L’aventure d’Alice Vanor commence à la sortie de son premier EP en octobre dernier. Depuis, les scènes se suivent, les compo s’enchainent et les conquis se multiplient. Revendiquant, avec simplicité, « une pop en français aux sons électro », la jeune artiste a accepté de discuter avec nous dans le cadre du festival Cabourg Mon Amour (29, 30 juin et 1er juillet). Petit à petit, Alice et Moi fait son nid.
Il fait chaud à Cabourg en ce dimanche de festival. Les jours précédents ont laissé des traces sur les visages des festivaliers/artistes: Alice garde ses lunettes. Installées sur des transat près des loges, on commence, doucement.
« Alice et moi », ce nom, c’est dans un souci de dualité de l’humain?
Je suis un peu bipolaire, dans ce nom il y a l’idée qu’il y a deux personnes dans ma tête. Il y a une partie plus sensible, peut-être plus forte pour écrire des chansons mais qui est aussi terrorisée, qui n’a pas confiance, qui s’excuse beaucoup. Et puis il y a un autre côté beaucoup plus enthousiaste, positif, qui a un peu la rage et qu’on peut aussi retrouver sur scène d’une autre façon. J’ai l’impression d’avoir les deux en moi: un côté parfois faussement naif et un autre plus badass. Les deux se mélangent et se retrouvent sur scène. Ce nom, « Alice et moi », celui qui le dit s’inclue un peu dans ma musique, mon histoire, comme s’il me connaissait. Je trouvais ça joli.
Dans ta dernière chanson, tu émets une envie de t’orienter vers des textes plus urbains, une collaboration peut-être?
Ce n’est pas forcément un appel à la collab même si je serais très contente de chanter avec un rappeur car je me suis mis à écouter du rap il n’y a pas si longtemps. J’écoutais déjà avant mais là je creuse un peu plus. Mais c’était plus genre « tout le monde kiffe les rappeurs », ce sont les nouveaux dieux, les nouveaux baby rockers. Du coup je m’imaginais une vision fantasme, un peu comme une fan fiction, derrière un second degré sulfureux qui se terminerait mal. Reprendre les codes du rap pour parler du rap avec l’instru par exemple.
Cette chanson est sur mon nouvel EP mais elles ne seront pas toutes comme ça. Même dans le clip on a voulu reprendre les codes: en scoot avec un rappeur (comme Kanye West et Kim Kardashian) il y a les rappeurs en file indienne à côté des voitures, les hommes et les voitures sont objectifiés, mis ensemble et c’est moi qui les regarde. Pour une fois je trouve ça cool d’inverser les codes.
Tu écoutes quoi comme rap?
Orelsan, j’aime beaucoup, depuis longtemps. Pourtant je me dis féministe et tout et je sais qu’il y en a qui déteste ses textes mais moi j’ai toujours compris que c’était du second degré, tu te défoules et tu donnes tout. Je peux comprendre. Sinon j’aime beaucoup Lomepal, Roméo Elvis. Il y en a d’autres… je sais pas si je devrais le dire mais par exemple j’aime bien Damso! C’est mon frère qui me l’a fait découvrir il y a deux ans et je kiffe! Ce que j’aime bien dans le rap, et c’est ce que j’essaie d’avoir dans mes chansons, c’est l’idée que tu racontes sincèrement, tu parles. Avoir le droit d’y aller franchement dans les mots, d’être plus provocant, je trouve ça cool et je me suis inspirée de ça dans mon deuxième EP. Dans la chansons française et dans la pop on réfléchit beaucoup « qu’est ce que ça peut bien vouloir dire » etc alors que le rap j’ai l’impression que c’est spontané, dans le partage.
Il y a une spontanéité à emprunter au rap donc?
Oui je trouve qu’aujourd’hui une chanson ne va pas forcément traverser les âges et ce n’est pas grave, enfin moi c’est pas un truc qui me fait du mal, je trouve ça cool qu’aujourd’hui on ait autant de diversité, que toutes les émotions aillent avec une chanson. La seule chose qu’il faut c’est de proposer des trucs qui vont avec ton temps, mais les chansons s’ancrent quand même dans un moment. Dès que j’ai une idée, j’essaie de la sortir le plus vite possible du coup. J’ai pas de planning, je décide quand je veux que les choses sortent et comment.
C’est quoi le bon cocktail pour une chanson pop en français réussie?
J’ai pas forcément la recette mais ma recette à moi c’est que le refrain soit entêtant. Une accroche qui peut parler aux gens, genre dans « filme moi » tout le monde peut se retrouver dans l’envie d’être vu par quelqu’un, dans « laissez moi seule je n’aime personne », on a tous déjà eu ce sentiment. Trouver une émotion dans laquelle tout le monde peut se retrouver. Le truc de la pop c’est d’avoir des mélodies. J’aime bien quand c’est dansant et dans un contraste avec des paroles un peu mélancoliques par exemple.
il y a toujours un souci de l’esthétique dans tes clip, la musique est visuelle?
Ah oui c’est clair la musique est vachement visuelle. Quand j’ai commencé à faire de la musique -j’ai jamais été une geek des instruments- je passais mon temps à écrire des textes et à les chanter a capella. J’ai toujours aimé chanter mais pas forcément jouer de la musique. Et j’aimais filmer. Je passais mon temps à faire des vidéos, même petite quand je filmais mes barbies, la musique devait accompagner la vidéo. Je l’ai longtemps perçu comme ça. C’est vrai que pour moi c’est hyper important qu’il y ait des clip: dans mon dernier EP, sur 5 morceaux j’en ai clipé 4. Même quand je laisse la main aux gens, j’ai besoin que ça aille vers ce que j’imagine.
Tu as pensé quoi de ta scène à Cabourg?
J’ai surkiffé, le soleil, la mer, les gens. Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de gens, ils chantaient les paroles, j’ai trouvé ça hyper cool. Je suis ma propre maison de disque pour le moment, alors ce moment m’a donné envie d’en faire encore plus. Je vois qu’il y a une demande, que les gens ont envie que je sois là. Il y a des fan qui sont venus me voir après, on m’a offert un t-shirt, je ne m’attendais pas à ça!
Et puis j’étais là vendredi en tant que festivalière, j’ai fais la fête avec tout le monde. Je ne fais pas de la musique pour me sentir loin des gens, je pense que quand tu fais de la musique c’est que tu veux être honnête et sincère. Avec ce genre de festival c’est possible, les gens sont dans l’amour.
C’est quoi les projets pour la suite?
Pas mal de concerts dont un à Paris le 19 juillet au Consulat et d’autres dates que je vais annoncer plus tard. Et puis il faut que je sorte mon EP à l’automne!
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