Listen Up a eu l’occasion d’interviewer Pépite lors de leur concert Fabrique Balade sonores avec Baptiste Impair, DA du groupe!

A la rédaction de Listen up, nous écoutons en boucle « Les bateaux », le premier EP du duo prometteur Pépite, signé chez Microqlima. Il y a deux semaines nous avons embarqué à bord de la Fabrique Balade sonores pour un showcase du groupe et une mini expo de certaines œuvres de Baptiste Impair, l’artiste qui se cache derrière leurs clips et visuels.

 

Dans une ambiance intime, Thomas et Edouard nous ont joué leurs morceaux en toute simplicité, comme si nous étions en famille et que nous les avions invité dans notre salon. Une atmosphère chaleureuse où Thomas a fini par délaisser son synthé pour chanter au milieu du public. Un moment suspendu dans le temps, où nous nous sommes tous laissés emportés par leurs inimitables et généreuses balades romantico-psychadéliques.

Si notre cœur chavire pour l’univers musical de Pépite, nous sommes aussi très fans de leur identité visuelle et de leurs clips à l’esthétique soignée et singulière, qui nous surprennent un peu plus à chaque fois. Nous avons saisi l’occasion de voir le duo et l’artiste-plasticien (qui n’est autre que le frère d’Edouard) réunis autour d’un même événement pour en savoir plus sur leur collaboration !

Aviez-vous travaillé ensemble avant Pépite ? Est-ce que c’était une évidence que Baptiste créé l’identité visuelle du groupe?

Thomas : On avait déjà travaillé ensemble, pas forcément autour d’un projet artistique. Mais on se connaissait déjà très bien.

Edouard : Baptiste et moi avions déjà travaillé ensemble sur Sauvage, un autre groupe dont je fais partie. Il avait fait des visuels pour notre live, un truc assez poussé avec un logiciel où le son réagissait à l’image.

Baptiste : J’ai aussi fait quelques tentatives de réalisation de clips avec Sauvage mais on en était plus au stade de l’expérimentation. Pour Pépite, je ne m’étais pas imposé forcément à la base mais ça s’est fait naturellement.

 Comment est née l’identité visuelle de Pépite ?

Thomas : Baptiste a eu des idées fortes mais il y a toujours un aller-retour entre lui et les membres du groupe pour voir si ça collait vraiment à nos chansons. C’est pour ça que ça fonctionne aussi bien entre nous.

Pour chacun des trois clips, ça a été le même processus ?

Thomas : Pas pour ‘ Les bateaux’ . Ca plus était un accident.

Edouard : On était partis pour tourner un autre clip à la base. On cherchait la rue des Pins, on a roulé 5h/5h30 et on n’a jamais trouvé cette fameuse rue et on s’est retrouvé sur la plage. Du coup on a laissé tourner la caméra, une fille nous a proposé de regarder les oiseaux via ses jumelles et ça nous a donné envie de filmer la mer et la plage.

Baptiste : C’était du repérage qui s’est transformé en tournage, j’ai laissé les manettes à Edouard et Thomas puis je suis intervenu au montage et à la post-prod où je me suis approprié les images et les ai transformées.

Pour ’Hiéroglyphes  (ndrl : 2 500 peintures acryliques étalées sur plus de 300 planches mises en animation), c’était mon idée qui a ensuite été validée par Eddy et Thomas. Je leur ai montré les premiers essais pour voir les énergies et détails qu’ils préféraient puis je me suis enfermé un mois en Charente pour réaliser les peintures.

Enfin pour le dernier né ‘ Eviter les naufrages ‘, c’est Thomas qui a proposé l’idée générale. Moi j’ai proposé de traduire l’ambiance recherchée par Thomas en reproduisant une expérience que j’avais réalisé, mais à une échelle plus grande : j’avais fait tomber un caillou dans un pot de pigments, je l’ai posé sur un miroir convexe et ça ressemblait à une île.

Thomas : Je vois nos clips comme un voyage. On est tous les trois et on se dit que l’objectif est de tourner un clip, on ne sait pas exactement ce que ça va être mais on expérimente ensemble.

Si Pépite était un objet ce serait quoi ?

Thomas : Ce serait un caillou très bizarre, ou même un grain de sable ou même un flocon de neige !

Edouard : J’allais dire un grain de sable. Ça pourrait être une météorite aussi.

Thomas : Une météorite, c’est extrêmement rapide. Et moi j’aime bien ce qui est très rapide.

 Est-ce que vous êtes influencés par les arts visuels ?

Thomas : Personnellement, moi qui écris les paroles, non. En revanche quand j’écris, j’ai des images dans la tête qui participent pour beaucoup à mon inspiration, mais ce sont plus souvent des flashs, des souvenirs de ma propre vie.

Edouard : Quand je compose, je vois des couleurs, des choses qui se déforment. Sur Hiéroglyphes, j’avais des images dans la tête un peu floues et quand Baptiste a terminé le clip, ça me paraissait évident que c’était ça.

Thomas et Edouard, ce soir on échange les rôles et c’est vous qui dessinez ! Voici une feuille de papier et un stylo, à vous de jouer pour un dessin qui représente Pépite !

Quelles sont pochettes de disques et clips qui vous ont le plus marqué ?

Baptiste : La pochette de l’album « Ummagumma » des Pink floyds avec une mise en abime à chaque fois différente.

Edouard : J’aime beaucoup la pochette de « Merriweather post pavillon » d’Animal collective. Sinon je suis tombé sur le clip As long as we’re together des Lemon Twigs hier, j’ai trouvé ça assez cool. J’aime bien les clips fait maison aussi comme ‘Another one de Mac Demarco. On aime aussi beaucoup les clips de Robin Lachenal pour Flavien Berger.

Edouard et Thomas, si l’on s’attache maintenant à votre musique, comment votre binôme fonctionne-t-il ?

Edouard : Pour le premier EP, Thomas arrivait avec sa structure et ses paroles et ensuite je composais la musique.

Thomas: Maintenant ça a changé, Eddy propose des couleurs qui peuvent moi m’inspirer pour écrire. C’est un ping-pong. Que ce soit l’image ou la musique, dans Pépite il y a énormément d’expérimentation. On essaie beaucoup de choses et c’est ça la principale idée de notre groupe. On ne veut pas arriver avec trois accords mais plutôt expérimenter des synthés dans des amplis, proposer des clips sous la forme de voyages.

Y-a-t-il des artistes de la scène française avec qui vous souhaiteriez collaborer à l’avenir ?

Edouard : On aime beaucoup Fishbach et Juliette Armanet avec qui nous serions très heureux de travailler !

Avant de se quitter, pouvez-vous nous en dire plus sur ce que vous nous préparez pour la suite ? Après les naufrages, la renaissance ?

Thomas : C’est drôle puisque nous jouons depuis peu un morceau qui s’appelle ‘Renaissance’, une chanson que j’ai voulu écrire pour faire danser (ndlr : nous avons eu la chance de le découvrir au showcase et nous pouvons vous dire que le défi est relevé haut la main). On va faire un nouvel EP, qu’on va enregistrer dès janvier prochain et qu’on souhaite sortir assez rapidement. Aujourd’hui on essaie de créer de nouvelles sonorités, et ça vient de manière assez naturelle. On a envie de faire des chansons qui bougent vraiment mais on n’a pas non plus envie de perdre notre côté « ballade ». La musique de Pépite, c’est le résultat du mélange de nos humeurs, la couleur que donne Eddy à mes textes est très importante.

 Vous conservez le pied marin pour cette nouvelle aventure ?

Thomas : On va s’écarter de la mer et rentrer dans les terres, pour une région qui s’appelle Paris et qui est très polluée en ce moment. On quitte la mer, mais on y reviendra c’est sûr !

Et est-ce qu’on quitte la nostalgie ?

Thomas : Non jamais ! La nostalgie c’est un lifestyle chez Pépite, un mode de vie !

 

Propos recueillis par Jessica Laik