Familiar Five prend le contrepied de ce que l’on a pu écouter de Marcus Marr jusque là. Il entame une conversion réussie au disco et joue un double jeu entre techno ténébreuse et morceaux groovy.

Le producteur anglais nous surprend avec la sortie d’un Ep progressif et innovant musicalement. Marcus Marr, signé chez DFA Records nous avait déjà annoncé la couleur avec High Times courant novembre. Cet habitué du Berghain joue habituellement une techno lourde mais harmonieuse ;alors qu’il s’illustre ici par une disco groovy avec une résonance plus cosmique, sertis de rythme de basses biens funky.
 Familiar Five prend une ampleur plus solaire, s’éloigne des débuts technoïsants et house qu’on connaissait de l’artiste sur Brown Sauce par exemple. On peut donc voir que la collaboration plus pop sur The Trouble With Us avec l’australien Nick Murphy (anciennement Chet Faker ) a influencé son travail sur cet Ep.

Familiar Five est le 1er titre éponyme de l’Ep. Cependant la noirceur de ce 1er titre est aussi caractéristique des mélodies développées dans l’Ep que Patrick Hernandez l’est à la musique française.

Par ailleurs, Marcus Marr résume brièvement son track d’introduction lors d’un interview qu’il a donné à RedBull« C’est une acceptation de soi, même si la société vous qualifie de freak, il faut apprendre à être cool avec son côté obscur ».

On comprend un peu mieux cet atmosphère, on l’imagine lors de la composition de ce titre dans un endroit peu éclairé, entre ses machines, à faire battre sauvagement des basses grasses fardées de paroles déclamées d’une voix profonde et lente. Entrée en matière qui pourrait paraître trompeuse pour un Ep qui va se révéler au fur et à mesure des tracks.

Des basses funk électronisées apparaissent, on évolue progressivement vers de la disco sur le titre Love release. 8 minutes qui marquent une évolution dans l’Ep, de l’ombre à la lumière. Les boucles soyeuses disco commencent à poindre pour contredire l’introduction très mécanique. Musicalement on gagne en chaleur, le groove se répand et facilite le passage du côté dance de l’Ep.

 

Après un début d’Ep à l’identité non déclarée, on slalome entre des formes sombres et des éclaircis, High time sonne comme le point d’apogée de ce qu’a voulu produire l’anglais. Un havre disco avec une ambiance définitivement plus club. Le titre est enveloppé d’une certaine nostalgie, qui n’est pas sans rappeler le titre Friends de Solumun.

Rocketship vient confirmer l’orbite funk qu’a pris le producteur anglais sur Familiar Five, on perd en intensité, mais des rythmes de basse aigus et acérés se joignent aux dernières notes de High Times. Le dernier titre fait une bonne conclusion entre sa techno cérébrale et un funk-cosmique.

Marcus Marr jette un pavé sur les codes de l’électro classique pour modeler un 3ème Ep transgenre. On comprend mieux sa présence sur le label de James Murphy, virtuose du mélange des genres avec LCD Soundsystem. Un mélange apparemment réussi où se côtoie une techno pouvant être digne de clubs berlinois ainsi que d’une disco follement chargée en groove.