Découverte en avril lors de la sortie de son premier titre lo-fi, ‘Étincelles’, nous avons souhaité en savoir plus sur Club Célest à l’occasion de la sortie de son second morceau, ‘Magic’.
Bonjour Club Célest, ton projet a quelques mois maintenant, peux tu nous parler de sa genèse?
Alors Club Célest, c’est un projet hybride. Je viens du Jazz via ma formation musicale qui m’a alors permis de rencontrer beaucoup de musiciens et de travailler avec eux sur différents projets. Mais derrière l’attrait pour cette musique, j’ai toujours été très intéressée par la musique électronique, plus « prodée ».
Grâce au projet dans lequel j’ai été avant, j’ai pu travailler fortement la technique de la voix. Mais avec le temps j’ai souhaité m’éloigner progressivement du jazz, pour aller vers mes influences propres, avec des productions plus pop, plus lo-fi.
D’accord et comment t’est venu ce déclic pour ton projet pop avec des production lofi- groovy?
J’ai toujours un peu composé de mon côté. A partir de 18 ans, au lycée, je le faisais car j’avais un groupe de rock à l’époque. Pour ce qui est de Club Célest, j’ai commencé à écrire des morceaux à partir de 2016, toute seule dans mon appartement.
J’ai collaboré pour des titres urbain, puis la rencontre avec Jimmy Whoo qui m’a beaucoup apporté m’a fait réfléchir à ce que je pouvais faire, mes influences. Mon projet solo s’est dessiné fin 2017 avec un très bon ami à moi, Rémi Drouillard, pour commencer à travailler sur des compositions. C’est en juin 2018 que l’on s’est mis à la création de vrais titres, il a tout de suite décelé en moi cette envie de travailler la voix. A l’issue de cette période, on a finalisé deux titres qui seront sur mon premier EP.
Puis j’ai rencontré Julmont qui avait beaucoup aimé un titre sur lequel j’avais chanté qui s’appelle ‘Port de Loisir’. On s’est alors rencontrés à la rentrée 2018 et il m’a proposé un projet de production très 90’s qui me convenait parfaitement. C’est d’ailleurs de la qu’est né, ‘Magic’, mon second single, il est sorti il y a deux semaines. Puis le feeling se faisant, il est devenu mon producteur attiré.
Comment travaillez-vous avec Julmont?
Alors c’est très différent d’un titre à l’autre, par exemple ‘Etincelles’, il m’a fait écouté la prod et cela a été un vrai coup de coeur. Pour ‘Magic’, c’était une co-construction, mais pour ‘Vacarme’, titre qui sera également dans premier EP, j’avais fait la composition sur mon Micro Korg, Julmont a alors fait les arrangements.
Tu nous a beaucoup parlé de tes influences, mais pourrais-tu nous donner quelques noms pour que les lecteurs puissent visualiser l’univers de ton projet?
Alors mon artiste de référence que j’écoute depuis 5 ans est Joni Mitchell, une artiste complète dans le sens où elle peint, produit ses propres morceaux, collabore également avec des producteurs très différents, etc.
Dans les textes, je suis plus proche d’un Serge Gainsbourg, avec des textes à double sens, à l’époque de l’album de Melody Nelson. L’insolence que ça propose me touche beaucoup.
Pour les artistes plus contemporains, je pense tout de suite à Bonnie Banane, qui joue beaucoup des doubles sens, comme dans son titre ‘Affection’, où c’est une critique sur l’obsession de la nouveauté et le fait de se lasser rapidement des choses. J’aime son univers, sa posture, son féminisme sans le dire, dans un cynisme moderne. Mais nécessaire dans cette société dans laquelle nous vivons.
Pour le coté international, ma musique ressemble plus à Benny Sings pour sa structure sonore et son talent à manier sa voix. Il y a également Tirzah. J’ai un gros coup de coeur pour son album Devotion. Ce que j’apprécie particulièrement dans son projet, c’est le coté loop, en jouant avec sa voix sur des registres soul, slam et rap, ce parlé chanté si stimulant, comme un poème.
Et pourrais-tu nous parler de la raison du choix du nom de Club Célest, as-tu un rapport particulier aux étoiles?
D’abord Célest, ça me correspondait profondément par mon goût pour les astres. Puis c’est également un prénom et un adjectif qui dit beaucoup de choses. Enfin, le mot club était important pour moi car je ne voulais pas m’appuyer sur seulement un prénom, j’avais cet envie d’incarner un lieu. Puis ça fait écho avec l’actualité. Les lieux de club, de culture, dans lesquels nous sommes actuellement privés ,sont des lieux à chérir et je souhaite les valoriser avec cet état d’esprit.
Tu parles de Club, donc on imagine que le live est important pour toi? Comment vois-tu le club parfait pour écouter Club Célest ?
Je vois quelque chose de coloré, ludique, enfantin, qui est très présent dans mon univers. Je peux être nightclub via mon attrait pour la nuit. Je compose beaucoup dans la nuit, mais en même temps j’ai ce coté très ludique. Pour moi c’est un mélange des deux avec cette effervescence, ces rencontres qui se font et défont.
Avec ‘Magic’ et ‘Etincelles’, tu parles beaucoup des relations amoureuses, qu’est ce qui te stimule dans ce sujet?
Pour le titre ‘Etincelles’, je trouvais important de le sortir en premier car ça parle de cette relation autour du numérique, des relations à travers les écrans, qui nous stimulent autant que l’on peut les avoir en détestation. Selon moi, il est important d’avoir cette ferveur, qu’on profite des relations « IRL » (In Real Life). Puis j’aime parler d’amour, sans le dire. Pour moi, les amours qu’on ne dit pas, sont les amours les plus importants.
‘Magic’ en revanche est plus porté sur l’amoureux, un retour à la nostalgie adolescente, sans savoir ce qui se cache réellement derrière ces moments qui nous plongent dans une magie. Comme au lycée, on attend la personne à l’entrée du lycée, lieux où se déroule les intrigues amoureuses, les attentes et les mystères. Il y a une certaine magie qui se dégage autour de cette première vie amoureuse, cette recherche. Dans le refrain, c’est la question de comment peut-on revenir vers l’être aimé, les volte face, les questionnements.
Tu as des pochettes léchées pour tes deux titres, un clip très VHS, ambiance années 90, quel est ton rapport à l’image dans ton projet?
L’image est, selon moi, importante dans ma musique. Cela représente 60% de mon projet. Par exemple, j’avais une idée précise du clip que je voulais. J’ai adoré l’univers visuel de la réalisatrice Lucie Ternisien. On a accroché de suite. On a co-écrit ensemble le scénario avec une effervescence d’idées. Je trouvais important cette dichotomie entre Instagram, ces personnes qu’on fascine, et en même temps, ce coté VHS.
Au delà de ce clip, tu as des productions très 90’s. Qu’est ce qui te fascine dans cette décennie?
Ce qui m’anime, c’est l’univers visuel, très arty et loufoque des années 90 qui contraste avec notre époque quelque peu cynique et qu’on est dans ce revival ces dernière années. Je souhaitais faire un parallèle à un coté arty, désuet parfois, mais avec une envie plus profonde, avec l’effervescence de l’époque.
Et quelles sont les 5 choses de cette décennie qui t’ont marqué?
- le début des soirées rave / extérieur, là où on a connu le outdoor avec cette liberté forte à l’époque;
- la liberté de ton, on était moins dans les carcans actuels, classés dans des « cases »;
- l’univers vestimentaire, c’est vraiment ma façon de m’habiller, très coloré, qui osait tout, le coté grunge et classe en même temps;
- La gameboy, je joue d’ailleurs avec une gameboy dans mon clip Etincelles (rire);
- L’esprit canal de l’époque: impétueux, espiègle et novateur.
Et 5 artistes des 90’s?
- Janet Jackson
- MC solaar
- Simply red
- NOA
- D’Angelo
On est en plein confinement, et qui dit confinement, dit repli sur soi même souvent. Quels sont les 3 artistes de ces derniers mois que tu embarques tout le temps avec toi ?
- Aya Nakamura
- SAULT
- Les louanges
- Sunni Colon
Et l’après ?
L’EP devrait sortir au printemps 2021 avec une chouette release party au 1999, hâte de pouvoir jouer à nouveau!
Ecrire un commentaire