Le festival « La Magnifique Society » s’est déroulé à Reims du 24 au 26 juin. A cette occasion j’ai assisté au concert de Genesis Owusu. C’est un artiste de talent qui gagnerait a être plus connu en France.

Né au Ghana, le chanteur a grandi à Canberra en Australie. Il commence à chanter avec son grand frère Citizen Kay puis se lance en solo avec un premier EP « Cardrive » en 2017. En mars 2021, il est de retour avec son premier album « Smiling with No Teeth ». Rapidement il est multi récompensé en Australie au ARIA Music Awards, au J Awards et au Rolling Stone Australia Awards. Principalement en tournée aux Etats-Unis et en Australie, il a fait un détour par la France et mériterait d’y être plus connu.

Gagner le coeur du public

Il avait plu tout l’après-midi à Reims ce samedi, le temps s’était rafraichi et les festivaliers encore animés par Juliette Armanet attendaient maintenant clairement l’arrivée prochaine de PNL sur la scène principale. Programmé sur la deuxième scène, Genesis Owusu n’a pas fait le plein de spectateurs en début de concert. D’abord intrigué, le public, majoritairement français, semblait difficile à atteindre avec des interactions en anglais.

Pourtant, dès les premiers morceaux, vêtu d’un costume rouge avec les backings tracks pour seul accompagnement, il dégageait une énergie tellement puissante que petit à petit, le public s’est agrandi. Comme un aimant, Genesis Owusu attire dans son univers et nous a tenu en haleine au fil du concert.

Il fait vibrer la foule avec un show qui détonne et prend aux tripes. En chef de choeur décomplexé, il s’amuse et fait chanter son auditoire des bouts de mélodies et des onomatopées. Puis, déboulent deux acolytes. En cagoules, ils redoublent d’énergie et sautent partout, sur scène et dans la fosse. Ils finissent par se démasquer et se mettent également à chanter. On ne connait pas les paroles ? Peut-importe, à la fin tout le monde chante, danse et saute ensemble.

Un style à part, éclectique et engagé

Entre funk, hip-hop et RnB, Genesis Owusu sait mélanger les genres. Dans son dernier album autant qu’en concert, quelque soit son goût, on y trouve forcément son compte. D’un titre à l’autre, il module son timbre, façon Prince dans « Don’t Need You », pose son flow à la Outkast dans « Gold Chains », et acère des punchlines tel Childish Gambino dans « I Don’t See Colour ».

Par ailleurs, c’est un artiste qui n’hésite pas à s’engager et se livrer à nous. Ses textes à double sens sont forts et empreints de son expérience personnelle. Sous des accords entrainants se cachent des sujets plus profonds. Il réussi avec brio à traiter du racisme, de la dépression ou du sexisme.

A travers le concept de « Black Dogs » il représente d’un côté la société et ses diktats, de l’autre ses répercussions dans la construction d’une identité. Chacune de ces facettes personnifiées en black dog, incarnent ces deux perspectives. Ou comment on arrive à sourire alors qu’on est édenté. La scénographie suit également cette idée. A la fin du concert le goon club* qui l’accompagne brandit une pancarte au message simple mais efficace « Don’t Forget to Smile »**. La boucle est bouclée, sourire aux lèvres, à la fois heureux et triste, c’est ainsi que l’on voit s’achever le concert.

Aussi, à défaut d’avoir l’opportunité d’assister à nouveau à un concert de Genesis Owusu en France car aucune date n’est encore annoncée, je ne peux donc que vous conseiller d’aller écouter « Smiling With No Teeth », son dernier album.
*Nom donné par l’artiste aux performers qui l’accompagnent. De l’anglais, goon signifiant « idiot » mais également « homme de main ».

**N’oubliez pas de sourire