La Route du Rock 2018 c’est dans moins d’un mois! Afin de préparer son programme et de se mettre dans le bain en musique, voici les cinq artistes coups de cœur de Listen Up pour cette 27ème édition !
Ezra Furman
Ezra Furman est un drôle d’oiseau. Cet américain de Chicago aime jouer sur les ambiguïtés et semble détester qu’on le mette dans des cases. Souvent habillé d’une robe à fleur et de rouge à lèvre, le songwriter assume son identité queer et le clame haut et fort dans son dernier album Transangelic Exodus, un album touchant et débordant d’excellentes chansons.
Le chanteur a choisi de construire son disque comme un opéra-rock, chaque chanson étant l’étape d’une histoire. Cette histoire c’est la sienne et celle son amant, tous deux tentant de fuir le gouvernement qui les pourchassent parce qu’ils sont différents. Ce « concept album » est une introspection dans lequel l’artiste revient avec émotion sur ses premières expériences, sa quête d’identité et sa lutte pour l’émancipation dans une Amérique qui aujourd’hui stigmatise les différences.
En digne héritier de Bob Dylan ou de Lou Reed, Ezra Furman écrit et compose ses chansons avec ses tripes. « J’ai toujours eu le sentiment que les mots ne suffisent pas, que la vérité n’est pas assez vraie. Pour faire comprendre ce que je ressens j’ai dû y ajouter la pulsation, la mélodie et l’harmonie. » confie-t-il dans une interview pour Télérama. Cette vérité, elle se fait sentir sur chaque morceau, dans les mélodies punk rock et la voix écorchée du Chicagoan.
Du saisissant et sombre Driving Down to L.A. en passant par le tubesque Love You So Bad pour finir sur la confession joyeuse d’I Lost My Innocence chaque morceau vaut le détour. Avec Transangelic Exodus, Ezra Furman nous transporte dans un monde sinistre et décadent mais dans lequel il réside une lueur d’espoir.
John Maus
John Maus est le genre d’artiste très difficile définir tant son projet et ses inspirations sont complexes et diverses. Ses influences vont de la cold wave, du Lo-Fi, mais aussi un côté baroque et macabre à son projet si fascinant avec ses sons de synthés et sa voix en reverb.
John Maus lance sa carrière solo et publie son premier album en 2006 au nom minimaliste « Songs ».C’est que ce dernier ne vient pas de nul part. En effet, il a joué des claviers pour Animal Collective ou Ariel Pink. Pour autant les critiques ne sont pas au rendez-vous. Et ce, même pour son deuxième album, « Love Is Real ». C’est à partir de son troisième album, « We Must Become the Pitiless Censors of Ourselves », que John Maus commence enfin a être jugé à sa juste valeur, avec notamment le titre très poétique ‘Hey Moon’ ou encore la synth pop new wave aérienne de ‘Believer’.
La particularité de John Maus est son souhait de partager avec son public, les chutes, les démos qui ne seront finalement pas dans l’album publié. Pour se faire, il sort quelques mois après la sortie de l’album en question, un nouvel album. A l’image de « A Collection of Rarities and Previously Unreleased Material » après son troisième album ou encore de « Addendum » sorti seulement 6 mois après de son bijou « Screen Memories ».
C’est que John Maus avait abandonné son public pendant cinq années pour se concentrer sur un doctorat de Science Politique et la création d’un synthétiseur modulaire de A à Z. Ce temps, lui a permis de créer son plus bel album, « Screen Memories », sorti fin octobre 2017.
Extrait des sessions d’enregistrement de son prédécesseur« Screen Memories », « Addendum » propose un album à la production peut-être pas moins léchée mais se veut plus spontané et sauvage que jamais.
Lemon Twigs
Il était donc une fois, une nouvelle fois, de jeunes adolescents nés à la mauvaise époque. Une nouvelle fois qui pourrait être une très grande fois. Fils d’un musicien-producteur passionné, Ronnie D’Addario, et biberonnés à la crème de la pop anglophone des années soixante, les deux frères new-yorkais remanient le meilleur de cet âge d’or musical et sortent dix titres qui n’en ont rien à envier.
Quand les Kinks habitent le fantasque Those Days is Comin’ Soon, on pense aussi inévitablement aux Beatlessur le titre phare de cet album, These Words, un condensé de 3min41 d’arrangements grandioses, dont des chœurs maîtrisés comme jamais. On retrouve cet appétit pour les mélodies enfantines mais pourtant plus complexes qu’elles n’y paraissent. Le titre Franck, pour lequel un orgue et des trompettes viennent servir une fin quasi-tragique, en est un bon exemple, tout comme A Great Snake qui finit sa route au sommet de la belle et grande pop. Qui dit pop dit textes faiblards, le seul regret de ce premier album, qui se concentre principalement sur des excitations et frustrations amoureuses.
Sorti le lendemain de la mise en ligne du retour des enfants terribles californiens Foxygen, Do Hollywoodinscrit The Lemon Twigs comme leur dignes successeurs. On y retrouve les mêmes regards dans le rétroviseur que dans les premières balades de Foxygen mais également déjà les accents cabaresquesdéveloppés lors de leur dernière tournée en date. Ce goût commun pour les compositions ambitieuses et grandiloquentes s’explique par la présence en studio de Jonathan Rado de Foxygen pour l’enregistrement de ce premier album de The Lemon Twigs.
Après ce premier très bon album, c’est au tour du second album de sortir le bout de son nez, « Go To School », qui sortira le 24 aout. Leur concert à la Route du Rock sera l’occasion de le découvrir avant sa sortie! Deux extraits sont disponibles dont le très bon ‘Small Victories‘.
Villejuif Underground
Villejuif Underground est le projet surprenant d’un australien et de 3 parisiens de la bien nommée banlieue sud. Chacun trouve son compte dans ce projet sans pour autant se livrer à une musique passe-partout.
Sa voix à la Lou Reed, accompagnée d’instru tantôt rock garage, tantôt rock psyché et lofi, proposent un mélange des plus sympathiques et étrangement, innovant. Des brèves d’humour fleurissent entre deux solos, ils n’hésitent pas à détourner les codes actuels pour tourner la blague à leur avantage comme dans « Can you vote for me? » parodiant le clip de campagne de Marine Le Pen.
Signé chez Born Bad Records, le groupe donne un bol d’air frais à cette scène rock indé et libre, comme on l’aime. Victime de son succès, Villejuif Underground ont joué d’ailleurs à Rock en Seine et Pete The Monkey pour ne citer qu’eux!
Superorganism
Trois petits jours. Nous aurons seulement attendu trois jours pour découvrir le clip de l’année 2018, celui du titre Everybody Wants To Be Famous de Superorganism. Une compilation loufoque de tout ce que le web détient de plus kitsch : chats maléfiques, soda à la crevette et une chanteuse en hologramme. Orono, n’a que dix-sept ans mais déjà l’assurance d’une reine de la pop. Réduire Superorganism à sa chanteuse serait une lourde erreur tant ce collectif de sept musiciens + un graphiste a vécu dans leur maison partagée de l’est londonien ce qu’un groupe a besoin de vivre avant de prendre la route.
Repérés par le label Domino, Superorganism n’a qu’une dizaine de concerts derrière eux, dont l’un mémorable aux Transmusicales 2017, mais ont déjà signé pour une tournée 2018 qui l’a emmené jusque Brooklyn, en passant par le Café de la danse le 18 février dernier avec la très chère Pi Ja Ma en première partie. Cette bande de zinzins venus des quatre coins du globe seront partout cette année, mais surtout dans votre tête. Non contents de nous avoir fait chanter sous la douche avec Something For Your M.I.N.D., ils nous ont rendu accros après leur premier album parut le 2 mars dernier.
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