Il y a des concerts qui vous touchent et qui vous marquent ; celui-ci en fait partie. Listen Up vous explique pourquoi Catastrophe est l’un des meilleurs groupes sur scène actuellement et pourquoi Forever Pavot ne fait pas de la musique comme les autres.

 

CATASTROPHE

Il nous aura fallu un peu de temps de digérer le concert en haut couleur de Catastrophe. Alors, soyons direct, les concerts du groupe ressemblent plus à une performance artistique qu’à un concert traditionnel.

De la joie, la musique et une énergie pure

Premier acte de cette soirée, le groupe Catastrophe signé sur le label de Bertrand Burgalat, Tricatel, est un groupe comme on en fait peu: surréaliste, poétique et flamboyant. Les membres du groupe arrivent sur scène tous en costumes trois pièces monochromes en nous promettant que ce moment sera unique. Tout se lance avec «Bebop Records», pour nous mettre en jambe et nous faire entrer dans la danse. Sur scène, il se déchaînent et donnent le ton: nous allons en prendre plein les yeux et plein les oreilles. Après un déferlement d’énergie, ils jouent avec nos émotions en faisant redescendre l’intensité avec «Nuggets», leur dernier titre sorti à ce jour. Assez rapidement, la particularité de ce groupe apparaît dans l’union des voix qui le composent, notamment celles de Pierre Jouan, Blandine Rinkel et Arthur Navellou (les plus présents vocalement). L’absurdité des paroles de leur chanson, ici, “I love you with nuggets in my pocket » (trad: « Je t’aime avec des nuggets dans ma poche »), prêterait uniquement à rire si cela n’était pas porté par une orchestration sublime et d’aussi belles voix. Tout comme leur tube «Party in my Pussy» que nous n’aurons pas besoin de traduire ici.

 

 

Un concert parsemé de happenings

Les Catastrophe ont un rituel pendant leurs concerts : manger les peurs de l’audience. Cela semble fou, mais c’est ce qu’ils nous ont proposé en plein du concert. Le temps d’un interlude surréaliste, ils ont sorti une boîte remplie des peurs du public. Avant le concert, ils avaient demandé à des personnes d’écrire leur plus grande peur sur une petit bout de papier. Et maintenant, ce sont ces mêmes papiers qu’ils déclament avant de les manger. C’est fou, mais c’est beau!

Un peu plus tard en introduction de «À cet instant», Blandine demande l’heure, puis commence à déclamer des anaphores commençant toutes par «À cet instant». Ce soir, “à cet instant, une femme se sèche les cheveux en sortant de la piscine”. Catastrophe ne cesse de semer des éléments pour rendre chaque concert unique et nous en faire prendre conscience. Ils embrayent directement sur «Phoenix » dont le refrain est “It’s coming up right now » (trad: »Ça arrive là tout de suite”) évidemment. Enfin, nous nous sommes approchés de l’apothéose avec une version live de L’innocence proche d’un opéra.

 

 

Ils terminent sur «Smalltown Boy» de Bronski Boy (titre qui a connu un gros retour de hype avec son remix par Arnaud Rebotini pour le césarisé « 120 Battements Par Minute ») dans une symphonie de voix et nous sommes tout chose.

 

FOREVER PAVOT

 

Deuxième et dernier acte de cette soirée, le concert de Forever Pavot avec un petit goût d’achèvement. Et pour cause, ce n’est pas tous les soirs qu’on est à la tête d’affiche dans une aussi belle salle que celle de la Gaîté Lyrique.

Forever Pavot, l’âge de raison

Emile Sornin la tête pensante de Forever Pavot a multiplié les projets ces dernières années et c’est peut-être pour revenir aux sources qu’il a puisé dans ses racines charentaises pour composer les titres de son dernier album «La Pantoufle ». Dès le premier morceau qu’il joue à la Gaîté Lyrique – La Soupe à la Grolle – il nous le fait bien comprendre. En avant qu’il ne se lance, nous avons droit à une petite explication de texte : “ – Vous savez ce que veut dire Grolle en Charentais? – “…” – “En fait, Grolle veut dire Corbeau!”. Trêve de discours et place à la musique!

Avec Forever Pavot, nous avons connu des concerts expéditifs où tous les titres s’enchaînent frénétiquement, mais aujourd’hui ils prennent le temps. Le temps de communier avec leur public et de savourer l’instant. Entre deux titres de son dernier album, Forever nous glisse même quelques perles comme une impro jazz de « Get Up » qui ravit nos oreilles et nous montre l’étendue de la palette musicale du groupe. Car oui, les influences du groupe sont à chercher partout et ce concert nous le prouve. En milieu de concert, et comme pour marquer le coup,  nous avons eu le droit à une grosse surprise avec l’intervention de Halo Maud pour «Joe & Rose». Plus tard, ce sera l’un de ses anciens guitaristes qui rejoindra la formation.

Un concert tout en nostalgie

Pour le rappel, le concert a ressorti les masques que l’on avait découvert dans le clip de «Joe & Rose» comme un clin d’oeil au passé. Une fois masqués, ils échangent leur rôle aux instruments et brouillent les pistes. Puis, nous a honoré de la version si particulière du générique du dessin animé « Tintin » (sorte de madeleine de Proust pour toute une génération). Et d’enfoncer le clou en nous annonçant que ce soir, ils joueraient pour la dernière fois le tout premier titre qu’ils ont composé :«Christophe Colomb».

En guise de conclusion, Emile Sornin se met au synthé modulaire pour un finish électronique bien loin de ce à quoi il nous avait habitué, comme quoi ce garçon sait vraiment tout faire avec des instruments de musique. Forever Pavot nous a montré ce soir que le groupe a bien évolué pour notre plus grand bonheur. 

La soirée continuer au Pardon, pour prolonger cette belle fête qui a fait du bien à la musique française.