Le quatuor punk de Liverpool débarque avec son premier EP éclair, 4 chansons pour 13 minutes au total, et ne fait pas de quartier.
Sorti le 9 avril dernier sur Nice Swan Recordings, « Grand National », la première sortie de Courting, ne laisse pas indifférent. Dans la lignée des groupes qui réinventent le post-punk britannique ces dernières années (Black Midi, Squid, Shame, Black Country, New Road, Working Men’s Club…), on espère que le jeune groupe liverpuldien saura trouver sa place. A l’écoute de ces premières chansons, on pense cependant plutôt à des groupes de l’autre côté de l’Atlantique comme Parquet Courts.
Même la pochette de cet EP fait penser au fameux « Light Up Gold » du groupe new-yorkais. Peut-être que la comparaison musicale la plus proche serait Sports Team, dont Courting semble emprunter plusieurs caractéristiques. Cet avant-goût donne en tout cas l’eau à la bouche.
Le premier titre éponyme « Grand National » annonce le top départ : rythme rapide de batterie accompagnée d’une basse ronde et précise, le tout encadré par des guitares furieuses se répondant l’une à l’autre. Vient alors l’élocution rapide et énergique du chanteur Sean Murphy-O’Neill qui, à travers cette chanson portant sur les courses hippiques, peint en vérité avec insolence le portrait satirique de la bourgeoisie britannique :
» Wе all gather on our artificial lawns
Discussing chemtrails and the problems at our schools
It’s not my fault, you can’t tell me that I’m wrong
Well, I don’t care for anything apart from my returns
And if I bet my 401k, what’s the harm?
Got to tuck my kid in in a new five-bedroom home
Don’t wanna hear you complain about your loans
You’re just not qualified «
Ce premier extrait se finit par une belle montée en puissance et d’un final assez théâtral (on aime la guitare acoustique dont la corde semble au point de rompre juste avant la fin), et est suivi par “Popshop!”, la chanson la plus « parquetcourtesque » de l’EP sans aucun doute. Tout dans ce titre rappelle les meilleurs moments du « Wide Awake ! » encore dans toutes les mémoires, des guitares chaloupées au son sec de batterie en passant par le spoken word punk avec des paroles sarcastiques. Le titre se veut être une critique de l’industrie musical et du cycle commercial dont beaucoup d’artistes sont les représentants :
« It’s like living in a gated community, you can’t tell ’em they’re wrong
Making money by selling your bathwater, why can’t we tag along?
And it tastes like saving money on your breakfast cereal
Alright in the short run, but nevеr the same
And I can’t help feeling just a littlе bit cynical
When fame buys you money but money buys you fame
But anyway, everything here is going so well
But if you stream « Shape of You », you’re going to hell
And that’s a promise »
Les deux derniers titres de l’EP changent un peu le ton et offrent un bel aperçu de la versatilité de Courting. Le premier, « Crass », est un excellent titre qui rappelle peut-être la répétitivité instrumentale et l’expérimentation sonore de groupes plus anciens comme the Fall. Le refrain parlé explose grâce à une basse sursaturée dont il faut saluer l’originalité sonore et l’impact saisissant. Des voix superposées et dont on a changé le pitch donnent également au titre une atmosphère plus sombre. Le groupe n’oublie néanmoins pas l’humour qui le caractérise avec des punchlines hilarantes (« I think that me and Kanye might still have sex »). Parier sur un rythme plus lent mais aussi plus lourd est également le choix de Courting pour le dernier titre de l’EP « Slow Burner » qui porte bien son nom. Ici, pas de verve lyrique mais uniquement la répétition du titre de la chanson, crié à travers un ampli saturé et crachant. C’est une chanson qui grandit en intensité jusqu’à la fin chaotique et exaltante de l’EP qui finit sur quelques notes au synthé menaçante comme un cliffhanger.
Plus que deux solutions à ce moment : appuyer sur replay et/ou attendre la suite de ce que Courting pourra nous proposer. On repense alors au refrain : “And I wouldn’t place a bet if you paid me, I’d always end up losing my money on some stupid horse again”. On a bien envie de faire un pari sur ce cheval-là.
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