Les Transmusicales et Bars en Trans’ sont enfin là! LA semaine de folie de l’année pour Listen Up! qui te raconte le meilleur des deux festivals et les innombrables découvertes qui étaient à y faire! 

40 ans! En 1979, Jean Louis Brossard et sa bande envahissaient la Salle de la Cité à Rennes pour créer ce qui va devenir la référence incontournable de l’hexagone en matière de découvertes et rencontres musicales. Le groupe qui marque les esprits cette année là s’appelle Marquis de Sade.

La bande du magnétique Philippe Pascal, à qui ces Transmusicales 2019 étaient dédiées, va déployer une énergie qui continue de vibrer quatre décennies plus tard! Pendant quatre jours, les plus de deux cent artistes programmés font toujours autant trembler Rennes dans un déluge musical et scénique indéfinissable!

 

LET’S GO!

 

Mercredi 4 Décembre

Les Grys-Grys

les-grys-grys_nicolas-joubard-5604©Nicolas Joubard

Pour ouvrir cette 41e édition des Trans Musicales sous les meilleures auspices, le Grand Marabout Jean Louis Brossard agite ses Grys-Grys dans sa salle fétiche, l’Ubu. Les cinq enragés d’Alès entrent en trance pour nous assurer chance, réussite professionnelle et sexualité vigoureuse. Ils font au passage honneur à la salle, donnant leur mise en scène outrancièrement Ubuesque à gloutonner aux premiers festivaliers. Transformant l’ancienne crèche de la Maison de la Culture attenante (actuel TNB) en bac à sable pour grands bébés rockeurs qui s’égayent en tous sens!

Le Mister Tambourine Man du groupe secoue ses hochets magiques avant d’enfourcher son harmonica pour sauter dans le public jusqu’au bout du fil de son micro. Les babils et hurlements du chanteur se muent rapidement en cris bien rauques et nerveux, pleins d’une énergie qui chauffe la fosse à blanc. Leurs majestés Les Grys-Grys sont bien en verve, lancés sur des « AHOU-AHOUUUW » et des « OOOOOWWWYEEEAH » qui surgissent d’entre deux riffs. Tout y passe, de leurs morceaux les plus joués « Ok, une vieille chanson, mais une bonne chanson, Got Love if you want it! », à la pléthore de tracks présentes sur leur récent album (Les Grys-Grys, sorti en Juin 2019), et leur prochain, à venir en début d’année 2020.

Apothéose du rappel, après lequel on surprend Jean Louis Brossard lancé dans un twist endiablé dans le fond de la salle, alors que le Tambourine Man fait le singe en allant jouer de son harmonica infernal perché en haut d’un mur d’amplis. « On va pas se quitter dans faire un bon Rock’n’Roll! AHOUAHOUAHOU!!!! »

Ça s’accélère sévère jusqu’à la dernière note d’un concert bien Grys-grysant, emportant tout l’UBU dans une énergie Grys-gryse juvénile, faisant bouillir la première soirée de Transmusicales 2019 tout sauf Grys-grysonantes! Ça c’est ROCK!

 

Jeudi 5 Décembre

Tangled Tape

Tangled Tape Transmusicales 2019©Listen Up – Mickaël Burlot

A l’extérieur de l’Étage, dans le centre de Rennes, la manifestation contre les mesures prises par des mecs cherchant à nous faire travailler plus, plus longtemps, pour pas grand chose, se disperse tranquillement. La fumée à l’intérieur de la salle de concert aussi, révélant Tangled Tape, qui nous chante que:

« If you want me to work you’re wasting your time,

Whatever you do I won’t change my mind.

(…)

I’m a lazy, don’t wanna do what you want me to. »

Bel écho et timing parfait, la soul bien chill des Toulousains ralentit le temps et réchauffe les cœurs à base de bonnes vibes et d’une présence qui amène du soleil dans la grisaille bretonne. Sublimant la paresse dans tout ce qu’elle a d’ouvertures de possibles, de rêveries, de créations aussi. Leur musique et le chant d’Ornella Mesplé-Somps font lâcher prise aux festivaliers devant eux, ouvrant en grand leurs oreilles et leurs esprits pour profiter des Transmusicales 2019.

Tiger Tigre

©Listen Up – Mickaël Burlot

Direction le Théâtre du Vieux Saint Etienne, que les Bars en Trans’ investissent pour la première fois cette année. Drôle d’ambiance que de voir le Tigre et son groupe dans une ancienne église, devant 20 personnes, dans le froid. Drôle aussi de le voir s’arrêter au bout de 10 minutes et rugir des trucs du genre (à son guitariste:)« Tu veux quoi!? Te faire sucer? Moi aussi! » ou encore (au public:)« Excusez moi, j’ai fourré Angèle hier, j’ai besoin de me lever! »

On en vient presque à regretter qu’il n’y ait pas plus de paroles dans les morceaux de Tiger Tigre! Mais bon, pas besoin puisque leur énergie fait office de locutions, et que des fois, taper fort sur des fûts de façon bien Moyenâgeuse vaut tous les discours. Et puis, vu le nombre de conneries qu’on raconte à la télé, alors…

Ne pas se fier à l’échauffement lo-fi de leurs premiers morceaux qui a l’air sorti d’un début de répète. Leur musique se trouve peu à peu et se transforme rapidement en une formidable arme de désorientation massive. Les synthés se mettent à brûler et les tambours à tambienbourrer dans une grande messe à la gloire du Dieu Kraut. Le groupe a clairement mis un tigre dans le moteur depuis leur premier concert à la Villette Sonique 2019, pour le plus grand plaisir de nos saintes oreilles toutes chastes!

Murman Tsuladze

©Listen Up – Mickaël Burlot

Le temps d’aller préparer l’interview en russe de Shortparis qu’on doit assurer deux heures plus tard, on revient juste à temps pour voir l’enchanteur « Boa » de Why Nicht.

Eux parlent presque Russe, et viennent de Géorgo-Belgique. DAVAÏ!! Murman Tsuladze entre en scène, et s’empare de son Saz, accompagné de ses acolytes Krikor aux machines et Zauri avec son mulet blond. Le Théâtre du vieux Saint Etienne se mue d’un seul coup en plateau de tournage du prochain film de Kusturica.

La verve slave des crooners à cheveux tombant sur la nuque et l’énergie du beatmaker emportent tout le monde dans leur Disco Anatolienne de charmeurs de kebab! Voyage sur tapis volant gratuit avec une bande son de morceaux comme ‘La flemme de danser’ écrit selon la légende dans l’arrière cour d’un squat de Belgrade. « On écrit des chansons anti-amour!! » clame Murman haut et fort. Ok, mais après un concert de feu comme ça, nous on est complètement sous le charme de leur Blédard Groove endiablé!

On avait rencontré les zozos pour une interview avec La Vague Parallèle, si tu veux en savoir un peu plus sur le phénomène Black Sea Disco de Murman Tsuladze.

Marina Satti

©Listen Up – Mickaël Burlot

Dans Transmusicales, il y a muses, et Marina Satti a su s’entourer de quatre d’entre elles pour donner de la puissance à sa voix d’égérie nationale grecque. Complété des musiciens hors pair du groupe Fonès, l’ensemble clame et percussione son mélange de musique traditionnelle grecque et de pop syncrétique à la rencontre des Balkans et de l’Orient.

Naviguant entre une douceur infinie et une fougueuse énergie dionysiaque, elle remplit le Hall 3 d’espoir. Celui d’une jeunesse grecque multiculturelle, dynamique, et capable de sublimer en musique toutes les influences qui ont traversé le pays. ‘Mantissa’, l’hymne d’une génération hellénique, retentit enfin et se mêle aux clameurs de la foule des festivaliers, transie d’amour plutôt que de froid!

Acido Pantera

©Listen Up – Mickaël Burlot

Les deux Colombianos annoncent la couleur d’entrée de jeu en envoyant du Ritmo bien acid dans le Hall 3! Hall qui se transforme en une jungle bien moite, dans laquelle chacun se met à faire la danse de la panthère, toutes griffes de plus en plus dehors, au fur et à mesure que leur concert monte en intensité.

Acido Pantera agitent les clefs qui ouvrent des portes psychédéliques et rythmées sur des soleils radieux en plein milieu des Transmusicales 2019. Les lumières partent dans toutes les directions, perdant les sens dans des visions stroboscopiques, d’entre lesquelles émergent des têtes de panthères bariolées projetées en fond de scène.

Entre deux morceaux de cumbia électronisée et arrosée d’une pluie de ritual beats et de porro futuriste, ils calent une reprise magistrale de Fela Kuti, qui finit d’emporter la soirée dans un tourbillon tropical!

Cochemea

©Listen Up – Mickaël Burlot

Dans la famille saxophoniste fou, on vous donne Cochemea. Entre Jazz et musique traditionnelle amérindienne, le groupe nous a transporté toute en douceur au cœur de ses origines. Cochemea Gastelum a une véritable sensibilité avec la polyrythmie et ça se voit sur scène avec plus 3 musiciens aux percussions en plus du batteur.

Chaque souffle dans son saxo articule tous les instruments présents autour de lui, donnant ainsi un rendu harmonieux, joyeux et sensuel à souhait. Véritable bande son d’un voyage autour du monde, le groupe représente à lui seul ce que les Transmusicales ouvrent comme découvertes et rencontres des cultures!

Mezerg

©Listen Up – Mickaël Burlot

Mezerg n’a pas peur de donner dans l’excès! Arrivant sur un énorme son de corne de brume, il prend place au milieu d’un amas de pianos renversés, suspendus, déstructurés. sauf le sien, augmenté de machines sur lesquelles il va s’agiter comme un fou furieux pendant plus d’une heure! Ça va chier! C’est parti pour un premier morceau, de 20 minutes donc, ou plutôt un enchaînement d’enchevêtrements techno qui mettent grave la banane!

Le One Man Band déchaîné s’arrête à peine pour sortir deux-trois vannes au public surchauffé, et replonge ses doigts dans un virevoltage discontinu de tournages de boutons et d’actionnage de son thérémine magique. Ça tape fort sur les touches et la grosse caisse de son PianoBoomBoom!

Point d’orgue de son show, il se met debout sur un autre piano de la scène pour en jouer complètement de traviole. Mezerg, roi de la bricole, renverse complètement les Transmusicales 2019 pour un des lives les plus déjantés du festival!