Blu Samu, c’est un de nos coup de coeur chez Listen Up et ça fait un moment que nous la suivons. On a profité d’un de ses passages à Paris pour faire un petit point d’étape et parler de sa carrière, de sa musique et de la vie d’artiste.
Bonjour Blu Samu, dis nous, tu en es où en ce moment?
Alors j’ai commencé avec LaBrique [ label qui réunit beaucoup d’artistes hip hop bruxellois, ndlr] et je les ai quitté il y a quelques mois. J’ai eu l’impression que je devais tout recommencer. Tu perds quand même une certaine base que tu avais autour de toi, il faut reconstruire une équipe et retrouver des gens qui peuvent t’aider à exécuter ta vision. Maintenant on commence à avoir de bonnes bases, mais je me sens au début, mais un très bon début.
Ça fait un petit moment que tu es présente sur la scène quand même, mais ce n’est que le début?
Oui et non! Ça fait quand même 4 ans que je fais de la musique, que je sors des choses et ça va faire 2 ans que je tourne, donc ce n’est pas vraiment le début. Ce serait plus un début plus indépendant, plus personnel, pour moi tu peux appeler ça un vrai début.
On a l’impression que tu as beaucoup réfléchi à tout ça. Qu’est-ce que cette réflexion a changé à ton projet?
Quand j’ai commencé, j’avais une vision très naïve de la musique. Je pensais que je pouvais me concentrer uniquement sur l’artistique. Aujourd’hui, je sais qu’en tant qu’artiste il faut à la fois prendre en compte le côté artistique et tout l’aspect business. J’ai désormais une vision plus claire et plus affûtée de ce que je veux faire et de là où je veux aller artistiquement. Je commence aussi à construire réellement mon univers, notamment visuel, pour proposer tout un package.
Tu parles de ton univers visuel, on a eu la chance de te voir plusieurs fois sur scène, et on sent que le stylisme a pris une vraie part dans ton projet, on se trompe?
Pas du tout! J’ai longtemps considéré que ce n’était pas très important la façon dont on s’habille, notamment dans le hip hop, mais ce n’est plus le cas. Du moins, ce n’est pas le cas, en tout cas en tant que femme. Tu ne peux pas venir habiller comme un clodo! Par exemple, quand tu vas à une interview, tu ne peux pas venir en jogging et pas maquillé. Sinon, on va dire que tu es négligée ou que tu ne prends pas soin de toi, contrairement aux artistes masculins. Depuis que j’ai rencontré Yseult et qu’elle est devenue ma DA, c’est un domaine dans lequel je m’épanouis plus et que je prends plaisir à développer. J’essaie notamment de créer mon propre universelle stylistique, je pense qu’il emprunte beaucoup à mes passions notamment les mangas, en particulier Nana ou Sailor Moon.
Et concernant ton univers musical, tu peux nous parler un peu de tes influences, ton rapport à l’écriture, du choix de l’anglais?
Je suis né en Belgique mais ma mère m’a rapidement envoyé vivre chez ma grand-mère au Portugal où j’ai vécu jusqu’à 6 ans. À mon retour en Belgique à Anvers, je passais beaucoup de temps à regarder la télé et on avait beaucoup de chaînes anglophones telles que Cartoon Network, tandis qu’à l’école c’était plus compliqué. Je ne parlais pas bien flamand, les autres enfants se moquaient beaucoup de moi. Je pense qu’à ce moment, l’anglais est devenu pour moi un refuge, que j’ai commencé à me créer une bulle. Un peu plus tard, j’ai commencé à écouter de la musique et des artistes comme Mos Deff m’ont tout de suite parlé. Tu vois, ce genre de hip hop poétique et qui a des choses à dire, loin de l’égotrip.
C’est ça l’histoire du début de la musique pour toi?
En quelques sortes, j’ai toujours beaucoup écrit, d’abord des poèmes puis des chansons. Il avait une personne que j’apprécie beaucoup à Anvers, Luie Louis, avec lequel j’ai fait « I run ». Un jour, j’ai fait un concert à Anvers et c’était vraiment vraiment nul! C’était le tout tout début et il y a longtemps! Les membres du 77 était là et ils ont trouvé ça cool. Ils m’ont fait découvrir ce qu’ils faisaient, puis on a commencé à travailler ensemble et ça s’est super bien passé. J’avais quelques problèmes financiers à cette époque et je ne pouvais pas bouger. Ils m’ont dit : “ Viens dans la maison où on habite, on a un petit bureau. On va tout jeter et te faire une chambre. Comme ça tu peux te refaire et on peut faire de la musique ensemble”. C’est comme ça que je suis arrivée à Bruxelles et que tout est parti.
C’est l’arrivée à Bruxelles, le déclenchement?
Grâce au 77, j’ai rencontré plein de monde dans cette ville comme l’Or du Commun ou Labrique.Je ne me suis jamais senti chez moi en Belgique avant d’habiter à Bruxelles. J’aime beaucoup la mentalité là-bas. Les gens sont très ouverts. Tu peux t’asseoir dans un bar et dire que tu es tout seul et il y aura au moins 3 personnes qui te proposeront de passer une soirée cool avec. C’est hyper facile de connecter et de faire des choses avec les gens. Je pense que ça explique la vitalité de la scène bruxelloise.
Tu te vois donc à Bruxelles pour la suite?
Je n’ai pas envie de rester à un endroit. J’ai envie de bouger et de voir plein de choses. Je pense que bouger, voir de nouvelles cultures et de nouvelles personnes aident beaucoup dans ma créativité. J’aimerais passer un peu de temps aux États-Unies l’année prochaine. Surtout parce que je passe beaucoup de temps en France et à Bruxelles et je parle tout le temps français. J’aime beaucoup la France et le français, mais ce n’est pas ma langue d’écriture. Je sens que ça commence à avoir de l’influence sur mon anglais. Je souhaite donc me relier plus à la culture des US et à la culture qui a fait de moi ce que je suis. Dans mes textes ou lorsque je rappe, la musique que je fais se rapproche plus du hip hop US que la musique britannique.
Au début de cet entretien, tu as dit que tu sors de 2 ans de tournée, on t’a vu sur scène, notamment à We Love Green, on peut s’attendre à la même chose pour la Maroquinerie?
Tout d’abord, je voudrais parler de We Love Green, c’était une de mes plus belles dates. Qu’on me donne l’occasion de jouer aux côtés de si gros artistes, c’était vraiment incroyable. Récemment, j’ai aussi beaucoup été en studio, notamment sur le mix et ça va se ressentir. Petite exclu, les gens qui seront à la Maroquinerie pourront découvrir en avant-première les prochains morceaux de mon EP qui sort le 15 novembre. J’ai beaucoup évolué sur scène, ça va être un sacré show. Et c’est tout ce que je peux vous dire!
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