Immersion dans l’univers de Chaton le 22 mars dernier à la Maroquinerie. On vous fait un résumé.

Après une première partie assurée par Showtime Support, le Dj mixe des tracks electro-rap et reggae. On agite gentiment la tête et on regarde la salle se remplir pour Chaton.

Le compositeur ayant eu 9 vies avant, Simon Cohen de son vrai nom, a monté un projet solo sous le pseudo de Siméo puis a écrit pour les vedettes de la chanson françaises des années 2000.

Pour celui que l’on imaginait recroquevillé sur son clavier, les paroles de ses textes angoissés s’accordent plutôt bien avec les entrechats qu’il fait sur scène. On l’attendait introverti et fragile mais on a été surpris de sa prestation en live.

Les mélodies dub-electronique emplissent la salle d’une atmosphère joyeuse. Le public connaît déjà les paroles de son premier album « POSSIBLE » sorti le 9 mars dernier et les sourires s’affichent au son des paroles douces-amères déclamées sans pudeur.


C’est bien là toute la poésie du projet, faire un pont ambitieux entre une electro-pop urbaine et des rythmes reggae-dub ressortis de vieilles malles. Au son d’une variété française dépoussiérée, Chaton s’adonne à un mélange des genres, certes clivant pour son côté introspectif et auto-tuné, mais réussi.

Les transitions prennent des airs de one-man show. Chaton ne cesse de remercier amis et famille entre les morceaux : frustré de son ancienne vie comme homme de l’ombre de la chanson française, pris en main par le label Arista.

On s’attendait à un projet gracile, mais on est plus proche d’un slam sensible. On suit les tribulations dépressionnaires du compositeur qui font échos à ses expériences passées, sa vie est disséquée et livrée au public sans aucune retenue comme sur J’attends en bas.

Il joue dans un ordre réfléchi les titres de l’album, où les productions en live sont parfois inégales en terme de rythme et de longueur, mais le public est toujours sur les mêmes accords que lui. Le côté variété française est revendiqué, l’auto-tune devient un écho parallèle à sa vie, un moyen de se protéger des mots qu’il énonce d’une manière presque rappée.

Arrivé à la moitié du live, on se rend compte que l’on a été un peu dur avec la première partie, il a bien préparé la salle à la patte de Chaton sur sa reprise de Celine Dion. Son interprétation de Pour que tu m’aimes encore donne une ampleur beaucoup plus moderne au tube de la canadienne. Il réussit le pari de nous faire fredonner les paroles, chantées sous des latitudes tropicales beaucoup plus réjouissantes.

Il livre sans filtres les éléments les plus intimes de sa vie au travers de nappes soyeuses et électrisantes qui apportent une hauteur à ses textes lancinants. Il traite en pagaille le rapport à l’amour, l’estime de soi, la relation avec sa compagne : le tout enrobé dans une sensibilité assumée et parfois trop exacerbée.

Le titre Coco est couvert par des basses lo-fi, son live rend le titre vivant et laisse découvrir une personnalité authentique, tout comme à l’écoute de son album. POSSIBLE, c’est le cheminement personnel d’un artiste qui s’est sorti des abysses. Un album en forme de psychothérapie personnelle. Au rappel, il revient avec Poésie où les rythmes électroniques du live effacent ce côté pensif des textes et donne un élan plus dansant à son titre phare.

On apprivoise ou pas le style à fleur de peau de Chaton mais on ne peut pas dire qu’il manque d’originalité ou qu’il ne retombe pas sur ses pattes.

Chaton repassera en concert sur Paris à l’occasion du We Love Green le 2 juin prochain.