Eurosonic, à Groningen, est l’un des festivals européens les plus incontournables pour les professionnels de la musique et les programmateurs de festival. Entre autres pour trouver les perles rares du vieux continent. Retour sur le festival!

Un jeudi sous le signe d’une musique hybride

Juicy

Quoi de mieux pour commencer l’eurosonic que les belges de Juicy ? En effet, ce duo allie énergie, revendications et humour sur un son plein de panache. Le public venu curieux a tout de suite été conquis par leur énergie sur scène et leur production léchée.

Et puis soudain. Quelle n’était notre fabuleuse surprise que d’entendre les premières notes de la boulette de Diams! Jouée à Groningen devant un parterre de professionnels internationaux qui n’ont sans doute jamais entendu cette musique, mais qui n’en ont pas moins été conquis par la reprise de Juicy.

AKKAN

Après Juicy, c’est la ville de Gronigen et ses 26 salles de concert, et le projet d’Akkan et que nous découvrons. Suite au R’N’B des belges, place à la musique électronique aux rythmiques ethniques des espagnols. Originaire de Barcelone (comme Desigual), le duo de producteurs propose un univers graphique coloré (comme Desigual) et esthétique (pas comme Desigual).

Les rythmes dansantes d’Akkan ne sont pas sans rappeler nos Polo & Pan et Mawimbi nationaux. Projet intéressant donc mais petite déception :  l’heure du concert trop en début de soirée n’a pas permis de pouvoir se laisser porter par la musique.

Radiant Children

Autre concert, autre registre. Cette fois, c’est au tour de Radiant Children de nous donner un peu de baume au cœur dans le froid hollandais. Le groupe aux sonorités funk, couplées à une production sur le fil, fluide, feutrée, s’harmonisent à une voix low-key soul qui donne un nouvelle tonalité à notre première soirée de festival. En live, le projet est maîtrisé et le public se laisse porter par la chanteuse radieuse venue de Los Angeles mais devenue Londonienne depuis peu.

Petite tristesse toutefois après la fin de ce concert: la soirée est écourtée de moitié du fait de notre impossibilité d’assister aux concerts de nos coups de coeur Boy Azooga et Fontaines DC.  Les salles étaient trop pleines, on reviendra.

Mydy Rabycad

Après 15 pays et 4 continents traverses, c’est à Groningen que Mydy Rabycad posent leurs valises pour faire danser l’Eurosonic. Looks excentriques pour une électro pop dansante à souhait qui réveille la scène du Barn créée pour l’occasion. Un son Groovy au possible, qui assume pleinement les influences d’Abba.

Ce groupe tchèque est une véritable ode à danser. Saxo fou, synthés et basse et sonorités électroniques déjantées, le groupe propose un vrai show, tout de paillettes vêtus.

Arp Frique

Avec ce projet, le néerlandais Niels Nieuborg nous remémore les origines new-yorkaises de la disco et au delà, ses sources africaines, latino-américaines et afro-caribéennes, le tout enrichi par des sons de synthés rétro-futuristes. Découvert lors des Transmusicales, Funk, latin jazz, reggae, funaná, bossa et samba sont tous passés à travers le prisme disco pour finir dans le cocktail « tropical boogie » avec Arp Frique. Ce groove imparable et contagieux a toutefois moins fonctionné dans la salle de Groningen que dans le grand Hall du Parc Expo des Transmusicales car leur musique n’a pas pu vibrer autant dans l’espace.

Un vendredi éclectique et riche en influences

LASS

Pour commencer ce deuxième jour en douceur, nos oreilles se sont tournées vers la polonaise Lass avec sa synth-Pop aux beats issus de la Trap. Seule sur scène, elle présente son projet entourée de pads, synthés et autres machines en tous genres. Le début de soirée n’aidant pas, elle tente de faire danser avec elle le public curieux venu découvrir son projet sans grand succès. LASS est un projet intéressant qui pourrait être amélioré si Kasia Klimczyk avait un beat maker lui permettant de faire davantage le show.

Katarina Malikova & ensemble

Projet atypique dans la programmation du festival Eurosonic, la compositrice et pianiste de formation classique Katarína Máliková a sorti son premier disque, Pustvopol, en 2016. Un album de pop baroque, sensible et aérienne. Elle a ensuite formé son ensemble pour présenter les musiques traditionnelles slovaques via le prisme de la musique contemporaine. Accompagnée par des violons, des percussions, une contrebasse, un piano, un accordéon et des flûtes traversières, sa musique sonne formidablement bien dans le grand théâtre de Groningen. Le temps s’est arrêté durant son concert.

Belako

Changement drastique d’univers musical avec Belako, un projet post-punk tout droit venu de Bilbao. Belako, c’est jutement le nom d’un quartier de leur ville natale. Ce groupe de deux filles et de deux garçons (suffisament rare dans le rock pour le préciser) déborde d’énergies en live et emporte la salle avec eux. Découvert sur une scène tremplin de Rock en Seine, le projet a reconfirmé leur atout majeur : leur puissance en live pour le plus grand plaisir du public venu en nombre assister au concert.

Jacco Gardner

Après un bref passage au concert de Rendez-vous, place a celui de Jacco gardner dans le planétarium de la ville. Ce lieu était sans doute celui qui permettait de sublimer au mieux le live du Hollandais pour son dernier album instrumental « Sommium », plus conceptuel et ambitieux mais toujours aussi psychédélique et hypnotique. Accompagné d’une projection à 360 degrés de système solaires, le temps s’est arrêté pendant le concert, qui fut une vraie bulle pendant le festival.

Kompromat

Après son passage au Péripate la semaine précédente, c’était au tour de l’Eurosonic de découvrir le nouveau projet de Vitalic et Rebeka Warrior. Les deux pontes de la musique électronique française jouent une ode à la techno berlinoise des années 90. Loin de l’ambiance du Péripate, le public accueille leur musique avec intérêt et se met à danser comme en club malgré une heure qui ne s’y prête habituellement pas (23h).

Kompromat a proposé un show minimaliste mais efficace, malgré un petit problème de machine de Vitalic vers la fin du set.

Borokov Borokov

Intrigué par la présentation du festival du groupe « Hi-NRG disco, punk, global pop, hardcore, lounge music », nous avons décidé d’y jeter une oreille, le concert étant proche de celui de Kompromat. Et nous n’avons pas été déçu par le voyage. En effet ce groupe est un grand mélange de n’importe quoi en live avec comme un air indescriptible de Salut C’est Cool flamand.

The Mauskovic Dance Band

The Mauskovic Dance Band

Découvert lors des Transmusicales en 2017, quelle a été notre joie de retrouver les loufoques Mauskovic Dance Band et leur musique sans pareille. « Quand l’afrobeat et la cumbia rencontrent la new-wave new-yorkaise et la disco », tel est le projet des quatre hollandais. Le fondateur du projet, Nicola Mauksovic ,(qui travaille également dans Altin Gün et faisait partie du groupe de Jacco Gardner) a eu la bonne idée de réunir ses frères pour ce troisième projet vivifiant. Une idée grandement approuvée par les 500 personnes venues danser devant le Mauskovic Dance Band.

Cela a donc été un véritable plaisir de conclure ce deuxième soir avec ce groupe si dansant, à l’énergie communicative.

Un samedi soir au cœur de la scène Hollandaise

Donna Blue

Donna Blue

Nous avons trouvé les dignes héritiers de la pop française des années 70 à l’étranger, et ils sont hollandais. En plus de leurs influences gainsbourgeoises période Brigitte Bardot pleinement assumées, le duo va jusqu’à chanter un morceau en français. Pas si étonnant quand on voit leur clip Sunset Boulevard tourné à Paris. Nous avons aussi également agréablement surpris en live par la prestation du groupe avec des passages dynamiques et entêtants.

Rimon

Découvert lors de son passage à Paris pour le Pitchfork Avant-Garde, le concert de Rimon à domicile n’avait peut-être pas la même saveur pour elle. En effet, beaucoup de monde était venu assister à son concert, et il nous a fallu attendre 15 minutes pour pouvoir rentrer dans la salle. Cette attente a vite été compensée par une assemblée sous le charme de l’artiste proposant un RnB flirtant avec la Neo Soul.

Côté scène, Rimon anime tout l’espace du plateau, joue avec ses musiciens et nous emmène dans son monde. En effet, ses textes sont très personnels et racontent les luttes qu’elle a vécues en tant que réfugiée (ayant fui l’Érythrée avec sa mère quand elle était enfant), grandissant en tant qu’étrangère au sein de la culture néerlandaise.

Lewsberg

Lewsberg, hommage au nom de l’écrivain hollandais Robert Loesberg est un groupe de Rock baigné dans l’univers du Velvet Underground. Côté inspiration, le groupe ne s’arrête pas là puisque les thèmes abordés dans leur musique sont issus d’un des livres de l’auteur, ayant pour thème la représentation de la contre-culture et le cynisme des grandes villes des années 60- 70.

En live, derrière la construction répétitive des morceaux se cache beaucoup d’intensité. Les mélodies sont entêtantes et les guitares y sont grandement pour quelque chose. Le morceau ‘The Smile’ sera d’ailleurs un moment pivot du concert.

Feng Suave

FENG SUAVE

Feng Suave est un duo Pop soul venant d’Amsterdam. Après avoir lancé quelques morceaux sur Internet à la fin de 2017, le couple a créé un important engouement en totalisant plus de 3 millions de pièces en ligne et des placements chez divers créateurs de goût sur YouTube, Soundcloud et Instagram.

Au sein du son Feng Suave, le synthétiseur chaleureux se mêle à des percussions lo-fi et à des voix détendues, sans oublier les guitares furieuses qui se fondent harmonieusement dans l’ensemble.

Amy Root

AMY ROOT

Musiciens de formation classique et producteurs hollandais en plein essor, Lukas Amer et Sjoerd Huissoon se sont rencontrés au Conservatoire de Rotterdam en 2017. Après avoir travaillé séparément pendant de nombreuses années, ils ont découvert leur passion électronique commune, qui a conduit à la creation d’Amy Root, dont le son est e caractérisé par des  harmonies exaltantes.

Ce projet est un mix entre Bicep, John Hopkins, Bonobo et Jamie XX  sans pour autant sentir le copier coller. Côté live, le jeune projet fonctionne bien avec une belle énergie sur scène, aidée par des lumières particulièrement bien gérées. Idéal pour entrer dans une phase plus club pour le dernier soir du festival dédié aux artistes hollandais.

YĪN YĪN

YIN YIN

YĪN YĪN est un projet definitivement groovy qu’il faudra suivre de très près. Les têtes pensantes Yves (Bounty Island) et Kees (Baby Galaxy), de Maastricht, associent des chansons traditionnelles asiatiques et folkloriques à des sonorités modernes et les affinent avec du discofunk et du psych-rock des années 70.

Le premier album Pingpxng est sorti en édition limitée sur Coaster Records (NL) et Interceptor Editions (DE). Accompagnés par deux autres musiciens, YĪN YĪN offre la fête ultime du funk psychédélique thaïlandais.

En live, quel show! Le groupe déborde d’une énergie positive et communicative. Tout en cohérence et en complicité, YĪN YĪN a su exploiter le dernier créneau du festival pour emmener le public dans une ode à la danse. Après un rappel, le groupe sort de scène et la foule en redemande. Pas de rappel; nous devrons nous contenter de toute la bonne énergie partagée précédemment.