Premier album détonant pour le duo LUH.
La dissolution brutale de Wu Lyf, après un unique album sensationnel – Go Tell Fire To The Mountain (2011) -, a laissé les admirateurs du groupe dans le plus grand désarroi.
Si les autres membres de groupe sont déjà réapparus avec d’autres formations, Los Porcos et Ménage À Trois, le retour d’Ellery Roberts et de son chant saisissant étaient sans doute les plus attendus. Ce retour ne se fait pas en solo mais en duo : Ellery et Ebony Hoorn se rencontrent à Manchester alors que Wu Lyf vit ses dernières heures. Leur attraction mutuelle tourne rapidement à la fusion sentimentale et artistique. 18 mois plus tard, Spiritual Songs for Lovers to Sing voit le jour.
L’album s’ouvre avec quelques notes mélancoliques de piano, la voix d’Ellery, puis progressivement le tableau prend forme, et l’émotion va crescendo. Après cette introduction de haute volée, Unites saisit de par son intensité. Plus rythmé, Beneath The Concrete amorce un virage étonnant, presque étouffant. Ballade nostalgique et nonchalante, Future Blues est le premier titre qui propulse la voix d’Ebony Hoorn sur le devant de la scène. Sur Someday Come, le chant implorant d’Ellery est accentué par la partition plaintive jouée par les cordes, très présentes sur ce disque.
Arrive alors $ORO : « Le disque part d’un point de vue aliéné et matérialiste qui atteint un point de rupture avec la chanson ‘$ORO’. », explique Ellery. Le point de rupture flirte avec le point de non-retour.
Après cette surprenante sortie de route, le disque retrouve avec Here Our Moment Ends un chemin certes tortueux, mais bien plus harmonieux. Les premières notes de guitare acoustique tirent un trait sur la rage et la fureur du morceau précédent, elles sonnent comme la promesse d’un nouveau départ. Promesse tenue et voyage vers un nouvel âge avec Loyalty : « We’re gonna sail away from this time ». Nouveau rebondissement avec le rock survolté de Lost Under Heaven, puis l’attraction lente et implacable de First Eye To The New Sky : « Come on and lose yourself in ecstasy ». Lament nous ramène à la grandeur et à la puissance de Wu Lyf avant que The Great Longing, épilogue quasi acoustique, ne vienne clore le disque sur une note de douceur.
Difficile de statuer sur cet album, tant il inspire des sentiments et des émotions contradictoires. Une ouverture intense et prometteuse, des passages indigestes, une seconde partie plus épurée. Le tout dans des styles très différents : doux, hostile, brut, sophistiqué, saturé… il y a presque autant de mondes que de morceaux dans l’univers de LUH.
Une chose est sûre sur cet album aux allures de roman musical autobiographique : Ellery Roberts a trouvé avec qui, mais surtout pour qui chanter.
Spiritual for Lovers to Sing est sorti le 6 mai dernier sur Mute et [PIAS] France. LUH sera en concert le 2 juin à la Maroquinerie.
Ecrire un commentaire