Jennifer Cardini a sorti le 7 mai une double compilation intitulée « Intermezzo Uno » & « Intermezzo Duo » sur son label Dischi Autunno. Un projet qui réunit 22 artistes, tous issus d’une nouvelle scène électronique et alternative. Nous avons passé le weekend avec, nous vous racontons.

Après avoir collaboré avec des talents comme Alan Dixon, Man Power, Andre Bratten sur son label Correspondant, Jennifer Cardini part conquérir d’autres horizons avec une nouvelle bande de fiers musiciens. Dischi Autunno, label co-fondé avec Noura Labbani en 2017, c’est la recherche de sonorités alternatives, des lignes de basses étranges, du pointu accessible, du beau bizarre, des disques d’amour. 

Dans la discothèque d’automne de Cardini on retrouve Curses, dont on a adoré le titre “Surrender”, la fine fleur de la scène toulousaine Arabian Panther, Pablo Bozzi et Kendal, qui a cassé 2020 avec le tubesque “Moresko”. On l’aura compris, Dischi Autunno, c’est comme un film de Guillaume Canet, c’est avant tout une histoire de copains qui s’amusent, mais sans Gille Lellouche.

Le 17 avril dernier, Cardini, Curses, Kendal, Pablo Bozzi nous régalaient avec un live stream dark et sublime à la Gaîté Lyrique qui a impressionné sur les plaques sensibles de notre cerveau une vision de claque. Je vous passe les recherches paniquées de smartphone pour lancer des séries de shazam fébriles qui rendaient toutes le même résultat : “Intermezzo Uno & Due” – sortie le 7 mai.  

L’incontro di 22 artisti

Nous voilà donc le 7 mai les petits potes, et vous vous doutez bien que nous avons passé plus de temps sur ce disque que sur notre agenda Outlook. C’est un disque parfois déstabilisant mais jamais inaccessible et on se sent vite à l’aise avec la sélection de Cardini. On ne le dira jamais assez, merci Jennifer, de ne pas avoir fait un playlist taillée pour la réouverture des dancefloors estivaux dont on se serait lassés finalement assez rapidement.

Cette compilation est comme une poupée russe. Chaque nouvelle écoute apporte un niveau de lecture plus éclairé que la précédente: les morceaux se défont de leur apparente complexité, prennent de l’ampleur, et créent des sensations différentes. Pourquoi? Parcqu’Intermezzo est un disque minutieux qui prend son temps. Il te laisse respirer et te libère de la tyrannie du refrain à 1’30. La plupart des titres font entre 6 et 8 minutes, chacun revendique son identité propre et l’univers singulier de son compositeur vis à vis des autres morceaux qui composent ces deux opus. On se laisse juste embarquer sur le chemin sinueux de la tracklist: tout le monde y trouvera son compte, les vénères comme les contemplatifs. 

Le coup de génie de cette compilation, c’est de te rendre nostalgique d’une époque que tu n’as pas forcément connue. Au travers des ambiances 90s-80s, certains y verront des accents de Moby, de Portishead, de DAF, et de toute cette scène qui vivait à l’époque où nous étions en train d’apprendre ce qu’était un complément d’objet direct. Intermezzo c’est un superbe projet qui n’aurait pas pu mieux tomber au vu du contexte morose actuel. Tantôt sombre et gothique, tantôt solaire et dansant, ce disque concentre les émotions contraires que la plupart d’entre nous traverse en ce moment. La musique, ce formidable vaccin contre la mauvaise humeur. Intermezzo, c’est un vaccin à 22 doses. Le nombre pléthorique d’artistes contributeurs titille forcément les curiosités et c’est parti pour la tournée des plateformes et des internets pour découvrir ces musiciens, leur parcours, leurs projets. Beau coup de projecteur!

Tu l’auras compris, Intermezzo Uno & Due sont deux disques ultra complets qui fonctionnent à toute heure du jour et de la nuit. D’ailleurs ça tombe bien, c’est vendredi! C’est presque le weekend, ça rêvasse copieusement dans les salons transformés en open space. Et si on passait le weekend en coloc avec cette compil ? Défi lancé, défi relevé, on part pour un weekend 100% Intermezzo. 

VENDREDI SOIR

Port Chastel- Jacques Satre. On se pose, on se remet des émotions de la semaine. Ce titre est juste ce qu’il nous faut, relaxant mais pas calme, entraînant mais pas énervé. Port Chastel offre également un bel environnement sonore pour apéros entre potes.

Colonisation – Arabian Panther. Avant tout, ce track offre l’occasion d’écrire le mot colonisation, ce qui est assez rare quand on ne s’appelle pas Eric Zemmour. Au-delà de ça, ce son flirte avec le borderline, comme tout bon vendredi soir qui se respecte. Il peut, à tout moment, nous faire basculer dans la teuf avec ses rythmiques et ses percussions d’Afrique du Nord alliées à un beat ultra lancinant. Si Kabylie Minogue t’ambiance avec ce titre cet été, tu ne pourras pas dire que nous ne t’avons pas prévenu, bougre. 

SAMEDI MATIN

Wanna Bang – Kluentah. Excellente entrée en matière pour un week-end! Ni trop violent ni trop indolent, c’est LE titre pour faire danser la corvée de courses du samedi matin et groover au rayon fruits et légumes. Ce track pourrait faire un très bon sample pour un son de hip hop.

Blood Patch – Chinaski. Pour un ménage énergique comme jaja! On adore la petite rengaine super efficace qui donne une motivation sans limite pour ranger tout le bazar accumulé pendant la semaine (jusqu’à en dépoussiérer les câbles de la box internet). Ce titre fait partie de la playlist du live à la Gaîté Lyrique, courre le voir / revoir, on ne s’en lasse pas.

SAMEDI APREM

Gina Iollobrigida- Curses, Cici. C’est la quille! Il fait beau, on zone au parc ou dans le jardin avec des copains. Ce titre est pile ce qu’il nous faut. Il sonne un peu façon Desire, avec ses synthés ultra mélodiques et la voix qui fredonne en reverb. Titre ultra solaire qui donne envie de faire des rondes en se tenant par la main et de s’aimer très fort.

SAMEDI SOIR

Kappov- DJs Pareja. Achtung: das ist ein banger! Un mot, un seul, efficace jusqu’au bout: “Ka-ppov”. On arrête de batifoler au soleil, place à la nuit, au sombre, au merveilleux. Ce premier track de nuit balance sévère tout en restant dans la retenue. C’est un thriller musical ce son: montée progressive, tension qui s’intensifie, drop insaisissable. (un conseil, ne jamais tenter de crier “allez-là”, ça ne tombera jamais juste). 

Riding through Kyoto – Pablo Bozzi. IL EST LA le track qui va retourner tous les open airs de l’été 2021!!!!! Lâché avec maestria lors du live à la Gaîté, il a fait tomber plus d’une mâchoire. Ce son c’est de l’apesanteur tellurique, entre virevolte et beat furieux. Une sorte de musique de jeu d’arcade bien rétro et survitaminée. Un coeur qui bat, un nez qui flaire, une décision qui tombe: dancefloor! (à consommer sans modération après 23h).

DIMANCHE MATIN /!\ AFTER

Rave therapy – Younger than me, Zaazaa. Ambiance coaltar, synthés planants sur un très léger fond d’acid. Track idéal pour les débats éclairés de 8h du matin, visant à déterminer si on a fait entrer les poutres dans la maison ou si on a construit la maison autour des poutres. 

DIMANCHE APREM

Gimme da space vox – A strange wedding. Tout le monde se calme. Une petite séance de yoga ou de méditation bien méritée. C’est un track qui respire, qui prend le temps de s’installer. Au bout d’une minute trente, il se pâme de faux airs dub step, mais c’est pour mieux atterrir dans la plus grande des sérénités. Assez teinté années 90, il aurait fait une bande son formidable pour Nikita ou Léon.

Nostalgia – Kendal. C’est la fin de la journée, le soleil s’apprête à se coucher. On est sur la route du retour, nonchalamment affalés à l’arrière de la voiture, il fait encore bon: quoi de mieux qu’un son pur, apaisant. C’est un titre tellement puissant. Nostalgia donne à la fois l’envie de rire, de danser et de pleurer. Pleurer la fin du week-end qui s’achève, pleurer la disparition des sourires, pleurer le retour à la distanciation, mais se réjouir de pouvoir rêver au vendredi soir prochain.

Alors Dischi Autunno, vite une autre compilation pour faire briller nos week-ends ! 

Intermezzo Uno & Due – double compilation sortie sur Dischi Autunno et disponible sur toutes les plateformes et sur Bandcamp: courrez-y!