Ouai Stéphane, compositeur aussi aussi incompris que talentueux nous régale de deux nouveaux sons sur l’ep « Drastic » sorti le 17 avril dernier.
On ne sait pas encore si on doit le qualifier de génie ou de weirdo, mais les productions de Ouai Stephane s’étoffent, il met un de côté son image d’hurluberlu sur Drastic pour des productions plus sérieuses. Entre un premier titre éponyme et délirant lâché en 2017, et l’expression de son soutien «wtf» à l’équipe de France de football en 2018, ce violoniste de formation a su maintenir une brume énigmatique autour de son projet.
Découvert dès ses débuts avec Listen Up, on s’attendait à un autre partisan de la mouvance technolol, mais il s’affirme sur ce 3ème opus, et se distingue même. Même si il peut ne pas convaincre, son approche décalée de la production de prime abord, et son aversion pour tenir le haut de l’affiche provoque forcément une réaction. Ici, son live à France miniature, en parallèle du festival du Cercle organisé à Chambord en 2019.
Drastic est sorti le mois dernier avec 2 titres de 4 minutes et quelques. La comparaison entre Ouai Stéphane à Jacques est souvent mentionnée pour les plus profanes, mais une écoute attentive nous permet de voir que le message et les influences sont plus éloignés que l’on pourrait croire. Le producteur se concentre plus sur l’aspect technique et « bidouilleur» de matos électronique de Ouai, à la différence de Jacques, il a fait de sa lubie la fabrication de ses supports musicaux afin d’en tirer des possibilités musicales inédites.En s’acharnant sur le perfectionnement de ses machines comme un petit rat de studio, Ouai Stéphane est une symbiose entre une solide formation de solfège et une passion pour la musique électronique. Sur ce nouveau disque, nous pouvons sentir son influence de la scène électro/jungle UK plus clairement affirmée que sur ses morceaux précédents.
Assez inclassable, on pourrait le rapprocher de la techno progressive et industrielle de Carpenter Brut et, avec des boucles électroniques longues et stables à You Man, les kicks imprévisibles en plus. 1er track, au nom de l’ep, débute sur des sons stridents puis se mélange progressivement de beats ronds et résonnant. Le rythme est fuyant, des voix métallique dictent la danse, mais c’est à l’image de sa musique en live: on est entre mouvement et surprise. La batterie, omniprésente, marque et mène tout le morceau, les kicks aiguës projettent le track dans l’espace.
Waiau, le second morceau, est une suite logique, mais il se développe plus rapidement, plus puissamment aussi. Les beats industriels et déjantés viennent surprendre la constance du 1er morceau. Les saturations des machines donnent un ensemble mécanique qui frappent le morceau qui devient exutoire. Les « yeah » ponctuant chaque boucle nous rappellent que il est bien aux manettes de ces morceaux, qui sont paradoxalement spatiaux par la trame et terre à terre par la durée du track et sa constance.
Ouai c’est déjà la fin : Stéphane, qui n’est pas cet imposant personnage moustachu que l’on voit sur ses clips, nous permet de percer un peu plus le mystère qui l’entoure avec la sortie de cet ep. On peut se plonger dans les inspirations de l’artiste avec sa playlist ici sur Spotify :
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