Retour sur le Printemps de Bourges, pour une interview avec Adrien de Samba de la Muerte, quelques minutes à peine après son concert au 22, réaction à chaud. Il nous parle de son nouvel album, des jolies choses qu’on y trouve et de la tournée qui démarre.
Samba de la Muerte, c’est ?
C’est un projet perso que j’ai commencé en 2012, avec des morceaux plutôt folk. Puis j’ai eu envie de faire une formation à plusieurs, il y a deux ans, je me suis alors entouré de Corentin à la guitare et de Martin à la basse. Coté batterie, on a changé trois fois. Aujourd’hui c’est Philippe qui nous a rejoints.
D’un projet solo à une formation de groupe, comment t’est venue cette envie ?
Cette formation s’est faite en partie lors de la sortie de l’ep “4”, que j’ai réalisé juste avant l’album “Colors” et qui prenait un virage plus électronique.
Dès le départ j’imaginais et j’avais envie d’une formule live pour l’album, avec plus de matières pour assurer les morceaux lors des concerts. Cela a donné une nouvelle vision de tout ce que j’avais pu mettre en place et composé chez moi dans ma chambre.
Cet album a deux facettes, le disque est plutôt personnel tandis que sur scène j’avais envie d’être accompagné d’instruments pour quelque chose de plus fort. Je ne me voyais pas arriver seul avec des ordinateurs même si ce que je fais peut s’apparenter à de la musique électronique.
Je savais qu’avec eux, on pouvait amener les morceaux beaucoup plus loin. On nous a déjà dit qu’on est un peu comme Soulwax, à remixer nos morceaux. C’est vrai que c’est un peu ce que l’on fait en live. On remix nos morceaux. L’objectif étant de ne pas reproduire le même morceau à chaque fois, pour avoir cette grosse énergie en live qui nous caractérise.
C’est un peu l’histoire d’une bande de potes ?
Oui tout à fait, ça s’est un peu monté entre potes, avec l’un des membres qui vient de Concrete Knives, et notre batteur qui lui vient d’une formation plus jazz. On est un peu tous éparpillés dans toute la France et on se retrouve une fois par semaine à Caen pour répéter.
En 2013, on a pu lire que votre nom “Samba de la Muerte”, était une référence à votre musique, avec un côté dynamique et un autre plus sombre. Est-ce qu’aujourd’hui c’est toujours le cas avec la sortie de l’album ?
Oui, je pense que c’est même aujourd’hui encore plus le cas ! Mais on peut changer les termes et dire que l’album peut paraître très lumineux avec la cover et les chansons qui sont assez lumineuses et dansantes. Alors que derrière, les textes sont beaucoup plus sombres, avec une réelle envie de parler de choses précises qui me tenait à coeur. Donc oui ça marche toujours, le côté “samba” lumineux, dansant, coloré et “muerte” qui est la partie plus sombre et mélancolique de ce projet.
Sur cet album j’ai voulu un peu quitter certaines choses. J’ai eu beaucoup de retours où l’on me disait que c’était très beau. Là j’avais envie de quelque chose avec plus d’impact, de plus direct. Et en même temps, il y a beaucoup de chose qui sont cachées dans cet album, des choses plus sombres, qu’on entendra pas forcément à la première écoute. Donc oui c’est toujours le cas et même plus vrai encore.
Pourquoi avoir choisi un nom en espagnol ?
Alors c’est venu d’une chanson d’un groupe qui s’appelle Gablé et que j’adore, je me suis dit tiens, c’est assez sympa comme nom de groupe. C’est d’ailleurs marrant parce que parfois, nous avons des visiteurs sur notre site ou sur notre page Amérique du Sud et en Espagne et doivent se demander ce que c’est.
Il n’y a pas eu de grande réflexion derrière ça, c’est un nom qui sonnait bien, avec un côté ambiguë que j’aimais.
Et pas de chanson en espagnol ?
Non pas encore, mais ça va peut peut-être venir qui sait !
Tu as fait le radio crochet l’année dernière sur France Inter #LaRelève, qu’est-ce que ça t’a apporté ?
Nous avions fait ça parce que nous étions en train de travailler sur l’album, et je savais que France Inter pouvait être un bon tremplin et partenaire pour notre musique. Nous avions envie d’aller les toucher et leur faire écouter notre musique en entrant par la petite porte, tout en étant déjà peut être un peu trop avancé au niveau scénique pour ce tremplin. Puis nous sommes super contents des compliments que l’on a pu recevoir.
Aujourd’hui vous avez sortie votre album sur Pias, toi qui est plutôt “Home Studio” est-ce que le fait d’avoir une maison de disque ne change pas ta manière de travailler? Comment ce passe votre collaboration ?
Le fait de signer avec Yotanka, un label assez indé, c’était d’abord une envie de travailler avec des gens à notre niveau, à taille humaine. C’est ce qui correspond à notre musique, on n’aurait pas pu signer sur une grosse major. Nous voulions un label avec qui nous partagions la même vision et qui avait la même réalité que nous ! Continuer l’évolution de Samba grâce à ce label était vraiment une superbe opportunité et une volonté commune de travailler ensemble.
Alors un album plutôt studio ou à la maison ?
Pas de studio du tout, il y a une séance dans un mini studio à Paris pour enregistrer trois cuivres. On a tout fait à la maison, pour une question économique, mais surtout car j’aime bien faire ma musique chez moi. Je me lève et je vais dans la pièce d’à côté, dans mon home studio et je fais en fonction de l’inspiration, de mes envies, sans contrainte horaire.
On n’est pas un groupe qui fonctionne comme ça, à faire un album en une semaine en studio. Quand on est venu sur le label, l’album était terminé depuis trois/quatre mois. On verra sur le prochain album. Peut-être que j’aurais plus besoin d’un studio ou d’un réalisateur car, aujourd’hui, par rapport à là ou je veux emmener ma musique, je me retrouve face à des questions auxquelles je n’ai pas vraiment de réponses. Ce n’est en tout cas, pour le moment pas une volonté.
Tous les morceaux sont écrits par toi et Corentin sauf un avec Gildas Lemartelé sur “Don’t Let Go”, d’où est venu cette collaboration sur ce titre ?
Gildas, c’est quelqu’un avec qui j’aime travailler. Quand j’écris en anglais, j’ai pas mal d’idées mais je n’ai pas un assez bon anglais pour tout mettre en forme. Alors, je demande souvent à Gildas, qui a plus bossé avec moi sur les autres EP, de mettre tout ça en forme. Sur “Don’t Let Go”, j’avais une idée, et je lui ai demandé quoi faire de tous ces mots là, et de voir ce que l’on pouvait mettre en forme tous les deux. Je savais qu’il y allait avoir de l’écriture pour faire ce morceau là, avec cette difficulté de retranscrire ce que je voulais dire.
C’était quelque chose d’assez personnel, et lui en tant que prof de littérature anglaise a vraiment une écriture particulière, assez poétique que j’aime bien. C’est également un musicien qui s’appelle Portier Dean, qui fait du folk et qui aurait du naître à Montréal ou Vancouver pour faire ce qu’il fait et rencontrer le succès qu’il mérite. Parce qu’en France, c’est plus difficile de faire ce folk là qui est très américain. D’ailleurs ils vont faire un album bientôt et c’est très bien !
Dans l’album, on trouve des chansons aux textes autant en anglais qu’en français, tu nous expliques ce choix ?
Oui, c’est vrai qu’il y a trois morceaux en français, et quatre ou cinq en anglais. Ce n’est pas volontaire, j’écris toujours la musique avant et après les textes. Les mots en français sont venus se poser comme ça, j’étais très content du résultat. Ça s’est fait au feeling de l’écriture. Quelques fois les mots viennent en français et d’autres fois en anglais, l’anglais étant plus facile pour faire sonner les mots pour un esprit très pop.
A #LaRelève de France Inter, vous n’aviez chanté que des morceaux en anglais et ça avait été un peu critiqué. Est-ce que ça t’a influencé dans tes choix ?
Non, ce n’est pas pour ça, et ni par une volonté du label, c’était assez spontané.
Dans ta musique on entend beaucoup de sonorités tribales et des percussions. D’où viennent tes influences et comment tu le gères avec les membres du groupe qui eux viennent de mondes différents ?
J’ai toujours était très fan de tout ce qui est Afro beat, musique Malienne ou d’Afrique du Nord. Je suis très content de pouvoir l’utiliser dans ma musique et d’en mettre des petites bribes à droite, à gauche. Je crois que le groupe a bien cerné ce vers quoi je voulais aller. Ils savent toujours ajouter la petite touche de leur univers, tout en mesure. Ils ont vraiment leur style : Corentin va être plus Hip-hop à la Son Lux.
Il a d’ailleurs un autre projet qui s’appelle Faroe. Philippe, notre batteur, lui vient plus de la scène punk et notre bassiste, du punk. Ils vont arriver à donner au projet juste la bonne partie de leurs influences, ce qui fait que ça va marcher, souvent au feeling, et je pense que c’est ce qui fait aujourd’hui la force du groupe.
Qui dit influence dit genre musical, si je te dis la pop c’est de la muerte ou pas de la muerte ? La Techno? La Soul? Le Jazz? La Samba?
La pop, c’est cool c’est de la muerte ! La pop nous permet d’avoir un format. La techno c’est de la muerte, la soul, le jazz, ça peut être tout carrément ! Je suis pas un grand chanteur, et je me sers de la musique pour faire passer les choses, donc tout devient un peu de la muerte. La samba, c’est carrément de la muerte (rire)!
Parlons un peu du Printemps de Bourges. C’est ta première fois ?
C’est la troisième fois en tant qu’artiste, deux fois avec Concrete Knives et maintenant avec Samba !
Et tu as des concerts prévus ?
J’aimerais bien aller voir Bagarre et Grand Blanc !
La tournée vient de commencer, comment ça se passe ?
Oui on a commencé la tournée, il y a deux semaines à Tours. C’était la première date et ça s’est super bien passé !
J’avais dit au début à mon tourneur que je savais pas ce que ça allait donner, et là je vois le retour qu’on a du public, et je me dis que ce qu’on a construit fonctionne ! On est resté un moment en résidence, et j’avais pas ressenti autant les choses. Là il y a cette dose géniale d’adrénaline. Et je vois qu’il y a quelque chose de plus solide que le précédente tournée !
La date que tu attends le plus ?
Il y avait celle de ce soir à Bourges, car il y a tous les professionnels, et ce challenge de jeune groupe qui doit faire ses preuves. Et puis la date de demain au Point Éphémère, car c’est la première fois qu’on fait un concert complet à Paris et où le public vient vraiment pour nous !
Des dates prévues à l’étranger ?
Oui en Suisse dans un festival qui s’appelle B-Sides. Mais également à Lausanne et au Canada aussi et une autre date qui nous fait très plaisir au Dour Festival! Sinon en France à fond à l’automne.
Alors, plutôt live ou studio ?
Je dirais live. Avec Samba c’est vraiment très fort et autre chose que ce que j’ai pu connaître avant. Après la première date, je me suis retrouvé deux jours chez moi et j’étais mal. C’est tellement puissant et j’avais envie de donner encore plus ! C’est un peu comme une drogue, tu as une grosse montée d’adrénaline et deux jours plus tard tu as la descente et tu n’es pas bien. Je l’ai un peu ressenti comme ça. Que l’album fonctionne ou pas, tout ce que je veux c’est être sur scène.
Si on devait te poser la question que l’on t’a pas posé ce soir, ce serait ?
De quoi as-tu voulu parler dans tes textes ? Et je dirais que j’ai voulu parler de sujets pas très gais, des choses actuelles et qui nous entourent, que ce soit sur les attentats, ou sur la politique, de nos dirigeants, des migrants et des guerres. Je peux pas faire grand chose à part de la musique, et c’est le seul moyen que j’ai de m’exprimer : d’être sur scène et de porter un message d’espoir dans mes chansons, de penser à ces gens qui souffrent et qui sont morts pour des conneries, et de voir venir un monde meilleur. J’ai 26 ans et ça me casse les couilles de voir ça, et j’espère que la musique aidera !
Propos recueillis par Julie Ihler et Mickaël Burlot
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