Transmusicales 2021 : LE RETOUR !

Après une édition 2020 passée à se ronger le pass pro devant nos écrans pour voir les 15 groupes programmés en livestream (revoir ici), on va enfin pouvoir à nouveau écumer les allées du Parc Expo de Rennes du 2 au 5 Décembre, en quête des groupes qui feront les headlines des festivals des prochaines années. On a déjà notre petite idée sur les noms, bien sûr. Si toi aussi tu veux pouvoir briller dans le petit monde de la musique, en sortant des noms de groupe que les gens ne connaîtront que dans un an ou deux, suis nous dans notre marathon. On te prévient, c’est sport. On te prévient, on va pas t’attendre. Toujours chaud.e? Ok, retrouve nous devant les groupes qui sont dans cette article!

 

GWENDOLINE

Rendez-vous au PMU à huit heures du matin, pour se chauffer tranquillement le guidon de la mobylette en vue du concert de Gwendoline. Cette bonne bande de branleurs Renno-Brestois tourne au Ricard et à la bonne rime dans ta face. Dans ta face de toi, le touriste musical trop indépendant et trop underground qui pensera découvrir le groupe avant tout le monde parce que tu les auras vu aux Transmusicales. Perdu : ça fait un an qu’ils y ont déjà joué (ouais ok ouais c’était en livestream). Et en remettant le couvert pour une seconde année, ils mettent une bonne claque à la plupart des groupes mythiques que le festival a déjà révélés.

A l’écoute de Gwendoline, on se dit clairement que les Russian doomers peuvent aller se rhabiller avec leur post punk d’opérette. Là ça chante la déprime, la vraie. La lucide sur le fascisme ambiant et le disneylandisme a deux balles qui fait rêver dans les lotissements pétés. On espère que tu vas bien niquer ton RSA a payer ton pass 3 jours et ta bière coupée a l’eau, parce que le groupe sur scène ne manquera pas de te rappeler la réalité à la gorge. Celle qui te rappelle que la fin du monde peut arriver n’importe quand. Celle qui va enfin te permettre de hurler « J’en ai rien à foutre ».

T’as lâché 200 balles pour aller au festival, j’en ai rien. à foutre. Tu connais les artistes, j’en ai rien à foutre. Ton pass pro de journaliste musical, j’en ai rien à foutre. Tu vas à l’after des Bars en Trans, j’en ai rien à foutre. Que tu ailles voir Gwendoline pour te retourner le pointage au Pôle Emploi, j’en ai rien à foutre.

La vie c’est dur, putain.

LALALAR

Les médias spécialisés musique émergente les rangeront un peu rapidement dans la même case qu’Altin Gün, Derya Yildirim et autres Gaye su Aykyol. A savoir celle des groupes qui font revivre un âge d’or so called « disparu » de la musique psychédélique turque. Lalalar vient rappeller que cet âge d’or est tout sauf disparu. Que la scène stambouliote contemporaine bouillonne de formations qui dépassent une simple ré-interprétation du passé, et qui sont bien en phase avec des esthétiques anticipant le futur. Lalalar c’est typiquement le genre de groupes qui se jouent des âges et des styles, came absolue du programmateur des Transmusicales.
Leur passage dans le festival sera donc clairement un bon secouage de repères musicaux et temporels. Bienvenue dans le shaker sonore! Aussi intense qu’un passage dans la centrifugeuse qui fait face à l’entrée du Liberté, si tu vois ce que je veux dire. Et si tu ne vois pas, c’est qu’il est grand temps que tu fasses ce festival. L’électricité qu’ils dégagent sur scène transformera le sol du Hall 8 en grande piste branchée sur 10 000 volts, où sauter de façon ininterrompue sera la seule option pour en sortir indemne.

 

MOLLY LEWIS

Attention projet surprenant à découvrir au plus vite! Ici, pas de voix, l’instrument principal n’est pas le saxophone ou la trompette (qui font des apparitions dans les morceaux) mais le sifflement haut perché de Molly Lewis. Plus proche du thérémine que de tout sifflement que vous ayez pu entendre dans votre vie, ce projet musical singulier et captivant dénote de la scène actuelle et ce, pour notre plus grand plaisir.

En plus d’être d’une beauté sans pareille, sa musique est cinématographique. Fermez les yeux et Molly Lewis sera votre B.O pour une aventure exotique lointaine où le temps est doux et où il fait bon vivre.

Sorti en juillet 2021 chez Jagjaguwar, son premier EP, « The Forgetten Edge », est un pur bijou jouant entre les BO de Western et les sonorités de la musique issue de l’Amérique Latine.

Jeune projet, l’australienne vivant aux Etats Unis a déjà réalisé plusieurs featuring de qualité cette année et qui éclairent un peu plus sur ses influences. On peut citer une collaboration avec Nick Sena, compositeur de musique de film, deux feat avec Sonido Gallo Negro, groupe de Cumbia psychédélique méxicain, le producteur Deadelus et la chanteuse soul équatorienne et guatémaltèque Trish Toledo.

WET LEG

Dans la catégorie groupe badasse féminin à suivre de très près aux Trans Musicales, on vous recommande TRES chaleureusement Wet Leg.

Contrairement au morceau ci-dessus qui pourrait porter confusion, le duo n’est pas français mais anglais (plus précisément originaire de l’Île de Wight)! Faisant partie de cette scène Post Punk follement prolifique ces dernières années (surtout au Royaume Uni), la musique de Wet Leg déborde d’une énergie folle qui poussera les plus sceptiques à faire tomber la société patriarcale donc laquelle nous vivons.

Avec seulement deux singles sortis respectivement en juin et en septembre 2021, le meilleur moyen d’en écouter plus sera d’assister à leur concert mercredi soir à l’UBU!

 

HEY DJAN

Je crois que j’avais 11-12 ans quand j’ai regardé le film Babel pour la première fois et j’ai un souvenir très fort de la bande originale de Gustavo Santaolalla, notamment le thème principal qui vient accompagner les sublimes images des collines arides du Maroc. Et bien quand j’ai écouté le morceau « Siretsi Yars Daran », j’ai retrouvé cette sensation, ces images, cette beauté complexe et ambigüe. Quand un artiste arrive à me transporter dans un endroit de mon enfance comme ça, il devient tout de suite spécial à mes yeux.

Hey Djan c’est donc un groupe composé de musiciens arméniens et français, reprenant des chansons du folklore arménien en les réarrangeant avec une sauce plus pop, agrémentée de synthés, de sax et de Fender Jaguar. On sent une réelle volonté de dépoussiérer les classiques et de faire découvrir la musique arménienne à un public non averti (Charles Aznavour et André Manoukian ça compte pas désolé).

Avec seulement deux singles de sortis, j’ai très hâte d’entendre ce que le sextet va nous préparer en live. Il y a une réelle maîtrise des codes de la pop couplée à un amour des musiques traditionnelles. Si tu veux voyager un peu et échapper à la réalité météorologique qu’est Rennes en décembre, passe donc les voir à l’étage le vendredi à 18h20. C’est gratuit, donc aucune excuse pour que tu ne viennes pas te réchauffer le coeur avec de sublimes balades chantées en arménien. Ça réchauffe plus qu’un thé à la menthe, promis.

 

 

HELLO FOREVER

ROHLÀLÀ ÇA FAIT DU BIEN. Voilà les mots que j’ai écrié quand j’ai écouté Hello Forever pour la première fois. Voyez-vous, il fut un temps où l’on pouvait me décrire par le doux sobriquet d’enfoiré de puriste, scandant à tout va la sacro sainte formule du « c’était mieux avant » avec mes disques de Todd Rundgren et Donovan en guise de livret de messe. Et bien j’aurais voulu faire écouter Hello Forever à mon moi d’il y a 6 ans, juste pour bien m’auto fermer la gueule et de me guider vers des horizons musicaux nouveaux, où des artistes viennent puiser dans ce qu’il y a de mieux du passé pour fabriquer des morceaux géniaux avec les possibilités d’aujourd’hui.

Hello Forever c’est plus qu’un revival surfant sur une vague post-psychédélique, déjà bien usée dans les années 2010 par des bougres comme Kevin Parker, Khruangbin ou King Gizzard. C’est une bande de californiens perchés sur une colline qui veulent nous rappeler les mélodies entêtantes des sixties avec le feel good en seul mot d’ordre. Et ils y arrivent sans passer pour une repompe du genre, mais plutôt quelque chose de nouveau ne cachant pas leurs influences. Venez donc les voir avec un sourire jusqu’au oreilles et en dansant les bras levés, câlin collectif de fin de concert obligatoire.