Portée par un line up délicieusement pop, la Route du Rock hiver 2018 a fait le plein lors d’un week-end ensoleillé à Saint-Malo. On y était, on vous raconte.

C’est avec un plaisir non dissimulé que nous avons retrouvé la cité corsaire, les remparts et la plage de la ville de Saint-Malo, charmante lorsqu’elle est enveloppée d’un froid ensoleillé. La treizième collection hiver de la Route du Rock nous a fait à peu près le même effet, lors de deux soirées électriques les 23 et 24 février dans le confort de la Nouvelle Vague, en périphérie de la ville. Dix groupes se sont ainsi succédés sans temps mort et sans aucune fausse note. Du côté de la billetterie, pas de fausse note non plus puisque les deux soirées affichaient complet.

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photo : Maxime Glorieux

Sur scène, si Baxter Dury garde son titre de dandy anglais préféré des Français, notre coup de cœur s’est largement porté sur Park Hotel, qui clôturait la soirée du vendredi. Il fallait veiller tard pour profiter de cette deuxième date française mais nous avons été conquis dès le début d’un set fougueusement excitant. Le duo, aux origines hispano-anglaises, est la dernière trouvaille du label Kitsune, deux ans après la révélation Parcels. La comparaison, si elle est facile, vient directement à l’esprit : Park Hotel pratique la même disco-pop aux effets feel-good que les cinq australiens, aujourd’hui au sommet.

Il paraît évident que la formule Park Hotel a d’aussi beaux jours devant elle que leurs camarades de label Parcels, d’abord en festivals cet été puis lors d’une éventuelle tournée une fois l’album sorti. Lors de leur set à la Route du Rock, le duo, bien entouré de quatre musiciens, s’est transformé en machine à danser pour interpréter dix titres brûlants, dont le dernier single, Good People Bad Dreams, qui rappelle les belles premières années de LCD Soundsystem.

Dignes héritiers des années DFA de James Murphy, Park Hotel est l’union ingénieuse des talents de Tim Abbey, qui leade le chant lorsque les deux ne chantent pas en chœur, et de Rebeca Marcos-Rosa, dont les pas de danse sont si contagieux qu’ils ont fait danser les plus réfractaires. Les ressources de Park Hotel paraissent inépuisables : ainsi, le duo a fait abstraction de son tout premier single, Gone as a Friend, pour préférer une suite de titres inédits qu’il nous tarde de découvrir sur album !

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photo : Maxime Glorieux

Cette collection hiver 2018 présentait en exclusivité française le super duo Insecure Men, formé de Saul Adamczewski (Fat White Family) et de Ben Romans-Hopcraft (Childhood). Venus à Saint-Malo fêter la sortie du fruit de leur collaboration, Insecure Men se sont baladés de décennie en décennie pour établir un kaléidoscope nostalgique du rock, à l’image du look de leur backing band, tantôt banane 50’s, tantôt col roulé et lunettes 80’s. Si certaines balades rappellent sans équivoque les Beach Boys, Insecure Men brouillent les pistes avec des paroles imprégnées d’une mélancolie sombre et d’effets sur la guitare et les synthés. L’ensemble est très convaincant et plus clair que sur album.

On regrette cependant de voir tomber le storytelling reposant sur le travail collectif des deux compères pour découvrir un set centré autour de Saul Adamczewski, dont la personnalité efface quasiment l’autre moitié du projet. S’il s’est assagi depuis les années turbulentes au sein de Fat White Family, son sourire moqueur et un « thanks god ! » lâché après l’annonce du dernier morceau semblent trahir un certain manque de sincérité qui fait sa réputation.

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photo : Maxime Glorieux

On ne fêtait pas une mais deux sorties d’album lors de cette édition à Saint-Malo lors de ce week-end de concerts. En effet, nos espoirs 2018 Concrete Knives présentaient leur deuxième album, Our Hearts, qui signe la fin d’une attente de cinq ans. Retransmis et disponible sur Arte Concert, le concert a fait la part belle à leurs titres les plus pop, piochant en alternance dans leurs deux albums. En jouant près de leur Normandie natale, le groupe a pu retrouver de nombreux proches, aux premiers rangs d’une fosse surmotivée. Un beau set en ouverture d’une tournée marathon, qui passera par la Maroquinerie le 6 juin, après un Point Ephémère déjà complet !

Entre deux galettes-saucisses servies généreusement par le Saint Père Rugby Club, nous avons également pu apprécier les tubes adolescents de la figure de la folk foutraque californienne Kelley Stoltz, la cohérence visuelle du set de Girls in Hawaii et la folie attachante du crooner de Chain & the Gang. Pour clôturer cette superbe édition 2018, rien de mieux que la teen pop faussement américaine des anglais de The Go! Team. Porté par la joie communicative de leur chanteuse, la rayonnante Ninja, le groupe a fait l’effet d’un rouleau compresseur grâce à la puissance des titres de leur (déjà) cinquième album intitulé Semicircle.

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photo : Maxime Glorieux

Le titre au nom évocateur The Power is On sonne la fin d’un concert euphorisant de The Go! Team. Les anglais ont été la cerise sur le beau gâteau de l’édition 2018 de la Route du Rock hiver. Nous quittons Saint-Malo fatigués mais avec la satisfaction d’un week-end riche en découvertes (Park Hotel, Insecure Men) et en confirmations (Baxter Dury, Concrete Knives, The Go! Team). Plus tôt, nous avons eu le plaisir de découvrir le psyché-rock maison de Cotillon ainsi que la formule live de l’excellent premier album du duo Vox Low à l’Antipode MJC de Rennes. Cette soirée d’ouverture a fait elle-aussi salle comble. Quelques jours plus tard, la Route du Rock annonçait une partie de leur programmation été, avec de belles têtes d’affiche pop françaises (Etienne Daho, Phoenix, Charlotte Gainsbourg) aux côtés de découvertes post-punk (Shame, Protomartyr). Un savant mélange dont seule la Route du Rock a le secret…

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photo : Maxime Glorieux