La moitié du groupe tragiquement séparé Her revient avec un album aux influences mid 90’s et parsemé de piano-voix aux inflexions Gospel.
Depuis 2019, Victor Solf n’a pas été inactif, avec deux EP 12 Monkeys Mixtape et Aftermath. Esquissant déjà les contours de ce nouvel album (le titre Traffic Lights a d’ailleurs été rajouté à ce dernier), il a également réalisé une chanson de Noël en décembre dernier, forme d’hommage aux Christmas Songs des églises américaines et donc à la musique Gospel, source nourricière de la Soul Music qui transpire dans nombre de ses titres.
On retrouve des influences au courant Big Beat et à des figures des 90’s comme Primal Scream ou Fatboy Slim dans des titres comme Drop The Ego, Utopia ou Trouble Behind. Avec cette même invitation à l’évasion et au lâcher prise (“I leave my trouble, lying on the sunshine”), ces hymnes fédérateurs à la frontière du Hip-hop, du rock et de l’acid house, teintés de percussions aériennes, et ces boucles de piano hypnotisantes, font un écho au lointain Praise You de Fatboy Slim sorti en 1998.
Sur le refrain de Fight For Love, ce sont les fantômes du Trip-hop de Bristol qui refont surface entrecoupés de piano-voix comme une mise en abîme de cette alternance entre titres rythmiques et entrainants et douces pop-songs téintées de blues qui parcourt tout l’album.
On ne peut s’empêcher d’y entendre le deuil de son compagnon musical de Her Simon Carpentier, “Tears will not bring you back, Fears it will not bring you back”, et une injonction à aller de l’avant. Sans pour autant oublier ceux qui ont fait partie de ce que nous sommes aujourd’hui.
Avec Traffic Lights, Someone Else et New Normal, Victor Solf met en avant sa voix soufflée et éraillée à travers une interprétation toujours très incarnée.
Dans ces balades au piano, douce mélancolie et lendemains qui chantent se côtoient. A l’image du très beau Traffic Lights qui commence calmement et dont l’intensité et le volume de la voix montent crescendo pour finir en lumineuse apothéose soutenu par des choeurs extatiques.
Victor Solf semble mélanger dans ses compositions, ses influences classiques du conservatoire et la musique afro-américaine qu’il chérit. On y entend aussi bien les spectres d’une musique nordique expérimental à la Nils Frahm que la chaleur vocal et physique de l’interprétation Soul.
On peut regretter que cet album reste parfois trop timide en terme d’arrangements et de production. Bien que le piano soit mis à l’honneur avec efficacité, il manque de paysages sonores plus denses, quelques pistes en plus qui auraient pu amener certains titres à leur quintessence.
Afin d’apprécier au mieux la voix, certes très entière dans la prestation de Victor Solf, il aurait été judicieux de ne pas se reposer que sur elle tout au long du disque et d’envisager certains breaks instrumentaux afin de mettre d’autant plus en valeur son retour par effet de contraste.
Le titre d’ouverture I don’t Fit est un exemple de cette impression d’inachevé sur Still. There’s Hope. Après une magnifique intro et un gimmick de piano très prenant, qui peut rester en tête longtemps après écoute, le piano-voix est brutalement coupé par le beat qui fait son entrée, on s’attend alors à une deuxième partie de titre alléchante qui n’évolue malheureusement pas et se termine trente secondes plus tard.
Même s’il y a beaucoup de positif dans cet album qui regarde droit dans les yeux les drames et les étapes de la vie et nous invite à les surmonter, l’oeuvre de Victor Solf n’a pas encore l’évidence des albums cultes et est encore perfectible. Il reste cependant de l’espoir puisque le meilleur est peut-être à venir ?
Victor Solf sera en concert le 6 octobre 2021 à La Cigale à Paris.
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