Portée par des productions délicieusement minimal house, la lauréate du Fair 2018 est de retour avec son troisième EP «Shadows» sorti chez Animal Records.

Avec «Shadows», Elbi nous entraîne loin de la ville, dans un univers parallèle fait d’ombre et de lumière. Autour de ces trois thèmes (ville, ombre et lumière), elle puise dans ses influences qui vont du breakbeat à la house en passant par la soul pour créer une variation dont chacun des titres en est une partie.

En guise d’introduction, ‘Morning Mist’ est un mélange vaporeux de voix, de kicks et de beat d’une minute et onze secondes. Ce premier titre qui ressemble plus à une expérience sonore qu’à une réelle composition musicale brouille les pistes sur ce qu’elle nous réserve avec les 4 autres titres de «Shadows» et c’est une belle entrée en matière.

C’est avec ‘Black Shadow’ que l’on rentre dans le vif du sujet.  À la première écoute de ce titre, on pense furieusement à Sachienne tant la production couplée à la voix d’Elbi nous rappelle le duo qui avait illuminé nos oreilles en 2012. Toutefois, on oublie vite notre nostalgie pour apprécier pleinement ce morceau qui colle parfaitement à son époque. Les effets sur la voix sont juste et maîtrisés et surtout on ne boude pas notre plaisir avec la rupture rythmique finale qui amène une envolée lyrique.

L’exploration du paysage sonore d’Elbi se poursuit avec ‘Neville‘, morceau à la production breakée à l’anglaise, où l’on découvre que la chanteuse maîtrise sa voix et soigne ses paroles. Tout aussi à l’aise en anglais qu’en français (dans une timide incursion), la parisienne qui est également productrice nous montre l’étendue de sa palette poétique dans un rap langoureux.

À la moitié de «Shadows», on ne peut s’empêcher de remarquer que cet EP transpire la musique urbaine, ce que vient confirmer ‘Hi & Low’. Les inspirations mélodiques trap sur lesquelles viennent s’apposer un flow voguing sont tout ce qui fait le charme de ce son façonné pour le dancefloor.

Pour conclure cet EP, ce sont des percussions tribales qui nous étourdissent sur ‘Walking in The Forest’. Sur ce dernier morceau construit en trois temps, Elbi nous narre une expérience christique au cours d’une balade forestière. Premier acte, Elbi entre dans la forêt et Jésus tout en prose incantatoire lui scande des anaphores commençant par “Start Moving”. Deuxième acte, l’arrivée à la rivière, ce sont maintenant des “Keep moving” qui sont scandés par la rivière. Acte trois, la nuit, des visions de ses ami.e.s autour d’elle l’invitent à ne plus bouger “Stop moving”. C’est sur cette injonction que se termine cette transe musicale bien trop courte.

Dans «Shadows», Elbi exorcise nos démons urbains en nous incitant à danser. À écouter pour glisser plus facilement sur le bitume rugueux de vos vies!