, ce set d’1h aura largement comblé nos attentes. En commençant par le techno-esque « Crash », les Monks donnent le ton : i.elles ne sont pas là pour simplement restituer les morceaux de leur disque. Le groupe joue comme sur une ligne, laissant à l’audience une vue panoramique de ce qu’il se passe sur scène, et on peut voir la passion et l’investissement collectif qui est donné pour faire sonner ces morceaux en live. On a vraiment le sentiment d’une machine bien huilée, inarrêtable. Entre les guitares ascérées, qui passent d’un registre très lourd à des passages plus calmes et aériens, les montées en tension sont parfaitement maitrisées. Le dynamisme de la prestation saute aux oreilles et on reste à vrai dire bouche bée devant ce set. Pour ne rien gâcher au plaisir, les lumières sont particulièrement intéressantes : dans la quasi pénombre mais tout de même assez visibles, on voit le groupe évoluer dans des couleurs pales et feutrées, donnant à ce concert une atmosphère d’autant plus unique. La première vrai claque de cette édition de la Route du Rock. On a hâte de voir ce qu’i.elles pourront faire un jour sur la grande scène !
On termine la soirée avec une valeur sûre : les petits fous de Warmduscher. Les précurseurs de la vague post-punk en provenance du UK sont là pour rassurer tout le monde sur le fait qu’ils n’ont pas perdu ce qui faisait le sel de la formation : une énergie punk et à la limite du creepy mixée avec une bonne dose de groove. A nouveau, le mix sonore est parfaitement et le groupe, dont on sent l’expérience et l’aisance à jouer ensemble sans forcer, enchaine les titres d’une efficacité redoutable. On apprécie particulièrement la guitare, toujours présente et juste, qui donne beaucoup de relief aux rythmiques du groupe. L’énergie de Clams Baker Jr, le frontman et chanteur, donne aux compositions en live un côté encore plus louche mais aussi addictive. Même si on aurait sans doute un peu peur en croisant n’importe quel membre du groupe dans une ruelle sombre, il emporte sans trop d’effort la palme du plus « shady » (parfois les mots anglais décrivent plus facilement la réalité). Il y a souvent différentes façons de percevoir les membres d’un groupe et leur unité collective : pour Warmduscher, c’est plutôt le contraste entre ses membres qui frappe de premier abord – mais que fait le claviériste qu’on dirait sorti tout droit d’un groupe de krautrock allemand des années 1970 avec les autres ? Question sans intérêt quand on voit la cohérence musicale cependant et la passion du groupe. Le concert décolle vraiment avec le tube « Midnight Dipper » qui finit de nous convaincre que le groupe est encore meilleur en live que sur les versions studio, et que c’est vraiment l’espace dans lequel il déploie son génie. Comme toujours, la Route du Rock sait produire une programmation juste et adaptée, et on se dit pendant le set que Warmduscher sont vraiment le choix idéal pour clotûrer cette soirée d’ouverture. L’audience par ailleurs semble conquise : on voit tout le monde danser et passer du bon temps. C’est au final l’objectif simple, mais tout à fait louable, que semble s’être fixé Warmduscher. Mission accomplie !
Ecrire un commentaire