Entre consécrations bretonnes et découvertes internationales, les Transmusicales 2017 ont été hautes en couleur. Retour sur la 39ème édition du festival à la programmation la plus novatrice de France!
Jeudi 7 décembre
Tanika Charles
Robe noire scintillante, entourée de ses musiciens, Tanika Charles nous accueille avec sa voix de velours dans le Hall 3 pour débuter ces Transmusicales 2017. En osmose avec son groupe qui l’accompagne avec leur instrument et fait les chœurs façon gospel, la Canadienne maîtrise la soul avec une élégance folle. Entre morceaux langoureux et morceaux plus rythmés, ce premier concert augure de belles choses pour le commencement du festival Rennais.
Columbine, facile à domicile !
Dans le Hall 8, le public est jeune, très jeune ! Attendu comme l’un des concerts phares des Transmusicales, Columbine a fait déplacer les foules. Sans surprise, l’assemblée connaît leurs textes par cœur. Il fallait s’y attendre, Les Rennais sont chez eux et ils le savent. Néanmoins, ce n’est pas pour autant qu’ils font les choses à moitié. Leur scénographie est hyper travaillée : kalachnikov en néon sur le dj booth et jeu de lumières implacable. Entre morceaux auto-tunés et morceaux de kickeurs les « Enfants terribles » déversent leur flow sur des productions qui vont aussi bien du rock à l’electro qu’à un hip hop plus traditionnel. Le public est conquis et le duo réussit à faire s’agenouiller tout le hall et quand ils demandent à tout le monde d’allumer leur écran ou un briquet, c’est une constellation numérique qui se dresse face à nous. Le concert hyper rodé s’achèvera par des cœurs avec les doigts, littéralement.
Quoiqu’en dise, Columbine a assuré le show tout en conviant une partie de leur entourage musical locale sur scène. Petite ombre au tableau: l’absence de Lorenzo, échappé du collectif de départ et que tout le monde attendait.
Krismenn
Grâce à Krismenn, nous savons désormais ce à quoi ressemble vraiment du rap en breton. Loin d’être simplement du breton calé sur des productions hip hop, Krismenn ne renie pas les mélodies traditionnelles bretonnes pour s’en inspirer et créer une musique propre qui mixe beatbox, hip hop et musiques électroniques. Ce curieux mélange aboutit à un son aux basses ultra puissantes sur lesquelles s’adosse un chant guttural.
Lakuta
Belle surprise et grosse claque de ces Transmusicales, Lakuta est le genre de groupe que l’on souhaiterait voir plus souvent en festival. Plein de vitalité et de fraicheur, le groupe de Brighton diffuse leur joie de vivre à chaque morceau, mais qu’on ne s’y trompe pas; les textes de Lakuta sont aussi profonds qu’ils sont entrainants. En témoignant le titre ‘Changanya‘, ballade qui permet de souffler à un concert où l’on ne s’arrête pas de danser.
Vendredi 8 décembre
La parenthèse Belge aux Bars en Trans @ La Place
Angèle
On commence à la connaître maintenant, petite sœur de Elvis Romeo, première partie de Damso, casseuse d’internet en un single, … Pour aller la voir à Rennes, il fallait venir très tôt à La Place pour être sûr de rentrer. Dans ce bar, à la décoration coloniale, une minuscule scène est placée dans un coin du premier étage. Avec juste à peine suffisamment d’espace pour son synthé, Angèle ne met pas longtemps à remplir l’endroit de son aura. Si la jeune belge fait sensation c’est surtout parce qu’elle a une présence scénique phénoménale et une voix séduisante. Son naturel couplé à des compositions que l’on ne peut découvrir qu’en live auront fini de ravir un public rennais suspendu à ses lèvres.
Témé Tan
Autre révélation venue de Belgique et aperçue entre autres aux côtés de Frànçois and The Atlas Mountain, Tanguy Haesevoets alias Témé Tan est taillé pour la scène. Il joue, chante, se sample et surtout maitrise parfaitement sa voix. Sa joie communicative et sa musique émotive oscillant entre le super entrainant ‘Ça va pas la tête ?‘ et l’hypnotique et sentimentale ‘Matiti‘ permettent au public amassé à La Place de découvrir la palette Témé Tan, dont ne peut qu’aimer le style.
Pandour @ Ubu
Avec des sonorités proche de celle de Nicolas Jaar, le quatuor venu tout droit de Fribourg en Suisse est fondamentalement un groupe de live. Une guitare, une basse et deux machinistes, c’est avec cette configuration que Pandour fait vibrer les murs de l’Ubu. Le mélange d’acoustique, d’effets et de sons électroniques confèrent à Pandour une unicité à chaque titre qui tantôt nous transcende, tantôt nous prend aux tripes.
Thor & Friends
Tout en douceur et poésie, la musique de Thor and Friends n’est pas sans rappeler du Philip Glass. La répétition, la légèreté et les sons aquatiques (xylophone, vibraphone, marimba) ont tout pour permettre la comparaison. Le trio enchante le public et prouve, s’il le fallait, que la musique contemporaine n’a jamais été aussi vivante et aussi belle.
Altin Gün
Venue des Pays-Bas, cette troupe oriento-psychédélique conduit par la voix de sa chanteuse, ressuscite la scène psyché turque. Altin Gün ne cultive toutefois pas la nostalgie et redonne toutes ses lettres de noblesse à un répertoire bien trop peu connu dans l’hexagone.
House Gospel Choir
House Gospel Choir, c’est une expérience que se vit en live et qui vous marque. House, Gospel, Choir (« chorale »), jamais un groupe n’aura porté un nom qui décrit aussi bien sa musique. Avec plus de 20 personnes sur scène, ce collectif a transporté tout le hall 9 dans une block party géante. Explosion vocale autant qu’instrumentale, ce groupe impose une ambiance digne des warehouse de Chicago.
Flamingods
Joyeuse bande formée au Bahreïn, Flamingods est l’incarnation même du psychédélisme : envolées vocales, percutions endiablées et compositions tropicales. Entrainé par le chanteur aux allures de lutin survolté, Flamingods donne la patate. Avec une impulsivité qui fait penser à Animal Collective, Flamingods a de l’amour musicale à donner et ça se ressent.
Samedi 9 décembre
La sensation Voyou à l’étage
Il fallait se serrer à l’étage pour voir le nouveau live de Voyou. Flanqué d’une veste avec un grand « V » jaune, Voyou s’éclate sur scène. Il faut dire que le trompettiste de formation a soigné son live. Juste derrière lui, trois bandes verticales font office de fond de scène. Personnages énigmatiques, plantes tropicales, lever de soleil ou encore morceaux de visages telles sont les illustrations que l’on peut voir projetées sur ces bandes et qui sont signées Voyou himself. Comme si cela ne suffisait pas, il sait absolument tout faire : la voix, la guitare, le synthé, … Le résultat donne un concert poétique et irrésistible où notre seul regret est de ne pas entendre plus souvent sa trompette.
Zeal & Ardor
Petit ovni des Trans, Zeal & Ardor nous a prouvé que le metal avait toute sa place dans les festivals dits « généralistes ». Même si la voix du meneur sonne plus liturgique que grindcore, c’est bel et bien un esprit metal que véhicule Zeal & Ardor et c’est beau.
Confidence Man
Sur des titres ultra-cadencés, Confidence Man enchaîne les chorégraphies en allant jusqu’à l’absurde (gesticulation désarticulée en caleçon), mais ne sont jamais ridicule. Dans une ambiance super festive à la Salut C’est Cool, Confidence Man fait de la musique dansante et efficace, enfin le genre de musique à balancer quand tout le monde est éméché et danse en chaussettes comme des fous dans la cuisine.
Tshegue
Certainement le groupe le plus attendu (par les plus de 20 ans), Tshegue ne nous déçoit pas avec un concert à réveiller les morts, ce qui à ce stade des Transmusicales est plutôt salvateur, en quelques sortes. Le duo parisien aura enflammé le Hall 8 nous permettant de finir ces 39ème Transmusicales de Rennes sur un feu d’artifice sonore.
Il y aurait encore tant à dire sur cette belle édition des Transmusicales et ces Bars en Trans qui comme chaque année mettent en avant le meilleur de la scène de demain. Rendez-vous l’année prochaine Rennes pour la 40ème édition pour toujours de plus belles découvertes!
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