Hier commençait la 10ème et dernière édition du festival le plus cool et convivial de la côte Atlantique : Baleapop.

Depuis 10 ans, ce festival de musique et d’art contemporain fait vibrer le Pays Basque tout en partageant la culture : ici on mange local, on parle local, on boit local et on profite de la douceur de la région.

Cette année, c’est pendant 5 jours que les concerts et performances s’enchainent dans les divers recoins de la ville de Donibane Lohizune (Saint-Jean-de-Luz) et au parc Ducontenia pour finir en beauté avec La Grande Bouffe.

C’est la thématique de « Feu Futur » qui a été choisie par l’équipe pour terminer l’aventure Baleapop. Pour cette dernière édition, la programmation musicale recoupe des artistes qui ont marqué les précédentes. On y retrouve avec plaisir les artistes du label Moï Moï (le collectif qui organise le festival) comme Panda Valium, Radiator, Lumi ou Odei. De grands noms sont également au rendez-vous avec notamment Forever Pavot, Etienne Jaumet et Connan Mockassin.

Produits basques, pépites musicales et découvertes : de quoi ravir nos papilles, nos pupilles et nos écoutilles !

A cette occasion, nous avons rencontré Manon qui fait partie de l’aventure depuis le début pour en apprendre un peu plus sur cette belle épopée.

Hello Manon, est-ce que tu pourrais te présenter brièvement ? 

Alors je suis Manon Boulart, je fais partie de l’équipe fondatrice de Baleapop et donc de Moï Moï. A Baleapop je gère la communication (contenu éditorial, réseaux et presse). Je m’occupe aussi des relations presse pour d’autres projets mais mon vrai métier c’est plasticienne, j’ai fait les Beaux-Arts à Paris.

Baleapop c’est donc un festival de musique et d’art contemporain au Pays Basque qui a été créé il y a 10 ans par Moï Moï. Moï Moï c’est un collectif, une association, un label, des artistes, une bande de potes, un festival… Comment tu le décrirais toi ? 

Moï Moï c’est une bande de potes avec l’envie de faire des choses et de mettre leurs compétences à disposition d’un projet commun.

On vient tous de St Jean, on était à la même école. Dans l’équipe, il y a des plasticiens, des musiciens, des gens qui font de la prod… On collaborait ensemble et ça s’est concrétisé avec le collectif.

Le label a été créé pour sortir les œuvres des artistes du groupe (il y a très peu d’artistes extérieurs). Puis ça a grandi et c’est finalement devenu une association en 2005.

Depuis on a aussi créé le festival, une maison d’édition (avec un seul ouvrage paru pour l’instant), un studio de scénographie et maintenant on travaille sur une radio. Bref c’est un joyeux bordel.

D’ailleurs ça s’appelle Moï Moï juste parce que je revenais d’un voyage en Finlande et que là-bas ils disent « Moï » tout le temps, pour se dire « bonjour » ou « au revoir », ça nous a fait rire et c’est devenu nous !

© Alain Cazenave

Et Baleapop dans tout ça ? 

Baleapop a été créé pour promouvoir les artistes du collectif. Une partie de l’équipe faisait des études à Paris et ne trouvait pas son bonheur dans les soirées guindées de la capitale alors on s’est dit qu’on allait créer notre propre truc, à nous, chez nous.

Il y a eu Baleapop Gaua, une édition zéro à la Gaztetxe (maison des jeunes) de Saint-Jean-de-Luz, c’était une sorte de grande soirée. Puis enfin une première vraie édition à Guéthary.

Initialement on voulait appeler le festival Moï Moï Festibala et changer de nom chaque année. C’était complètement con.

Finalement on a vu les amis d’Usopop Festibala (festival qui a lieu dans les Palombières à Sare). Uso veut dire Palombe. Nous, on n’a pas de palombière, mais on a la mer et les montagnes, alors on s’est dit qu’on allait prendre Balea (la baleine). Ça a donné Baleapop.

A part Usopop, quelles sont vos inspirations ?

On en a plusieurs ! A Paris on a adoré La Villette Sonique pour les pelouses gratuites ou encore les Nuits Sonores et les pendants du European Lab pour la radio, les conférences etc.

Plus localement, ce sont les Gaztetxe qui sont peu chères et très familiales et les fêtes de villages du coin.

Et puis, tous nos potes qui ont tellement de talents.

Coté art contemporain on tâtonne plus, puisqu’un festival d’art contemporain ça n’existe pas vraiment !

D’ailleurs le festival est interdisciplinaire depuis ses débuts. Mais comment on fait pour créer un dialogue entre art contemporain et musique sans que l’un étouffe l’autre ? 

Chaque année, on choisit une thématique puis les commissaires d’exposition et les programmateurs travaillent chacun de leur côté. On sait que le public vient principalement pour la musique et l’enjeu c’est de les intéresser à l’art contemporain. On sélectionne donc toujours des œuvres accessibles et ludiques. Maintenant l’art contemporain c’est là où on a toujours le plus flotté, on tente des choses différentes. En fonction des années ce sont des installations dans la ville ou dans le parc Ducontenia, parfois des performances.

Du coup, vous n’essayez pas particulièrement de faire un lien direct entre musique et art contemporain ? J’ai souvenir d’une performance en skateboard qui alliait les deux. 

Oui c’était HOW MANY BPM? de Youri Fernandez et Iouri Camicas, Baleapop #7. Pendant plusieurs éditions, on a organisé une résidence dont le but était de créer une oeuvre qui mêlait art contemporain et musique.

HOW MANY BPM? – Youri Fernandez et Iouri Camicas

HOW MANY BPM? est une installation et une performance artistique. Un skateur se laisse porter par le mouvement de va-et-vient induit par une rampe. Envisagé ici comme outil chorégraphique, l’objet skateboard devient un instrument. Les mouvements répétitifs du performeur produisent un rythme et un ou plusieurs musiciens sont invités à créer un univers sonore qui l’accompagne. Suite au succès et au plaisir généré par HOW MANY BPM? lors du festival Baleapop 7, le collectif FLVR et le collectif Moï Moï se sont associés afin de proposer aux musiciens de présenter quatre productions sonores inédites faisant écho aux quatre performances live.

Cette 10ème et dernière édition se déroulera sous le thème de « Feu Futur », oxymore poétique évoquant à la fois le passé, l’avenir et le mystique. Dans la programmation, on retrouve des p’tits noms emblématiques de chaque édition. Vous parlez de terminer en famille, comme ça a commencé. La boucle est bouclée ? 

Oui ! C’est une sorte de programmation best of ! On avait envie de se refaire les cadeaux des concerts qu’on a adoré et faire ça avec les copains ou les artistes qui sont finalement devenus des copains aussi. Et puis c’était important pour nous que les artistes soient aussi touchés de jouer à la dernière édition de Baleapop.

D’ailleurs c’est vrai qu’au bout de 10 ans on attend souvent un tournant et vous, vous avez choisi de terminer en beauté plutôt que de continuer, pourquoi ? 

Quand on a commencé, on ne pensait pas que le festival prendrait tant d’ampleur. Le succès a dépassé nos espérances et on a réussi tout ce qu’on voulait. Maintenant, on a un peu fait le tour alors autant arrêter à l’apogée !

10 ans c’est un sacré bout de temps et en même temps ça passe à une allure folle. Depuis la première édition, qu’est ce qui a changé ?

Les 3 premières éditions ont eu lieu à Guétary dans un parc plus petit que celui de Saint-Jean-de Luz, la 4ème dans une école à Bidart. Ensuite, on a débarqué au Parc Ducontenia. Pour nous c’était fort symboliquement, c’est le parc de notre adolescence !

Mais au final rien n’a vraiment changé : c’est toujours la même équipe (un peu élargie) qui reste ouverte à tous (à condition que les gens soient curieux). On a gardé notre envie de partager la musique et l’art contemporain de façon accessible ainsi que notre amour de la bonne bouffe et de la bonne bière.

Finalement, tout ce qui a changé c’est qu’on est plus nombreux, qu’on a plus de budget et qu’on s’est professionnalisé.

Puisqu’on regarde un peu en arrière, c’est quoi ton meilleur souvenir ? 

Il y en a plein mais c’est clairement la 3ème édition. On a réussi à avoir James Holden qu’on adore, c’était un rêve, on ne réalisait pas du tout. On a aussi accueilli Connan Mockassin grâce à un ami. Faute de moyens pour le payer, on lui a prêté une maison pour qu’il puisse surfer pendant une semaine. C’était complètement fou de les avoir et ça a été un vrai boom pour le festival ! On était un peu dépassé et pas du tout professionnel, on n’avait pas de sécurité, mais tout s’est bien passé et la programmation était magnifique !

Et ta pire anecdote ? 

Je pense que c’est la 4ème édition à Bidart. C’était sur la plage, on pensait qu’il y aurait très peu de monde et finalement on s’est retrouvé avec 2500 personnes, c’était le chaos. Pour la restauration on avait juste prévu une machine à Hot Dog et à 16h on n’avait déjà plus rien à boire. Comme il y avait une foule énorme, le compteur électrique était complètement entouré alors qu’il était censé être à l’écart. Dès que les gens donnaient des à-coups dedans ça coupait la musique alors j’ai dû passer la soirée devant pour le protéger. Avec du recul on en rigole, ça devient des bons souvenirs !

Ah et puis sinon Pierre (qui gère la programmation musicale) casse une voiture chaque année ! Du coup personne ne veut lui prêter la sienne. Une année il a bu de l’essence aussi. *rires*

© REMY GOLINELLI

C’est sûr qu’on apprend sur le tas ! Tu aurais un conseil à donner à des jeunes ou moins jeunes qui veulent monter leur association ou leur festival ? 

Ça ne sert à rien d’avoir les yeux plus gros que le ventre, il faut commencer petit. Par exemple ça ne sert à rien d’avoir une méga tête d’affiche. D’ailleurs ça ne sert à rien non plus d’avoir des affiches. Nous la première année, on avait que des affiches A4 et seulement une grande, faite au feutre avec amour pour faire des économies !

Il faut être sincère avec le public. Et puis il faut avoir plein de potes parce que c’est clairement eux qui vont venir et qui vont t’aider.

Enfin dans quelques jours la page Baleapop sera tournée, c’est quoi la prochaine étape ? 

C’est tout frais tout beau et on va en parler pendant le festival : on lance notre radio, D.I.A. radio, qui diffusera depuis St Jean de Luz!

 

C’est donc une bien belle aventure qui s’achève et on a hâte de voir la suite ! Pour suivre les avancées de leur radio ça se passe ici: www.diaradio.live

En attendant on profite du festival et on vous invite à nous y rejoindre !

Toutes les informations sont là : https://www.baleapop.com/

FESTIVAL BALEAPOP #10

Du 14 au 18 Aout 2019 à Saint-Jean-de-Luz