Michaël Eveno dit Grems, navigue entre graffiti et rap. Avec lui, on monte sur une barque, mais jamais sur un yacht. La misère et le luxe se côtoient tout de même : ballade brillante hors des sentiers battus. S’il observe ce qui se fait sur le vaste échiquier du rap « standardisé » depuis son arrivée, dans les années 2000, Grems préfère les excursions solitaires.
Grems choisit rapidement le chemin de l’expérimentation et de la création, en marge de l’industrie musicale. En lien conflictuel avec les médias, même si son œuvre a été saluée par les plus spécialisés, ce Parisien a créé son propre label Grems Industry et affirme avec sincérité, par là, sa patte singulière.
Il invente son art, son courant – le deepkho – style mélangeant avec habileté et élégance rap et house. Grems refuse le consensus et la mollesse des mots, mais aussi et surtout le « je ne fais pas ce que je suis » et considère l’art comme une étude hors de tout assujettissement.
À son actif ? 10 albums, 2 EPs, et plusieurs albums collaboratifs. Le dernier en date, Algèbre 3.0 est sorti en mars 2024. Figures de styles : rimes, assonances, allitérations. Un Baudelaire 2.0. Il maitrise la langue et ses subtilités. Voix reconnaissable, roque et flottante. Flow travaillé. Grems raconte ses proches et ses lointains, mais aussi la vie légère et grave.
Dans le même mouvement que TTC ou La Caution, il se fait constructeur d’un hip-hop exigeant. Exigence aussi pour ses récits : d’album en album, la cohérence et la barre est tenue, bien haute.
À regret, trop peu de concerts à son actif. Le dernier en date le dimanche 17 mars, pour la sortie de son dernier album, avec dessus, d’autres rappeurs au débit aussi brillants que le sien.
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