Éminence grise du chouette label Pain Surprise, Elliot Diener, aka Petit Prince, s’aventure une seconde fois hors de son studio avec un nouvel EP, « Je vous embrasse ».
Copain de boucles de Jacques, avec qui il a monté le label Pain Surprises il y a quelques années, Petit Prince a longtemps préféré rester à l’écart derrière ses machines. D’origine strasbourgeoise, où il a rencontré son copain demi-chevelu, Elliot s’est d’abord forgé des compétences solides au violoncelle, qu’il a étudié au conservatoire. A la suite de son premier orgasme musical, né de la rencontre fortuite de consommation de stupéfiants et de l’écoute du live à Pompéi de Pink floyd, il s’essaie ensuite aux jams sessions rock, où il manie la guitare, la basse, et divers instruments. De cette période, il ne restera finalement que peu de choses, si ce n’est un nom de groupe, Noise Child. Le grand tournant s’effectue en fait après son arrivée à Paris, lorsqu’il intègre la prestigieuse école d’ingé son Louis Lumière, et s’érudit aux techniques de mixage, devenant un homme de machines.
Accompagné d’un troisième copain, Etienne Piketty, il fonde alors le label Pain Surprises, et produit, outre le chamanique Jacques, des artistes talentueux et décalés, comme Basile di Manski, Grand Soleil, ou Jabberwocky. Grand émotif, un brin timide, ses sorties en solo se font rares. Un EP Deux mille dix, luminaire et introspectif, voit le jour en 2015, puis rien pendant quatre ans.
C’est que le garçon se fixe la barre très haut, et s’impose une rigueur impitoyable dans la composition de ses morceaux, dont certains ne sonnent pas si loin des débuts de Tame Impala. Difficile pourtant de le classer dans un style en particulier. Les influences sont diverses. On trouve par ci par là des petits bouts de Air, un peu de Moodoïd, des allures de Kid Wise. Les loops aériennes de son Moog Voyager, centre névralgique de ses mélodies, peuvent à tout moment se faire renverser par des riffs de guitare saturée, ou s’étendre et se disperser dans les vibrations mélancoliques des cordes de son violoncelle.
La construction est complexe, non dénuée d’un certain charme, qui se révèle plus séduisant à chaque écoute. Une bien belle surprise donc que cet EP, au caractère singulier, personnel, et tout simplement beau…
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