La bête à cinq têtes la plus cool du pays revient avec un nouvel album, « Le club c’est vous », et monte encore d’un cran ses curseurs favoris : l’inclusion, la fête et surtout l’amour, au pluriel des genres. L’antidote à la morosité ambiante.
Comme un retour aux sources, une boucle bouclée, celle du titre de leur premier EP, « Bonsoir, nous sommes Bagarre ». Dix ans après, le groupe nous livre la suite de ce titre : « Le club c’est vous ». Un titre qui paraît évident, tant Bagarre a pris le chemin de la démocratie à tout prix. Les affiches, les dates, ou encore les tee-shirts : tout est soumis au vote, ou plutôt à l’emoji dans une conversation Instagram ouverte à tous.
À l’horizontale
Et en studio, les décisions sont collégiales, à l’horizontale. En réalité, pour cet album, le premier en cinq ans, Bagarre a pris le chemin (et le risque !) de l’auto-production, de l’indépendance la plus totale, soit de s’occuper de tout, de A à Z . Tout est décortiqué, argumenté, voté, chaque membre signe son morceau phare et les cinq petits carrés multicolores de la cover représentent les cinq têtes d’un groupe qui parle d’une seule voix. « Dans Bagarre, tu peux choisir le Pokémon qui te correspond », s’amusait le groupe dans une interview croisée avec Jacques pour Listen Up, en 2017.
Le club c’est donc nous, et dans une époque où l’on cherche à exister mais surtout à compter, bah-gare aux chiffres. Oui, ils sont cinq mais sur scène, très souvent, nous voilà des dizaines. Car Bagarre se vit en live. Il s’agit certainement du secret le mieux gardé de l’hexagone, et notamment de Paris avec les soirées mensuelles à la Casbah, reversées à des associations, comme Alternatiba, ou encore MaMaMa, qui soutient les femmes victimes de violences.
Le 24 mai, Bagarre voit grand, le Bataclan, voici trois raisons de ne pas manquer leur grand retour sur scène :
1. Bagarre, c’est le radar d’une époque
Après « Diamant », ode à la masturbation féminine (« Index à l’envers, majeur en l’air »), le groupe se penche cette fois avec « Boy » sur la question du genre, refuse de trancher et ouvre grand les portes de son club à tous-tes. « Ce soir, tu ne fais pas semblant, tout a changé, dans tes yeux je le sens, que tu ne veux plus vivre la vie d’un autre… »
2. Bagarre, c’est un shot d’adolescence
Premier titre de l’album, « Injuste », parodie d’une complainte teenager sur fond d’arrangements délicieusement 1990’s. Puis, deux titres plus loin, le groupe se demande où est passée sa « Bestlife », une bombe pop à retardement, et qui s’apprête sans aucun doute à exploser sur la tournée à venir. « J’ai pas de tune pour une bière, pourtant j’en bois tous les jours ».
3. Bagarre, c’est surtout un anti-dépresseur musical
Danser pour oublier, la formule n’a jamais aussi bien marché avec le tube « On est les mêmes », dont les milliers de voix ont été enregistrées sur les routes des festivals. Du cynisme dans les paroles, et une instru qui lèverait n’importe quelle foule. Le groupe se moque de notre solitude virtuelle (« on aime tous être solo sauf quand ça capte plus »), de l’abstention (« On finit tous dans l’urne, même ceux qui n’ont pas voté »). Mais la l’ironie permet aussi une piqure de rappel sur le consentement (« On a tous fait semblant à la fin d’avoir joui, on voulait tous dire non mais on a tous dit oui »).
Car sous ses airs de machine à tubes et à déconne, Bagarre reste le thermomètre d’une génération un peu paumée, consciente de ses travers et qui aime s’en moquer. Une bête d’amour, comme ce titre, « la Bête », hymne à la tolérance : « La bête est amoureuse, d’un amour impossible, abominable inadmissible, l’entre-jambe de l’origine ». Titre interprété quasiment à chaque date depuis leurs débuts et réarrangé avec brio sur ce nouvel album. La boucle est bouclée !
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