Cap sur Copenhague, à la découverte de Takykardia, dont le premier EP paraît deux mois après leur concert parisien pour Listen Up. Le groupe crée un genre nouveau, entre soul et trip-hop, loin de tout artifice.
Qu’il est bon de se laisser flotter dans l’océan sonore du quartet danois Takykardia. Rares sont les groupes qui vous prennent par la main et vous enveloppent dans un cocon de cohérence à la fois musicale et sensorielle. Takykardia proposent ici une expérience complète, de la production des cinq titres de l’EP, à la réalisation de clips ultra-léchés, en passant par la fabrication des costumes de scène. Seule présence féminine du groupe, la chanteuse et tête pensante Luna Matz se consacre ainsi pleinement à ce projet ambitieux. Pour cela, la capitaine au charme fou s’est entourée de trois musiciens hors pair avec lesquels elle navigue en eaux claires, comme sa voix.
La chanteuse aux multiples casquettes n’en est pas à sa première croisière. En Europe, bien sûr, puisque Luna a vécu entre Paris et Amsterdam. Mais également dans le monde entier durant son enfance, rêvant alors de devenir égyptologue. Aujourd’hui, s’il ne reste de ces fantasmes enfantins que le Sphinx de la pochette de l’EP, Luna Matz mêle inspirations égyptiennes et aztèques dans une esthétique futuriste.
Au niveau musical, cette approche se traduit par un croisement unique de genres musicaux (jazz, soul, fusion, trip hop…) défini par le groupe sous l’étiquette « trip-soul ». Ainsi, Luna Matz chante des amours changeants dans un écrin soul, tenu par une section rythmique jazzy au poil. Le résultat est (é)mouvant et terriblement captivant : le titre Navigate, sélectionné pour la bande-originale d’un film présenté à Sundance cette année (Holiday), est le cri feutré d’une jeune femme à l’amour caméléon. Cette balade mélancolique, sur fond de violons, est l’un des sommets de l’EP sans en être le seul. Ainsi, quand Arrhythmia surprend par ses contrastes rythmiques implacables, le titre d’ouverture, Aeon, envoûte grâce à de subtils accents orientaux. La cerise sur le gâteau vient de la production, faite maison et d’une qualité constante.
Il est complexe de dénouer le nœud des influences qui ont nourri Takykardia dans la gestation de l’EP. Dans une interview à paraître prochainement sur Listen Up, le groupe cite Solange, Portishead mais aussi la scène « genre-bending » britannique (Floating Points, Yussef Kamaal, The Invisible…). Aucune de ces influences ne se détache réellement : le groupe a pensé et fabriqué son propre nuancier dont la majeure partie des déclinaisons reste encore à découvrir.
Le titre Kefalonia, absent de l’EP, ne fait que décupler notre impatience pour la suite. Le clip, tourné en Grèce sur l’île éponyme, voit Luna exécuter une chorégraphie quasiment mystique en environnement aquatique. Loin de tout artifice, Takykardia n’éclabousse pas, il submerge. Le projet est une croisière all-inclusive qui circule dans les courants le plus chauds de la pop. Prêts à embarquer ?
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