Que cette édition du MaMA 2022 était belle ! Trois jours intenses de musiques et de rencontres. Nous vous racontons !

Que les retrouvailles ont été belles ! Cette deuxième édition nous a surpris comme toujours et a réussi, avec brio, à réunir professionnels, médias et grand public pendant trois jours de concert et de conférences.

Les rédacteurs et rédactrices présent.es au MaMA vous racontent chacun.e leur plus grosse claque, leurs plus belles découvertes ou confirmations !

Le MaMA 2022 selon Maxime

Bracco

En ce premier soir de concerts au MaMa Festival, l’affiche est alléchante et les concerts s’enchainent. Après un très solide set du groupe québécois Choses Sauvages, nous restons au Backstage by the Mill pour assister au set de Bracco. Ne connaissant quasi rien à ce groupe, mise à part la recommandation que m’en fait mon ami et qui m’assure que je vais apprécier, je ne m’attends pas à quelque chose de particulier. J’apprends que le groupe revient avec un nouveau disque, Dromonia qui doit sortir le 4 décembre chez Born Bad Records, et que c’est l’occasion pour eux de revenir en live également.

Le duo monte sur scène avec d’un côté des machines/claviers et de l’autre une guitare. Un set-up assez simple mais qui montre très rapidement son efficacité : le groupe commence par envoyer une instrumentale assez rigide et industrielle mais tout de même dansante, et rajoute par-dessus des éléments tantôt mélodiques tantôt plus dissonants de guitare, avec la voix chantée/parlée du guitariste qui se montre parfois agressive mais très maitrisée. Immédiatement, quelque chose d’assez électrisant se dégage du groupe et les compositions font mouches en live, malgré un son peut-être légèrement trop agressif et qui aurait pu gagner en dynamique avec une gestion un peu plus subtile des montées en puissance.


Peu après, le chanteur/guitariste pose en fait sa guitare cordes vers le haut sur une table collée aux machines et commence à frapper les cordes avec une baguettes en rythme avec la rythmique des titres qui s’enchainent. A la fois l’effet musical est saisissant, on a une vraie dissonance et un vrai son « live » qui s’ajoute aux instrumentales plus rigides, mais aussi un effet visuel qui permet vraiment d’entrer en résonance avec le groupe dans une ambiance quasi-rituelle. Une excellente surprise en concert, avec un groupe qu’on ne pourra que recommander à l’avenir pour tout amateur de musique post-punk mais aussi plus largement amateurs de musique dansante qui lorgne un peu vers le sombre.

Psychotic Monks

Plus tard dans la soirée, nous nous rendons à la Machine du Moulin Rouge pour assister au concert que nous attendions le plus de la soirée, savoir celui des Psychotic Monks. Déjà vus une fois précédente lors d’un set assez court, l’attente était grande pour ce groupe « local » qui fait partie de ce qui se fait de mieux en France en matière de rock indépendant de manière générale. Et nous n’avons pas été déçus, le set est dès les premières notes intenses, maitrisé, et pourtant donnant une impression d’énergie chaotique qui se dégage du quatuor. Le groupe est assez resserré sur scène, sur une ligne en vérité, avec de gauche à droite le guitariste, le machiniste/claviériste, le batteur, et le deuxième guitariste.
Avec cette ligne, mais aussi le fait que le chant est alterné tour à tour entre les membres du groupe, cela donne une vraie sensation de cohésion entre les différents membres. On sent à travers les regards qu’ils se lancent, que le groupe joue vraiment ensemble, et le développement des titres vers des vrais piques d’intensité montre toute la puissance de cette machine bien huilée.

Le groupe a une véritable identité musicale, esthétique et on se dit qu’on a de la chance d’avoir ce genre de groupe en France, qui essaye de bousculer les choses et d’aller plus loin sans chercher à imiter les groupes anglophones qui fleurissent actuellement dans ce genre de musique indépendante. Nous avons même droit à un extrait du prochain album, Pink Colour Surgery, qui doit sortir le 3 février 2023 chez Vicious Circle et FatCat Records, en la forme du titre « Post-Post- ».

Il montre bien le chemin que le groupe a parcouru depuis ses débuts beaucoup plus garage/rock psychédélique. Ici, nous avons un son plus épuré, brut, avec une rythmique simple mais terriblement efficace, avec les Psychotic Monks qui arrivent à construire des couches multiples de guitares, nappes sonores, qui ne peuvent pas laisser indifférents et donnent à voir ce que l’avenir du groupe pourra être. A la fin du concert, le groupe, visiblement content du set, annoncent leur prochaine date parisienne qui aura lieu le 23 mars 2023 à la Maroquinerie. On y sera avec joie !

Le MaMA 2022 selon Axel

Lynks

« Voulez-vous coucher avec moi, ce soir? » Il fallait qu’il la fasse, sinon une partie de lui n’aurait pas été pleinement heureuse en jouant dans la chaufferie de La Machine du Moulin Rouge. C’est suite à cette ouverture que Lynks et les trois danseuses qui l’accompagnent ont fait l’amour à nos oreilles, sans froufrous mais bien foufous.

Pour sa première date à Paris, le Londonien mi-drag, mi-créature bizarre, mi-véritable punk a dévoilé aussi bien les coutures de son court costume de scène qu’une très large gamme de nouveaux morceaux qui – oui je spoile et c’est pour ça que tu lis d’ailleurs – devraient bientôt arriver en ligne.

Pourtant, ce sont ses tubes ‘Str8 Acting’ et ‘BBB’ (Big Bad Bitch pour les intimes) qui ont vraiment soulevé la foule. Pas facile, la scène de la Chaufferie, surtout quand c’est Bagarre qui joue pile en même temps et siphonne le public des autres spots du MaMA! Dans le sens de l’histoire, il se pourrait que ce soit bientôt Lynks qui joue à la place de Bagarre. Alors conseil à ses futur.e.s programmateur.ice.s : mettez Lynks sur une grande scène, c’est là que peut vraiment se déployer son talent, qui continue de grandir à vitesse grand L !

Le MaMA 2022 selon Mickaël

Ultraflex

Nous les avions recommandé chaudement dans nos sélections, nous ne pouvions donc pas passer à côté de la première date en France d’Ultraflex.

A peine le show commencé que nous assistons à un live comme nous l’avions imaginé :  loufoque, sensuel, drôle, décontenançant et novateur à certains point de vue. Car ce côté simili amateur et cliché, c’est la force d’Ultraflex : leur capacité de jouer des rôles de personnages kitschs aux chorégraphies douteuses, univers déjà visible sur chacun de leurs clips.

A mi-parcours et entre deux chorégraphies, elles rejoignent le public dans la fosse et dansent sur le morceau » Mi vuoi » qui sent bon le meilleur de l’eurodance des années 90/2000.

Elles concluent leur concert avec le titre qui nous les a fait les connaitre : « Full Of Lust », meilleur moyen de se dire un au revoir « plein de luxure ».

Nous ne savons pas si elles sont trop dans le futures pour être comprises en France ou si nous sommes mauvais.es en second degré quand deux artistes sont sur scène, mais une chose est sure, c’est que la grande majorité des personnes présentes ont été emportées par l’univers pailleté, rosé et VHS d’Ultraflex!

Ada Oda

Présenter Ada Oda en une phrase avant le concert a pu en interpeller plus d’un.e : « c’est un groupe Belge qui propose un mélange entre post punk en italien ». Comme un kamoulox un peu timide, c’est surtout les mots énergiques et foutraques que nous aurions pu ajouter pour clarifier ce projet en live. Avec seulement deux titres sur les plateformes à écouter, cela a créé encore plus de curiosité chez Listen Up. Nous avons alors voulu en voir/écouter davantage .Et une chose est sure, c’est que nous n’avons pas été déçus !

La température du Backstage By The Mill est très rapidement montée à celle à Naples l’été tant les cinq comparses ont su procurer une douche chaude au public complètement conquis. Entre les solos de basses et guitares et les bonds sur scène de la chanteuse, tout y était pour passer un bon moment aux accents punk.

Excepté les 2 cordes de guitare cassées en 20 minutes, cela aura été un réel sans faute et nous vous recommandons de surveiller de très près ce projet. Leur premier album « Un Amore Debole » sort le 25 novembre chez [PIAS] Belgium et nous avons hâte de l’écouter en boucle !

Le MaMA 2022 selon Kova

Pour sa nouvelle édition (sa 12ème), le MaMA nous a offert une nouvelle salle pour découvrir les talents de demain : Le NO-PI  situé à place de Clichy. Depuis 2019 cette salle accueille des artistes plutôt rock à enflammer sa scène, ce qui a été le cas pour les groupes que j’y ai vus.

Le premier  Mouvman Alé, groupe réunionnais aux titres qui vous font valser sur leur rock qui n’est pas sans rappeler un Louise Attaque plus groovy, un chanteur au charisme chamanique et en live une grande part de liberté.

L. TEEZ © Kova

Suivi le lendemain de l’artiste Montrealais (<3) L.Teez accompagnée de son groupe et de la chanteuse Lea Keeley (qu’on peut entendre sur le titre du single I need you issue de son dernier album Studio Blue). Cet artiste nous livre son histoire au flow hip-hop emprunt des nombreuses influences qui inspirent sa musique à l’image de la pochette de « Studio blue ». Pour tout vous avouer, il m’a totalement attrapé alors que je suis tombée sur lui de manière imprévue pour cause de retard dans le Line-up. Le hasard fait parfois bien les choses !

Eldorado © Kova

Les retards semblaient être une coutume pour la salle. Le vendredi et dernier jour c’est le projet Eldorado incarné par la percutante Doriane qui a connu quelques aléas techniques mais une fois cela réglé nous avons pu savourer une musique  pop-rock à l’esthetique 80’s rythmée et pour cause c’est la batterie qui est au centre de toutes les attentions – Drums lead yeah – mention spéciale pour le premier single 3 in the morning pour ceux qui me connaissent bien vous savez que ça me parle.
Doriane portée par ces deux musicien est également venue chanter face a nous sans sa battante protection, exercice encore un peu timide mais 2022 n’est que le début de son aventure !

Le MaMA 2022 selon Julien

Astéréotypie

Peut avant 21h à la Cigale, Astéréotypie fait son entrée en scène. Le groupe, fondé en 2010 après des ateliers d’écriture au sein de l’Institut médico-éducatif de Bourg-la-Reine, présente la singularité de mettre sur le devant de la scène de jeunes autistes, accompagnés de musiciens issus de la scène rock.

Si l’art brut a son Douanier Rousseau, la musique brute a aujourd’hui ses fiers ambassadeurs à travers eux. Mais Astéréotypie peut-il être réduit à cela? Car comme le dit Christophe, éducateur spécialisé et guitariste du groupe « l’initiative n’était pas super bien accueillie dans le monde du handicap jusqu’à ce que ça ait une reconnaissance dans le monde ordinaire, ce qui a finalement suscité un retour de l’interêt du milieu du handicap. »

Ce qui fonctionne dans la musique d’Astérotypie, c’est l’alchimie entre une musique post-punk à la limite du noise et ultra-péchue, et des textes surréalistes et hors des clous. Leurs titres sont autant de singuliers billets très identifiables tant la thématique et l’angle choisi sont originaux.

On y retrouve ainsi l’histoire d’amour entre Stanislas et un billet de 20 euros (qui a une très bonne copine 50e et dont le grand père 100e est très gentil), le coup de gueule salvateur de Stanislas toujours, qui répète à tue- tête « c’est ça qui me met en colère, c’est ça qui me met en colère (Ad lib)… » , s’insurge contre toutes les petites brimades de la vie de tous les jours qu’il a pu subir, la galerie de stars de la Drôme de Claire Ottaway « j’ai partagé ma chambre avec ma copine Léa qui ressemble à Scarlett Johansson en rousse » mais qui regrette qu’ « Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme… la vie réelle est agaçante! » ou encore l’extatique et loufoque « Du vélo à Saint Malo, du Kayak à Saint Briac » chanté par Aurélien Lobjoit.
Les 4 interprètes alternent tour à tour au micro et tous dans leurs styles propres enflamment le public avec leurs textes et leur présence. Un des meilleurs live vu cette année au MaMA !

Romane Santarelli

Quand vous arriviez aux abords de la Machine du Moulin Rouge peut avant le début du live de Romane Santarelli, la tension dans l’air était palpable. Une queue désordonnée, des gens qui poussent des coudes pour rentrer, l’impression que personne n’était ici à la Machine par hasard à cet instant.
Et pour cause, après 3 EP très réussis et son superbe album Cosmo Safari, la luxuriante musique de Romane Santarelli a réchauffé la musique électronique française à coup de sirocco. Ses productions créatives, cérébrales, aux sons de synthétiseurs multiples et maîtrisés sont aussi bien calibrées pour une écoute domestique que pour la transe symbiotique des foules, et ça Romane Santarelli nous l’a bien prouvé ce vendredi au MaMA.

Se présentant comme légèrement impressionné de jouer devant autant de personnes dans cette salle, son Body Language a pourtant dit tout le contraire. Ses mains ne tremblaient pas lorsqu’il s’agissait de poser ses doigts sur les touches du synthé, et c’est en souplesse et en décontraction qu’elle nous a fait voyager dans son Safari Cosmique. Sa silhouette seule se détachait sous le jeu des lumières comme pour mettre à l’honneur le chant des machines à travers un set dansant et chirurgical ou l’enchainement des tracks coulait de source. 40 petites minutes, c’est frustrant. On aurait bien pris un peu de rab mais nous ressortons néanmoins reboostés par ce live électrisant, avec la certitude d’aller la revoir jouer le plus vite possible.

Les Vulves Assassines

A 23h30 au Backstage il était l’heure de se remuer frénétiquement au son des Vulves Assassines qui ont fait de la salle une bouilloire. Les deux membres du groupes DJ Conant et Mc Vieillard, fortes de l’héritage légué par des parents communistes, savent mêler engagement politique et fun.

Elles abordent des thèmes aussi sérieux que la retraite à 60 ans, la testostérone mal placée ou Le Capital de Marx avec cette touche d’humour bien à elles dans les paroles, qui créée une distance avec le drame et nous invite à joyeusement taper du pied pour se révolter avec panache et ironie plutôt qu’à se morfondre sur notre sort.

Sur scène, épaulé des solos de Sammy à la guitare, leur électro-punk-rap survolté est plus que communicatif. Elles profitent d’un public prêt à faire exploser la soupape de la cocotte-minute pour lui balancer des ballons géants à l’effigie de Trump, Manuel Valls et Marine Le Pen, joyeusement smashés par la foule. Avec déjà 3 singles sorties en 2022, l’album est sorti le 21 octobre dernier, et on sera ravi d’aller les revoir le défendre sur scène!

Le MaMA 2022 par Grégoire

L’année dernière on avait eu Lucie Antunes aux percussions, cette année le MaMA a remis le couvert avec Makoto San. Si ça ne nous a pas fait oublier la claque de Lucie à la Cigale ça l’a bien réveillée…

Changement de cadre avec la grande scène de la machine du moulin rouge pour accueillir les quatre samouraïs qui forment Makoto San. Avec leurs masques un peu typé Daft Punk à l’époque d’« around the world » (ils ont d’ailleurs fait une reprise de Verdis Quo), le groupe propose une scénographie qui vous plonge dans la mythologie japonaise, ses rites et sa part de mystiques… Cette scéno est sobre, bien pensée et donne clairement envie de se laisser entraîner dans un univers qui s’annonce transcendantal et spectaculaire…

On est d’autant plus prêt à voyager qu’on vient de décoller avec Romane Santarelli qui a réveillé un moulin qui jusqu’ici ne battait pas bien vite.

Avec un public surchauffé par les tubes électro de Cosmo Safari, Makoto San a su surfer sur la vague de Romane en envoyant tout de suite de la grosse percu… L’énergie est belle à voir et la coordination des quatre samouraïs au milieu de ce décor façon Kanso se transforme en une chorégraphie envoutante voir même hypnotique…

Pendant près d’une heure Makoto San nous a fait voyager dans son univers… Avec leurs instruments d’une autre époque et d’un autre monde Makoto San allie sons tribaux et musique électronique pour un effet intemporel… Et schizophrène… D’un côté la dimension instrumentale et cérémoniale qui impose une écoute solennelle et de l’autre les masques et la musique électronique qui invitent à lâcher prise.

Parce qu’ils ont beaucoup d’énergie, parce qu’il y a une vraie réflexion au niveau visuel et auditif et parce qu’il y a sans doute un gros travail de préparation pour orchestrer le tout, Makoto San à la Machine du Moulin Rouge, c’était top !

On a kiffé tous les morceaux, on est montés en température et on aurait pu se laisser aller encore longtemps aux rythmes de leurs percussions. Et il y a fort à parier qu’on n’est pas les seuls à en être ressortis un peu différents.